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Mauriciens toujours bloqués: «Laissez-nous rentrer chez nous !»
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Mauriciens toujours bloqués: «Laissez-nous rentrer chez nous !»
C’est en pleurs que Kismawtee Gokool raconte son adaptation en Angleterre. Pourtant, tout avait bien débuté. En janvier, cette habitante de Camp-de-Masque-Pavé prend l’avion pour aller rendre visite à sa fille, pensant que six mois après elle sera de retour à Maurice. Mais rien ne s’est déroulé comme prévu. Plus de huit mois après, elle se retrouve toujours coincée en Grande-Bretagne. «Mes amis et mes petites sorties avec les groupes du troisième âge me manquent. J’aurais déjà dû aller camper avec eux», regrette Kismawtee Gokool, 69 ans, cloîtrée chez sa fille.
Cette dernière déconseille à sa mère de mettre le nez dehors. «Ma mère est asthmatique. Et avec le Covid-19 qui continue à circuler chez nous, je ne veux prendre aucun risque. Comme je travaille dans le domaine hospitalier, je dois faire encore plus attention pour ne pas ramener le virus chez moi», relate-t-elle.
Cette situation, d’autres familles mauriciennes la vivent aussi avec beaucoup de difficultés. À l’instar des parents de Pamela. Invités à aller fêter l’anniversaire de leur petitfils au pays de la reine Élisabeth II, en avril dernier, ils y sont arrivés à la veille de l’annonce de la fermeture des frontières mauriciennes. «Dans un premier temps, on ne s’est pas trop cassé la tête car on pensait que d’ici leur départ initialement prévu en juillet, tout allait être réglé», soutient Pamela.
Mais avec la prolongation de la fermeture des frontières, ses parents ont dû s’enregistrer auprès de l’ambassade britannique. «British Airways a annulé leurs billets d’avion. Puis tout s’est enchaîné. Les billets ont été repoussés à maintes reprises. On commençait à s’énerver car à l’ambassade on devait appeler au moins une quarantaine de fois par jour, sans aucune réponse en retour», se souvient notre interlocutrice.
Pamela affirme avoir également pris contact avec les autorités mauriciennes qui lui ont fait comprendre qu’elles travaillent sur une solution pour ceux qui ne peuvent payer la quarantaine. «Le seul côté positif est que mes parents logent chez moi.»
Shantee Koonjul ne sait plus à quel saint se vouer. Surtout que ses médicaments commencent à lui faire défaut. «J’en ai pris pour six mois uniquement», dit-elle. En Angleterre depuis octobre 2019 pour rendre visite à sa fille, Shantee Koonjul devait rentrer à Maurice le 22 avril. «J’arrive difficilement à dormir tellement la famille et mes amis à Maurice me manquent», pleure-t-elle. Étant une personne qui a des problèmes de santé, elle ne sait pas comment elle va arriver à tenir encore le coup. «Les médecins ici ne me prescrivent pas de médicaments. Sans compter que les médicaments ne sont pas comme ceux qui nous sont prescrits à Maurice.» Elle raconte qu’elle passe ses journées à s’occuper et jouer avec ses petits-enfants. «Je ne sors pas parce qu’il fait très froid ici. Une des raisons de plus pourquoi j’ai hâte de rentrer chez moi», confie Shantee Koonjul.
D’autres Mauriciens se plaignent également du manque de médicaments loin de chez eux. «Habitué à prendre deux comprimés pour sa tension, mon père n’en prend qu’un par jour. C’est un véritable dérèglement et personne ne semble s’en soucier», avance un autre compatriote. Ce dernier de même que plusieurs autres se sont joints au groupe «Together We Can, Together We Will». Ainsi, ils peuvent se soutenir moralement et psychologiquement.
Pour Shahin Kadir, ses dernières vacances auront un goût particulier. «En plus d’être bloquée en Angleterre, je me retrouve aussi au chômage.» Travaillant pour une agence de voyages, elle a fait valoir son droit à ses congés pour aller se reposer sans savoir qu’elle se retrouverait coincée. «On nous demande de prendre un prêt pour retourner et payer la quarantaine. Je n’ai plus de travail. Comment vais-je rembourser ce prêt?» Elle confie avoir frappé à plusieurs portes mais sans aucune réponse. «La question que je me pose est pourquoi British Airways n’a pas le droit de desservir le pays ? Pourquoi l’on doit débourser plus d’argent et transiter par Dubaï pour rentrer ?»
Poursuivant que parmi les réponses obtenues à ce sujet, on lui a dit qu’il fallait prendre un des nombreux vols de rapatriement. Sa réplique : «Mais les places étaient réservées pour ceux qui travaillent sur les bateaux de croisières et les billets pendant la fermeture des frontières étaient vraiment trop chers.»
En tout cas, ces Mauriciens espèrent que les autorités feront preuve d’indulgence pour qu’ils puissent enfin rentrer et retrouver leur cocon familial.
Pension: une attestation de vie à plus de Rs 8 500 ?
<p>Encore un coup de massue pour ceux bloqués à l’étranger et qui bénéficient d’une pension de l’État. Face à la presse, jeudi, la ministre de la Sécurité sociale, Fazila Jeewa-Daureeawoo a déclaré que les pensions resteront valides jusqu’au 31 janvier 2021 pour les bénéficiaires se trouvant à l’étranger. Toutefois, pour y avoir droit, ils devront soit se présenter en personne à l’ambassade pour prouver qu’ils sont en vie ou faire parvenir au ministère une attestation de vie délivrée par un avocat ou un médecin notamment. Le fils d’un des bénéficiaires bloqués s’est renseigné auprès d’un avocat. Il est tombé des nues en apprenant que pour obtenir cette preuve, il devra débourser entre 150 à 175 livres, soit plus de Rs 8 500. <em>«Mais où vont-ils trouver cette somme alors que déjà ils ne savent pas comment payer la quarantaine ?».</em></p>
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