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«Les Nettoyeurs de Lagon»: pour sauver les coraux menacés par une étoile de mer invasive
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«Les Nettoyeurs de Lagon»: pour sauver les coraux menacés par une étoile de mer invasive
Ils sont venus à Maurice histoire de prendre un congé sabbatique. Toutefois, voilà que François Bisiere et son épouse Victoria, d’origine française, se retrouvent embarqués dans une aventure honorable. Installés depuis plus d’un an à Trou-aux-Biches, ils découvrent le mauvais état des récifs coralliens du lagon, envahis par l’acanthaster pourpre, une espèce invasive. À travers leur page Facebook «Les Nettoyeurs de Lagon», mari et femme essaient depuis de sensibiliser la population à la présence de cette dévoreuse de coraux principalement dans le lagon de leur localité. Et en attendant l’intervention des autorités concernées, le couple a décidé de prendre les choses en main.
François Bisiere, 55 ans, décrit l’acanthaster pourpre comme une étoile de mer responsable du blanchissement de coraux (voir hors-texte). D’ailleurs, il est convaincu que si cette espèce n’est pas chassée de nos récifs coralliens, Maurice risque de connaître le même sort que l’Australie ou l’île de Moorea, à Haïti. La Grande Barrière australienne étant sous la menace de l’acanthaster pourpre, l’Australie a dû débloquer l’équivalent de 51 millions de dollars pour la protéger.
«L’île Maurice est plus chanceuse car nous pouvons toujours sauver les récifs coralliens contre l’acanthaster pourpre. Il faut juste l’intervention de justesse des autorités concernées. Entre-temps, à deux, ma femme et moi essayons de lutter contre l’invasion qui a déjà commencé. Il faut savoir qu’il y a toute une biodiversité, à l’instar des poissons, des algues et autres espèces marines, qui dépend des coraux. Sans ces coraux, nous pouvons dire adieu à plusieurs de ces espèces. Il est grand temps que quelqu’un tire la sonnette d’alarme. Nous avons créé la plateforme «Les Nettoyeurs de Lagon» pour inviter plus de gens à se joindre à nous. À deux, c’est quasi difficile sachant que nos ressources sont limitées», fait ressortir le quinquagénaire.
Aux dires de François Bisiere, les coraux dans le lagon blanchissent à un rythme effréné. Avec les activités nautiques, les dégâts augmentent à une vitesse grand V. À présent, avec l’invasion de l’acanthaster, les coraux courent un grave danger.
Le ressortissant français qui a travaillé en tant que directeur technique dans plusieurs entreprises a fait ses études en ingénierie en France. Toutefois, après des années, il a décidé de mettre fin à sa carrière en informatique pour ouvrir une société de maraichage biologiste, un geste pour se rapprocher de l’environnement. Son épouse, Victoria, travaillait dans le service à la personne. Cependant, après trois ans, le couple a décidé de prendre sa retraite avant de mettre le cap sur Maurice en 2019.
Techniques requises
Depuis, les deux consacrent leur temps à sauver l’environnement et la mer. «On se sent bien ici. Maurice nous plaît beaucoup. Hormis ses spécialités culinaires, la culture mauricienne nous convient tant. Les gens sont agréables. Certes, c’est un pays adoptif qui nous réjouit beaucoup. À présent, nous sommes préoccupés par l’élimination de l’acanthaster pourpre. Victoria, quant à elle, se porte aussi bénévole une fois par semaine à All Life Matters Sanctuary, au service des chiens», avance François Bisiere.
Selon notre interlocuteur, une personne doit être bien équipée avant de manier l’acanthaster pourpre qui est dotée de piquants dont le venin est toxique pour l’homme. Suivant de nombreuses techniques instruites pour combattre cette espèce invasive, le couple Bisiere a choisi des techniques simples, praticables et qui s’avèrent efficaces. Parmi elles, l’injection de vinaigre ou de jus de citron dans deux extrémités de l’acanthaster pourpre à l’aide d’une seringue. Ceci est censé causer la mort de l’étoile de mer dans les 24 heures qui suivent. Après l’injection, l’acanthaster pourpre est mise dans un sac et laissée au fond du lagon. Les espèces mortes sont ensuite enlevées le jour suivant, explique François Bisiere. Une autre méthode efficace consiste à enfermer les acanthasters dans un sac pendant 48 heures.
Hormis l’acanthaster pourpre, François Bisiere nettoie le lagon en y effectuant des plongées régulières. Selon lui, il a ramassé des bouteilles, des canettes de boisson et même des smartphones sans doute laissés par les habitués. Par ailleurs, François Bisiere invite ceux qui veulent se joindre à eux à le contacter via sa page de Facebook «Les Nettoyeurs de Lagon».
L’Acanthaster, étoile de mer ou dévoreuse de coraux
L’acanthaster pourpre est de couleurs vives et variables (du rouge au violet en passant par le gris, rose, bleu ou marron), unie ou chamarrée. Toute sa face supérieure est recouverte de piquants mobiles d’en moyenne 40-50 mm. Elle peut faire entre 18 et 50 cm de diamètre (jusqu’à 80 cm) et peser entre 200 g et 3 kg. Elle possède huit à 22 bras triangulaires (16 en moyenne chez les adultes et cinq chez les juvéniles). Elle peut en perdre sans grand danger (régénération à une vitesse de 2,5 mm/mois). Cette espèce est corallivore, elle dévagine son estomac et libère des enzymes digestives, avant d’absorber les tissus liquéfiés. Cette étoile de mer est dotée de piquants dont le venin (des saponines toxiques) provoque la nécrose des tissus et est toxique pour un grand nombre d’espèces, y compris l’homme. Les larves, planctoniques sont particulièrement mobiles et peuvent dériver sur des centaines de kilomètres au gré des courants, pendant 12 à 55 jours. Ensuite la larve mature se fixe au substrat pour ensuite donner une petite étoile de mer à cinq branches pendant six mois. Il lui faut entre un et trois ans pour atteindre sa taille adulte selon la densité de population (plus il y a d’individus plus la maturité sexuelle sera précoce et les individus petits).
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