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Affaire Saint-Louis: trois employés de PadCO et deux ingénieurs du CEB entendus par l’ICAC
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Affaire Saint-Louis: trois employés de PadCO et deux ingénieurs du CEB entendus par l’ICAC
Après l’arrestation d’Alain Hao Thyn Voon, l’Executive Director de PadCo par les enquêteurs de la Commision anti-corruption (ICAC) hier, mardi 29 septembre, trois employés de la compagnie de construction ont été entendus aujourd’hui par les officiers de l’instance. Dans un des cas, les enquêteurs ont dû faire le déplacement chez lui en raison d’un souci de santé qui semble-t-il, a causé une perte de «mémoire à court terme» chez cet employé.
Deux ingénieurs du Central Electricity Board, Rakesh Kumar Dhununjoy, Senior Engineer et Manoj Kumar Jahajeeah, Principal Engineer, ont été également convoqués au bureau de l’ICAC au cours de la journée. Les deux étaient impliqués dans l'exercice d'appel d'offres du projet de redéveloppement de la centrale Saint Louis depuis le départ, soit 2012. L'ICAC cherche à savoir comment PadCo s'est retrouvé en possession des détails techniques de cet exercice avant même que celui-ci ne débute.
Par ailleurs Alain Hao Thyn Voon est également de retour à l'ICAC aujourd'hui afin d'être confronté aux versions des personnes citées plus haut. Son arrestation est survenu après que les enquêteurs aient soupçonné que la somme de Rs 49 millions disponibles sur son compte en banque provient d’une activité criminelle. PadCo a travaillé avec la firme danoise Burmeister and Wain Scandinavian Contractor chargé des travaux à Saint-Louis dont certains de ses employés ont accordé des pots-de-vin à des Mauriciens, selon une enquête recommandée par BWSC, elle-même.
Le «money trail» des Rs 49 millions
Selon la commission anti-corruption (ICAC), Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun, connu comme Alain Hao Thyn Voon, Executive Director de PadCo, sous-contractant de la firme danoise Burmeister and Wain Scandinavian Contractor (BWSC) responsable du redéveloppement de la centrale électrique de Saint-Louis pour le Central Electricity Board (CEB), possède un montant de Rs 49 millions à la banque ABSA (ex-Barclays Bank). Cette somme émanerait d’un délit, voire d’un acte de corruption ou d’un pot-de-vin commis entre septembre 2016 et octobre 2018, selon les enquêteurs. Alain Hao Thyn Voon a donc été inculpé en vertu des articles 3(1) (b), 6 et 8 de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act 2002 (FIAMLA). Selon des informations obtenues, c’est après un long «money trail», qui a compris un exercice technique et de comptabilité, que les enquêteurs ont décidé d’arrêter Alain Hao Thyn Voon.
Lors de sa comparution hier, l’enquêteur principal de l’ICAC a objecté à la remise en liberté d’Alain Hao Thyn Voon, soutenant qu’il peut manipuler les preuves ou influencer des témoins. L’homme d’affaires, qui a retenu les services de Me Shailesh Seebaruth de Glover Chambers, devra revenir en cour le jeudi 1er octobre. Son avocat, qui s’est confié à la presse après sa comparution, soutient que son client a coopéré avec les enquêteurs. «Pour l’instant, on n’a pas encore décidé si on viendra avec une motion de remise en liberté», poursuit l’avocat. Le prévenu devrait retourner à l’ICAC aujourd’hui.
Lors de sa convocation au siège de l’ICAC hier, le directeur de PadCo, 52 ans, a d’abord été confronté à des documents bancaires. Quand les enquêteurs lui ont reproché d’avoir reçu des pots-de-vin, il a nié les allégations. Il a soutenu que cette somme représente son «dû» et que BWSC l’a rémunéré pour des services professionnels entre 2016 et 2018. Il a aussi nié que ce montant représenterait une surfacturation (over-invoicing). Il aurait remis des documents pour justifier la présence de ce montant sur son compte mais l’ICAC n’a pas encore passé ces nouveaux éléments au peigne fin.
Dans le sillage de cette affaire, les enquêteurs ont déjà arrêté et inculpé, le 6 septembre, Bertrand Lagesse, consultant de BWSC, sous les mêmes articles 3(1)(b) 6 et 8 de la FIAMLA 2002. Par ailleurs, l’ancien directeur par intérim du CEB, Shamshir Mukoon, qui avait vu sa maison perquisitionnée le 26 juin et la saisie de dossiers relatifs au projet du CEB, a été longuement interrogé le 9 septembre à l’ICAC.
Par ailleurs, Christelle Sohun, ancienne membre de l’Independent Review Panel (IRP), s’est également retrouvée dans les locaux de la commission anti-corruption lundi dernier. Proche d’Ivan Collendavelloo, elle siégeait sur le board de l’IRP, quand cette instance a rejeté les contestations des soumissionnaires malheureux. Par la suite, elle avait été nommée haut-commissaire de Maurice en Australie. Rentrée après les dernières élections pour être mutée en Allemagne, il se dit que sa nomination pourrait ne pas aboutir en raison de l’enquête.
Toute cette affaire a éclaté après que BWSC a informé la Banque africaine de développement (BAD) que certains de ses employés avaient remis des pots-de-vin à des Mauriciens pour l’obtention du contrat pour la centrale de Saint-Louis. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en possession d’un bref rapport de la BAD, avait révoqué son adjoint et ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo. À ce stade, il est difficile de dire quand l’ancien no 2 du gouvernement sera convoqué à l’ICAC. Le chef du gouvernement avait aussi déclaré que le nom du leader du MMM figurait dans ce document sans donner plus de détails. Malgré l’insistance de Paul Bérenger, soutenu par toute l’opposition, pour que ce document soit rendu public, Pravind Jugnauth ne l’a pas fait.
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