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La méthadone pure disponible au marché noir
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La méthadone pure disponible au marché noir
Quatre fioles contenant de la méthadone pure retrouvées chez un habitant de Brisée-Verdière. Un fait exceptionnel ? Pas vraiment. Selon les connaisseurs, la méthadone pure en fiole se vend au marché noir.
Depuis lundi dernier, un habitant de Brisée-Verdière est détenu en cellule policière après que des éléments de la Central Investigation Division ont découvert à son domicile 26 plants de cannabis et quatre fioles contenant de la méthadone pure. Si ce suspect de 27 ans a déclaré aux enquêteurs que les plants de cannabis lui appartenaient, il n’a pu expliquer la provenance des fioles de méthadone pure.
Ce qui relance le débat sur ce médicament de sevrage de la drogue, qui est devenu, depuis quelques années, une drogue revendue au marché noir.
En effet, ce médicament que l’on ne trouve pas dans les pharmacies et qui est interdit à la vente, est distribué par des fonctionnaires du ministère de la Santé dans la cour des différents postes de police de l’île entre six et huit heures. Un exercice, qui se fait sous «un contrôle et une surveillance stricts», expliquent des sources policières.
Petits pains
Mais pourquoi et comment la méthadone se retrouve-t-elle sur le marché noir alors ? Pour en savoir plus, nous avons contacté un homme qui dit «faire partie» du trafic de méthadone depuis longtemps. «Li enn zafer pa nouvo sa miss. Mo em mo al pran méthadone tou le zour. Selma mo pa aval zafer la. Mo recras li, gagn enn ti kas tou le zour ar sa. Entre Rs 300 ek Rs 500 kapav gagne ar sa», explique-t-il.
Cependant, il ajoute que la ‘méthabave’ n’est pas la seule substance que l’on retrouve sur le marché. Ce n’est d’ailleurs que la partie émergée de l’iceberg. Il indique : «Ki zafer la ek la bav se enn has been sa.»
S’il hésite à parler au tout début, il finit par expliquer qu’en fait, la méthadone pure, toujours en fiole, est également disponible au marché noir, exactement comme on l’a retrouvée chez l’habitant de Brisée-Verdière. Et que cette méthadone pure se vend comme des petits pains.
Selon une autre source, c’est en effet le cas. Si quelques-uns recherchent la méthadone pour l’utiliser comme drogue, d’autres la recherchent pour l’automédication. C’est le cas de Jay (nom fictif). Cet employé d’une firme privée et père de famille cache bien son secret.
Toxicomane en costume-cravate
Cela fait des mois déjà qu’il fait de l’automédication avec la méthadone pure pour sortir de l’enfer de la drogue dans lequel il s’est retrouvé embourbé il y a un an. «Personne, à part ma femme, ne sait que je me traite à la méthadone. J’ai malheureusement commencé à prendre de l’héroïne pour plaisanter l’année dernière et les mois qui ont suivi, je suis devenu complètement accro. J’ai failli mettre ma famille dans de beaux draps financiers. Fort heureusement, pour m’en sortir, je peux compter sur un contact, qui me fournit de la méthadone pure en douce. Je n’ai pas à aller au poste de police tous les jours et tout le monde ignore que je suis un toxicomane en costard-cravate.» Ce dernier explique qu’il paie Rs 1 000 la fiole de méthadone.
Mais qui est ce contact ? Selon ses dires et ceux de notre premier interlocuteur, il s’agirait de fonctionnaires «ki ena sa dan lame» et qui amassent un petit pactole en soustrayant quelques bouteilles qu’ils mettent tranquillement dans leurs sacs.
Selon Kunal Naïk, directeur de plaidoyer à Prévention, Information et Lutte contre le Sida (PILS), «on a entendu cela mais je ne l’ai jamais vu de mes yeux.» Cependant, il sait que le trafic de méthadone est réel. Selon lui et Nicolas Ritter, le fondateur de PILS, il est important de comprendre les raisons derrière ce trafic. «Il y a plusieurs aspects de cette distribution qui doivent être revus, comme la façon, l’endroit et l’heure où la méthadone est distribuée.»
Selon Nicolas Ritter, le jugement dont font toujours l'objet les toxicomanes, qui vont prendre leur dose quotidienne de méthadone, en est aussi la cause. «Une personne qui prend de la méthadone est considérée et traitée comme une bête de foire alors qu’elle ne fait que se soigner.» Afin d’en savoir plus sur le trafic de méthadone et sur ce qu’envisagent les autorités pour y mettre un terme, nous avons tenté d’obtenir des réponses du ministère de la Santé, mais en vain.
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