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Naufrage du Sir Gaëtan: l’épouse du capitaine Bheenick s’accroche à cette bouée appelée espoir

13 septembre 2020, 19:06

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Naufrage du Sir Gaëtan: l’épouse du capitaine Bheenick s’accroche à cette bouée appelée espoir

Presque deux semaines après le naufrage du Sir Gaëtan au large de Poudre-d’Or, qui a causé la mort de trois personnes, le capitaine Moswadeck Bheenick est toujours porté disparu. À «l’express», son épouse Maryam a confié vendredi 11 septembre qu’elle garde toujours l’espoir de le retrouver vivant. Rencontre.

«Je m’accroche. Mo pa anvi li abandonn mwa dan sa bato-la. Mo santi mwa nwayé isi…» Ces paroles poignantes sont celles de Maryam Bheenick. Rencontrée à son domicile à l’avenue Beau-Plan à Calebasses, vendredi après-midi, l’épouse de Moswadeck Bheenick nous confie qu’il lui manque beaucoup. «Pou mwa, li byen tris. Dimounn ki péna so mari koné ki soufrans li pasé. Mo péna gou pou fer nanyé. Kouma dir mo lemond inn fini. Mo sézi anplas. Si j’arrive à boire un peu de café, c’est déjà beaucoup.» D’où sa demande au gouvernement de poursuivre les recherches.

Participe-t-elle toujours aux recherches justement ? Elle l’aurait fait si les autorités le lui permettaient. Leur passe-t-elle des coups de fil régulièrement ? «Auparavant, je le faisais. Zot avoy mwa promné. Mo pa enn dimoun pou lager ar banla, les li. Seki gran, sé laola», avoue Maryam Bheenick, 45 ans.

Elle lance aussi un appel aux volontaires. «Rod li enn tigit pou mwa dan bann lil tousa si sa tous zot léker. Je vous serai très reconnaissante», demande la mère de famille. Car elle estime que, parfois, les autorités ne cherchent pas nécessairement dans tous les endroits ‘plausibles’.

23 ans de vie commune

Les jours à venir s’annoncent encore plus difficiles car, le 26 septembre, le couple devait célébrer leurs 23 ans de vie commune. Comment se sont-ils rencontrés ? À cette question, la quadragénaire nous dira, avec un sourire, que «c’est une longue histoire». Ce sera, d’ailleurs, son seul sourire durant tout notre entretien.

Invitée une nouvelle fois à remonter le temps, Maryam Bheenick nous raconte que c’est, en effet, au Brésil que Moswadeck Bheenick a fait la connaissance de celle qui allait quitter sa terre d’origine pour venir vivre à ses côtés. Il travaillait sur un bateau et elle était employée dans un magasin. «Il voulait m’emmener à Maurice mais on devait lui dire que j’aurais besoin d’un visa. Il est reparti. Je me disais que c’était un étranger. Peut-être qu’il n’allait pas revenir. Mais quelques mois plus tard, il est revenu. Tout comme je suis à sa recherche, il a remué terre et ciel pour que nous soyons ensemble…»

Tout ensemble

Son époux, enchaîne la quadragénaire, est très attaché à elle. «Il m’appelle à longueur de journée pour prendre de mes nouvelles et me parler un peu. Tou zafer nou ti ansam. Il ne me laissait pas sortir pour faire les choses seule. Et si je devais absolument le faire, il m’appelait à plusieurs reprises pour demander si tout allait bien, si j’allais rentrer bientôt. Quelquefois, alors que je m’attelle aux tâches ménagères, il me dira qu’il sait qu’il me dérange mais qu’il voulait me parler.»

Elle ajoute que le capitaine Bheenick est quelqu’un de très dévoué à sa famille. «Lorsqu’il y a un malade dans la famille, il se lève tôt pour aller lui rendre une visite à l’hôpital. Il s’occupait de tout le monde. Quant à moi, il ne m’a jamais abandonnée. Mo pa le mem pansé ki pou arivé. Pou mwa, mo lé zis ki li retourné…»