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Sasha Mosafeer: «Le renforcement des compétences fait partie de notre philosophie»

28 octobre 2020, 20:00

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Sasha Mosafeer: «Le renforcement des compétences fait partie de notre philosophie»

Pour marquer sa présence dans le secteur de la coiffure et de l’esthétique, la maison de coiffure Sasha va aménager un salon iconique dans la cybercité d’Ebène. Question de faire la démonstration que la cohabitation entre la coiffure et les technologies innovantes n’est pas une incompatibilité. Le directeur artistique de la maison fait le point sur le parcours d’un patrimoine que les enfants du patriarche Shariff Mosafeer ont su jalousement sauvegarder et préserver.

On commence par le commencement : un paradoxe. Alors que la pandémie Covid-19 a plongé les investisseurs potentiels dans une attente sans fin, que le chômage se pointe à l’horizon, vous, vous venez de lancer un appel à candidatures aux multiples facettes vraisemblablement pour dévoiler une nouvelle initiative du groupe. D’abord, un éclaircissement sur ce paradoxe ? 
Oui, notre projet de recrutement alors que ce n’est pas la tendance dans le pays à cause de la présence des effets de la pandémie Covid-19 correspond parfaitement à l’idée que suggère un paradoxe à savoir le recours à une idée ou un comportement contradictoire ou à contre-courant. Pour placer ce genre de posture dans son propre contexte, je me permets de me référer à un slogan publicitaire qui se lisait ainsi : Coiffe-moi le moral. Ce slogan reflète ce qu’un salon de coiffure devrait être. C’est-à-dire, un endroit où le client est sûr de sortir en ayant abandonné la tête qu’il avait au moment de traverser le seuil de notre salon de coiffure. Le coiffeur a la capacité de poser sur la tête d’une personne, l’émotion que celle-ci voudrait bien dévoiler lorsqu’elle est en présence de son coiffeur artiste capable de ressentir les émotions les plus profondes qui habitent le corps d’un client. La mission d’un coiffeur est accomplie lorsqu’en partant, son client lui fait comprendre que quelque chose a bien changé sur et dans sa tête. Cependant, le projet de recrutement à multiples facettes a la même mission que celle que symboliserait le slogan «Coiffe-moi le moral». La différence est que la démarche ne se cantonne plus aux quatre coins du mur de notre salon de coiffure mais cible un environnement plus large à savoir la situation économique qui, dans les circonstances actuelles, n’a pas bonne mine.

Doit-on penser qu’avec l’émergence de la pandémie Covid-19, tout ne devrait pas tomber dans le négatif et le pessimisme ? 
S’il est vrai que dans l’ensemble la pandémie a laissé des ravages sur son passage, il est aussi vrai qu’il existe des secteurs qui n’ont pas été directement affectés par cette pandémie. Cela ne signifie pas que nous n’avons pas de défis à relever. Cela ne signifie pas non plus que nous sommes résilients. Loin de là. Nous évoluons dans un secteur dont les activités s’articulent autour de la nécessité de se refaire une image, une beauté. Bref, cette capacité ou bien cette envie de pouvoir passer d’une situation que les évènements nous imposent vers celle qui porte notre propre style, notre propre empreinte. Nous avons non seulement la capacité professionnelle de ‘recoiffer le moral’ de notre clientèle mais celle d’apporter un peu d’air frais à un environnement économique où on n’a pas de visibilité sur l’avenir, où le risque de perdre son emploi est permanent et où encore, le maintien d’une personne à son poste se fait à coups de réduction de salaire ou de bénéfices. Ce sont des expériences que nos employés ne connaissent pas. Dans des situations pareilles, il est du devoir de ceux qui le peuvent d’apporter leur contribution aussi minime soit-elle à la nécessité à ne pas baisser les bras dans de telles situations.

Ailleurs, l’avenir est incertain. On parle ouvertement d’incapacité à appréhender l’avenir. À vous entendre, on ne dirait pas que l’avenir constitue un souci pour vous ? 
Je n’exagère pas si je vous disais que l’avenir du secteur de la coiffure et de l’esthétique est brillant. La possibilité d’avoir recours à des outils de travail conçus avec l’aide des technologies innovantes, permet à notre secteur de franchir un nouveau palier. Les séchoirs par exemple ont connu un développement de premier plan. Au niveau de la clientèle locale, on n’a pas de problème vu que l’île Maurice se trouve dans un coin perdu de l’océan Indien et bien loin des zones où la pandémie est en train de faire des ravages. Ce qui pourrait potentiellement constituer une difficulté, ce sont les frais d’importation de produits avec un taux de change qui n’est pas du tout en faveur de la roupie qui par exemple ne cesse de perdre de sa valeur vis-à-vis du dollar qui est la devise préférée sur le plan du commerce international. 

