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Ashok Subron: «Pravind Jugnauth tente en vain de diviser notre mouvement avec des cartes communales»
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Ashok Subron: «Pravind Jugnauth tente en vain de diviser notre mouvement avec des cartes communales»
La dynamique de contestation actuelle n'est-elle pas vaine dans la mesure où vous ne pourrez pas éjecter Pravind Jugnauth du pouvoir, même si le slogan «Bour li déor» déferle ?
Après la marche du 11 juillet, Pravind Jugnauth avait dit : «Les zot mars-marse.» Bien malgré lui, cela a débouché sur la mise en mouvement du 6 août avec la mobilisation populaire contre la marée noire, qui a elle débouché sur le 29 août. Après la grande marche de Port-Louis, certains avaient pensé que c’était un mouvement éphémère. Or, il s’est amplifié le 12 septembre.
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de faire le jeu du MMM, du PTr et du PMSD ?
Ce n’est pas vrai. Nous n’avons rien à voir avec ces partis traditionnels. Ces partis sont nés et ont dévié dans certaines circonstances historiques. Nous agissons selon les préoccupations de la masse populaire mais surtout selon le projet de société que nous défendons. Cela dit, le régime de Pravind Jugnauth est particulier et il faut bien le situer. J’avais dit le jour même des résultats que ce gouvernement est devenu impopulaire au moment où il a remporté les élections. Pravind Jugnauth a gagné les élections d’un point de vue constitutionnel mais il n’a pas de légitimité populaire. Et j’avais dit dès le jour de la proclamation des résultats, qu’à la première secousse, ce régime allait faire face à de graves problèmes.
Quel problème ? Pravind Jugnauth est toujours Premier ministre. Son gouvernement est toujours en place. Venez avec 100 000 manifestants toutes les semaines, il s’en fout ! Il sera là pendant quatre ans.
Un «grand soir» ou au réveil, le lendemain, tout change, cela n’existe pas. L’histoire de l’humanité nous le démontre bien. Il y a un processus. À nous maintenant d’en développer une, soyons cohérents dans la formulation d’une proposition politique pour une société alternative. Nous ne sommes qu’à l’étape de la mise en mouvement.
Au profit de qui dans quatre ans ?
Ce sera peut-être avant quatre ans. Mais c’est la grande question : au profit de qui ? Ce sera certainement au profit de ce peuple qui est en train de se soulever et de tous ceux qui ne sont pas satisfaits de ce gouvernement. Pravind Jugnauth se retrouve dans cette situation d’impopularité aujourd’hui certainement à cause du Wakashio. Mais là encore, c’est un processus. Il a amplifié son impopularité avec son inaction initiale face au Covid-19, puis l’ordre de détruire les maisons des squatteurs, ensuite les magouilles alléguées autour de l’achat de médicaments et de masques, et aussi sa Covid Act.
L’histoire de Maurice a été marquée par des leaders charismatiques qui, par la suite, déçoivent. Quand le phénomène Bruneau Laurette cristallise tant ce Nouvo Moris que vous proposez, n’est-ce pas dangereux que tout cet espoir soit incarné par une seule personne ?
Cela fait un moment que Rezistans a croisé le chemin de Bruneau. Moi du moins, je l’ai vu, croisé, et on s’est parlé quand on est venu en aide aux squatteurs de Curepipe. C’est là qu’est né Bruneau Laurette, pas avec le Wakashio. Il a été ensuite partie prenante de l’assemblée solidaire du 13 juin qui a décidé de la marche du 11 juillet. À partir de là, notre collaboration s’amplifie. Il appelle à la manifestation du 29 août, nous le soutenons et nous organisons cette manif avec lui, et il nous soutient pour le 12 septembre. Et ces décisions ne sont pas prises dans un bureau. Ces réunions sont publiques. C’est vrai que nous avons une différence de méthode. Rezistans ek Alternativ, c’est la collectivité.
Vous croyez en sa sincérité ?
Il doit passer l’épreuve du temps. Mais aujourd’hui, je n’ai aucun reproche fondamental à lui faire. Il a ses défauts, nous avons les nôtres. Maintenant il faut que l’on converse au sujet de notre projet de société. Le peuple veut aujourd’hui connaître notre proposition politique.
Il veut aussi savoir qui sera Premier ministre. Ça a toujours été central à toute analyse politique.
