Publicité
Rico L’intelligent: «Évincé parce que je ne voulais pas m’associer à un politicien»
Par
Partager cet article
Rico L’intelligent: «Évincé parce que je ne voulais pas m’associer à un politicien»
Il est candidat aux élections villageoises depuis 1977. Connu pour son franc-parler, Rico L’intelligent, habitant de Chamarel, n’a jamais connu de défaite. Il dénonce la lenteur administrative, tout en regrettant que les conseillers des villages n’aient pas assez de pouvoir.
Avez-vous constaté une amélioration dans le fonctionnement des conseils des villages ou des conseils des districts ces derniers temps ?
Il faut savoir que beaucoup de choses dépendent du secrétaire exécutif de chaque conseil de district. Il est arrivé qu’on lui propose un projet ou une activité, il répète qu’il ne peut pas le réaliser et sans aucune explication en retour. Je ne dis pas qu’ils sont tous ainsi. D’autres font leur maximum, mais ils n’arrivent pas toujours.
À vous entendre parler, le secrétaire exécutif a plus de pouvoir qu’un conseiller ?
Ce sont les secrétaires exécutifs qui font remonter certains projets qui nécessitent l’aval d’un ministère ou le soutien d’un corps parapublic pour leurs réalisations. Je le répète : il y a des chefs exécutifs qui font bien leur travail. Malheureusement, c’est l’administration qui est lente, que ce soit dans les différents ministères, les corps paraétatiques, voire au sein des sociétés privées. Je vous donne deux exemples. À Chamarel, il y a un tuyau d’eau défectueux. Une partie a été réparée, mais il reste encore à faire. J’ai attiré l’attention de la Central Water Authority sur ce problème, mais rien n’a été fait. Pendant ce temps, le gaspillage d’eau continue. L’autre exemple, depuis quelque temps, il y a un problème avec le réseau téléphonique. Le conseil du village l’a signalé à l’opérateur privé, mais rien n’a changé. Ce que je veux dire, ce n’est pas toujours la faute aux conseillers.
N’empêche que les conseillers n’ont pas de pouvoir ou vos pouvoirs sont limités…
C’est vrai que nous n’avons pratiquement plus de pouvoir. Autrefois, les conseillers en avaient plus. Il y a eu des changements à la loi. Les électeurs tapent souvent sur les doigts des conseillers et leur reprochent de ne pas tenir les promesses électorales. Nous travaillons beaucoup. Nous faisons beaucoup de requêtes pour améliorer le quotidien de la population, mais souvent nos démarches n’aboutissent pas.
Qu’est-ce qui a changé au fil des années ?
Auparavant, il y avait des ténors au sein des conseils des districts. Parmi des fonctionnaires très efficaces. On pouvait suivre nos dossiers sans difficulté. On ne mettait pas la pression, mais il y avait des décisions qui étaient prises à notre niveau. Il y avait moins de lourdeur administrative. De plus, nous n’avons plus la même liberté pour prendre des décisions. Je vous fais un aveu. J’appelle même la radio ou la presse écrite quand les choses ne marchent pas ou quand les autorités font la sourde oreille. Attention! Je ne dis pas que rien n’a été fait à Chamarel. Il y a des travaux pour refaire la route qui est en mauvais état et la construction d’un nouveau pont. Vous m’avez posé des questions et j’ai fait un constat général.
Si vous avez dû alerter les médias, cela signifie qu’il y a un gros problème quelque part…
Nous courrons derrière les ministres ou les députés aussi pour faire avancer les choses. Les électeurs ne connaissent pas nos difficultés. Ils nous critiquent. Ils sont en colère et nous reprochent souvent de ne rien faire.
Donc, il faut être proches des politiciens pour réussir à développer un village ?
Nous travaillons de concert avec eux. Cela a toujours été ainsi. Par exemple, au conseil du village de Chamarel, je suppose que chacun à son opinion politique, mais entre conseillers, nous faisons un travail formidable. Chacun sait ce qu’il a à faire. Chaque représentant que nous avons envoyé au conseil du district a été à la hauteur. J’ai une pensée pour Vishal Seesahye qui fait très bien. Dans le passé, j’étais le représentant de Chamarel au conseil du district, mais on m’avait évincé parce que je ne voulais pas m’associer à un politicien. En passant, je crois qu’il y a une faille dans la loi. Maintenant, si on veut destituer un conseiller de district, il risque aussi de perdre son siège. Je pense que c’est injuste puisqu’il a été élu par le peuple. C’est pour cette raison que dans certains villages, il n’y a pas de progrès.
À ma connaissance, les conseillers n’ont pas leur mot à dire sur les grands développements fonciers dans leur localité. Est-ce vrai ?
Bien souvent, nous voyons des camions et des grosses machines qui arrivent et au bout de quelques mois, un gros bâtiment sort de la terre. Autrefois, ce n’était pas ainsi. Je pense qu’on doit nous tenir au courant de tout ce qui concerne le développement dans un village. Notre avis compte.
Que faut-il changer pour améliorer les sorts des électeurs ruraux ?
Je pense qu’il est temps de donner aux conseillers certains pouvoirs. Vous imaginez, je suis conseiller de village, si demain je croise un employé d’une compagnie du service de voiries qui fait mal son travail, je ne peux pas l’interpeller gentiment. Je dois d’abord en informer le secrétaire exécutif.
Quel est le plus grand mal qui ronge les conseils des villages ?
La lourdeur administrative bloque beaucoup de projets. Il faut que cela change pour améliorer la vie des Mauriciens. Il y a une chose que certaines personnes ne réalisent pas. Si les fonctionnaires ou autres preneurs de décisions nous donnent satisfaction en améliorant le quotidien de chaque villageois, au final ce sera une bonne partie de la population qui sera satisfaite pour ne pas dire tout le pays.
Finalement est-ce que vous serez candidat encore une fois ?
Ce sera une surprise. Attendons le jour du dépôt des candidatures et vous le saurez.
Publicité
Les plus récents