Jean Adrien Laventure et Ashwin Seedhan Furcy avaient respectivement 18 et 16 ans et respiraient la joie de vivre. Mais le destin a décidé de les enlever à leurs proches.

Jean Adrien Laventure, 18 ans, et Ashwin Seedhan Furcy, 16 ans, deux habitants de Grande Pointe-aux-Piments, ont péri dans un accident de la route dimanche matin. La moto que pilotait Adrien Laventure a terminé sa course contre un abribus dans la région. Son ami Ashwin Seedhan Furcy était en sa compagnie. La perte de ces deux jeunes laisse un vide immense chez leurs proches venus leur rendre un dernier hommage lors de leurs funérailles lundi. Ceux qui les connaissaient les décrivent comme serviables. «Rane enn servis zamais zot ti kone refusé. Zot ti pé aide tou dimoune dans l’endroit», disent les membres de leurs familles. «Gaz kot voisin fini, li dir ‘Oui mo pou ale cherche li’. La li prend bicylette li aller. Mo dir ‘Adrien zamais to kav dir non pou ene zafer toi’. Li dire moi ‘Grand-mère bondié pu rane moi sa après’. Mo dire li ‘bé bien bon si to pense kum sa dans la vie to aider’», relate Nicole Laventure, 64 ans, la grandmère d’Adrien, qui ne peut retenir ses larmes. «Ene dimoune tombé lors simé, li pou ale aidé. Li pas pou laisse ou lors simé kum sa li. Sa kalité zenfant la li ti éte», raconte également les proches d’Ashwin Seedhan Furcy. Pour eux, ce sont «deux trésors très populaires dans le village», qui ont ainsi perdu la vie.

Amoureux du séga typique

Adrien Laventure faisait partie d’un groupe de séga typique appelé Sega nu encet en compagnie de son frère Corans et des habitants de la localité. Ils jouaient à la ravanne pendant les fêtes d’anniversaire ou les mariages. Corans s’est réveillé avec le cœur gros le mercredi 30 septembre alors que c’était son anniversaire. Il a eu 20 ans. «Mo lever mo larmes couler. Tous l’année nu ensam pu mo l’anniversaire», raconte Corans Laventure. Ce dernier ajoute que son frère voulait lui organiser une fête pour marquer le coup. «Il était très content. D’ailleurs, il venait de célébrer ses 18 ans le 30 août. Mon père lui avait fait une fête surprise», confie Corans Laventure. Le jeune homme raconte que la veille de l’accident, ils étaient tous ensemble dans une fête se tenant dans un restaurant de la région. «Nous y étions jusqu’aux petites heures du matin. Ensuite, lorsque nous avons quitté la fête, nous avons bavardé longuement dans la rue. Adrien parlait de mon anniversaire. Mais à un moment, il a dit qu’il allait rentrer à la maison pour aller voir son bébé. Je lui ai dit d’attendre que nous allions tous rentrer ensemble. Il a promis de passer chez lui en coup de vent et de venir nous rejoindre ensuite. A peine était-il parti que l’accident s’est produit. Un garçon est venu me prévenir que mon frère avait eu un accident. Je me suis rendu sur place immédiatement. J’ai vu mon frère, qui gisait sur l’asphalte. Il m’a regardé. C’est comme s’il voulait me dire quelque chose mais il ne pouvait pas parler. Il a ensuite fermé les yeux», soupire Corans Laventure.

L’épouse d’Adrien, qui a également 18 ans, raconte que malgré qu’il soit devenu père à un jeune âge, lui et elle étaient mineurs lorsqu’elle est tombée enceinte, Adrien n’a jamais fui face à ses responsabilités. «Il s’est bien occupé de nous. Il nous faut trouver du courage pour accepter cette perte décidée par Dieu», dit-elle.

Mauvais pressentiment

Adrien Laventure avait déjà été victime d’un accident de la route à l’âge de six ans. Il avait été percuté par une fourgonnette dans la localité. Gravement blessé, il a néanmoins pu s’en sortir. Mais tel n’a pas été le cas cette fois.

De son côté, Sanajanh Furcy, 19 ans, sœur d’Ashwin Seedhan, raconte que son frère souhaitait faire carrière dans la mécanique. «Il aimait bricoler. Il s’intéressait beaucoup à ce domaine. Samedi, après être sorti de l’église, il s’est rendu chez une tante dans la région. Il lui a dit qu’il avait mal à la tête et qu’il allait rentrer. Ensuite, il a pris une photo avec notre neveu de quatre mois. Il nous a dit de bien conserver cette photo car elle serait la dernière de lui et de son neveu. C’est comme si qu’il avait un pressentiment. Il est parti pour ne plus revenir», relate Sanjanah Furcy.

C’est au son de la ravanne et d’un défilé de motards que les dépouilles de ces deux jeunes habitants de Pointe-aux-Piments ont été conduites lundi en leur dernière demeure au cimetière de Bois Marchand. Il y a également eu un dépôt de gerbes sur le lieu de l’accident.