En 1982, le Primeministership n’était pas au centre. C’est le mouvement qui l’était. Aujourd’hui, le peuple est dans cette même disposition.
Un système qui comporte toujours la classification ethnique contre lequel Rezistans se bat farouchement. Or, autour de Bruneau Laurette, on retrouve des personnes attachées à la question du «Best Loser System» ou qui formulent des revendications pour la communauté «créole». Dans un éditorial, Nad Sivaramen a justement mis en garde contre l’émergence d’un Grégoire nouveau…
Je n’ai rien vu ni entendu en ce sens autour de Bruneau Laurette. Notre combat commun est axé sur le mauricianisme. C’est vrai que certains parlent à nouveau sur Facebook de recensement ethnique. Il y a aussi une «nouvelle droite», qui essaie d’émerger. C’est normal. Ils essaieront d’entrer dans le débat avec leur idéologie. Mais nous restons concentrés sur le mauricianisme. Nous sommes à un moment de l’histoire où l’on peut transcender ces séquelles du passé.
Sommes-nous vraiment en train de les transcender ? Vous avez vu les messages de Dhiren Moher et de ses ‘amis’ sur un groupe WhatsApp ?
C’est la réaction typique et dangereuse du régime MSM. L’exploitation de la phrase katori de Navin Ramgoolam en 2019 montre de quoi ils sont capables. Ajoutez-y les manigances rétrogrades de Pravind Jugnauth pour réintroduire l’obligation de la déclaration d’appartenance ethnique pour participer aux élections de 2019. Pravind Jugnauth porte toujours les germes des éléments communaux des années ’60 et il affiche des ressemblances avec le BJP.
C’est justement le sens de ma question. Laurette c’est du pain béni pour Pravind Jugnauth et sa carte préférée, la carte communale.
Il essaie de «sectariser» le mouvement, oui. Au fil des mobilisations, il y a eu plusieurs tentatives du régime de donner une couleur sectaire au mouvement qui se développe. Mais ça n’a pas marché. Diviser le mouvement, c’est l’agenda du régime. Les messages WhatsApp que vous citez font partie de cette vaine stratégie. En toute humilité, je pense que Rezistans ek Alternativ, avec la réputation qu’elle s’est forgée contre le communalisme, donne une crédibilité particulière au mouvement face aux attaques comme celles que nous avons vues.
Rezistans ek Altrnativ et le Kolektif Konversasyon Solider sont partants pour la manifestation du 7 novembre dans la circonscription no 8 ?
Nous pensons qu’entre aujourd’hui et la prochaine manifestation, il y a une conversation qui est nécessaire. Il y a des revendications portées par le 11 juillet. D’autres qui viennent de Mahébourg. Avant une prochaine manifestation, il faut absolument que l’on discute et débatte des contours d’une nouvelle société. Nous allons faire tous les efforts en ce sens. De toute façon, la question du 7 novembre ne se pose pas encore puisque la date n’est pas finale.
Trois questions rapides aux réponses courtes pour clore tout cela. Entre Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam, qui est pire ?
Chaque gouvernement qui est arrivé au pouvoir a toujours été pire que son prédécesseur.
Pravind Jugnauth a-t-il déjà perdu les prochaines élections ?
Oui. Oui. Du moins si ce n’est pas un nouveau «three-cornered fight».
L’Alliance PTr-MMM-PMSD a-t-elle déjà remporté les prochaines élections ?
Non. On ne connaît pas encore la configuration qui va émerger avec le mouvement Nouvo Moris. Ce mouvement va influer sur les résultats des élections. Mais j’ai une certitude : les Mauriciens ne seront pas d’accord si la déclaration d’appartenance ethnique est obligatoire pour être candidat aux prochaines élections. Et ça, Pravind Jugnauth a bien intérêt à le noter.
Les carottes sont-elles cuites pour les quatre partis traditionnels (MSM, MMM, PTr, PMSD) ?
Ils se sont affaiblis. Vous avez vu le petit jeu des trois qui sont en alliance. Ils n’ont pas apporté leur soutien total à la manifestation du 12 septembre. Ils comprennent qu’il ne s’agit plus d’une contestation du régime, mais de tout un système. Et tous ceux qui vont s’accrocher au système actuel vont droit dans un mur.
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