La clientèle mauricienne est bien informée. Elle voyage et se documente énormément. Elle nous fait confiance car elle connaît la valeur des produits que nous utilisons. Elle connaît la véritable nature tant des produits que des services que nous mettons à sa disposition. Je fais partie de ceux qui n’attendent pas que la situation s’améliore pour bouger. Je suis du genre à oser penser qu’il est possible de faire les choses autrement ou encore de chercher les opportunités occasionnées par un évènement du genre pandémie Covid-19 plutôt que de nous éterniser sur ses effets négatifs tant sur le moral des gens qu’au niveau de l’économie. Bref des gens capables d’imaginer un nouvel avenir. C’est ce que j’ai réalisé au niveau de mon salon. Si nous assistons à la manifestation grandissante pour tirer profit des programmes de formation que nous offrons, c’est qu’il y a un désir pour venir apprendre les éléments qui sont à la base de notre réussite.

Il est donc temps pour passer à l’autre dimension de votre démarche. Quelle est la nature de ce projet innovateur qui va ‘recoiffer le moral’ de l’économie nationale si on devait se permettre d’attribuer une personnalité vivante et palpable à la chose économique ? 
Le projet en question consiste en l’installation d’un salon iconique de la maison dans la cybercité d’Ebène. Ce sera au fait le reflet de ce qu’on offre à notre clientèle après un cheminement de 25 ans dans le secteur de la coiffure et de l’esthétique à Maurice. D’où le recrutement de son personnel qui aura pour tâche d’exécuter les différentes fonctions d’un tel environnement à savoir des esthéticiens, coiffeurs, gestionnaire du service spa-thérapeutique avec toute une gamme de soins parmi lesquels, les soins et les produits de soins et la décoration des ongles. La migration de notre savoir-faire maison à la cybercité est tout un symbole. La création de ce nouveau secteur d’activité manifeste la détermination de Maurice de prendre sa part du gâteau des possibilités de développement occasionnées par la technologie de l’information et de la communication et les technologies de pointe. Après 25 ans d’existence, nous voulons démontrer que nous avons la volonté et la détermination de monter en gamme dans les services que nous allons offrir.

Qu’est-ce qui va changer dans ce salon iconique ? 
Tous les services dont va disposer ce salon seront personnalisés. Cela veut dire qu’en entrant dans ce salon, le client va sentir comme s’il était chez lui. Avec les atouts associés à la technologie de l’information et de la communication, le client ne perdra pas du temps s’il veut venir tirer profit d’un des services que nous offrons. Il peut, en attendant son tour, se rendre au coin café continuer son travail à distance grâce à son ordinateur. Ce salon disposera d’une suite royale. Il s’agit tout simplement d’un espace où un client peut disposer de tous les services existants. C’est ce qui pourrait se passer à l’occasion d’un mariage par exemple. Une personne peut offrir à une autre, le service complet de cette suite royale comme cadeau lors d’une occasion spéciale comme lors de la célébration d’un anniversaire.

Pour prétendre passer à une gamme supérieure dans votre domaine d’activités, la compétence, le savoir-faire, la dextérité de votre personnel sont des facteurs incontournables pour bien réussir. Avez-vous la capacité d’honorer ce nouvel engagement ? 
Nous allons offrir aux membres de notre personnel pour ce salon iconique un nouvel encadrement. C’est ce qui va les aider à atteindre et à maintenir le niveau de la qualité de services que nous voulons assurer dans ce salon. Le renforcement permanent des compétences acquises est une des obligations que nous ne cessons de respecter. Chez la maison Sasha, le renforcement des compétences fait partie de notre philosophie. Notre programme de formation permet à un nouvel employé de prendre connaissance des exigences de la maison et de se familiariser avec celles-ci. Nous avons un système d’évaluation qui met en exergue les forces et les faiblesses voire les manquements d’un élève. Chez nous, on n’achète pas un certificat. On ne l’obtient que si on le mérite. La formation se fait ensuite sur le tas selon les normes de la maison. Le renforcement de nos capacités et de notre compétence se fait sur deux autres plans. D’abord, par la recherche de nouveaux connaissances et savoir-faire. Une des dernières initiatives prises sur ce plan concerne notre déplacement à Osaka, Japon. Cela a créé les conditions pour doter la maison d’un service de lissage japonais. Notre système de formation est reconnu non seulement par la Mauritius Qualifications Authority, mais également par l’ITEC, l’International Therapy Examination Council qui est de réputation internationale en matière de coiffure et des soins esthétiques. La mise en place du salon iconique à Ebène a été entreprise alors que le pays se trouvait au beau milieu de la crise occasionnée par l’émergence de la pandémie.

Comment êtes-vous entré dans le cycle de la coiffure ? 
C’est une histoire de famille. Tout cela est arrivé à cause de mon père Shariff. Il avait un salon de coiffure à Curepipe. De mon jeune âge je passais le temps de mon week-end dans le salon familial. Nous étions une famille d’origine modeste. On louait une maison à Curepipe. En 1984, j’avais dix ans. C’était l’âge de l’éveil à l’acquisition de nouvelles connaissances et des émotions occasionnées par les chansons du moment parmi lesquelles celles du groupe norvégien A-ha, de David Bowie ou de Duran Duran, porteurs de coupe à la mode. Ce qui n’était qu’un plaisir d’enfant s’est transformé en une passion tant pour mon grand frère Shaun que pour moi-même. La plupart de mon temps, je le passais à essayer tant soit peu à aider mon père. Petit à petit, je me suis tant imprégné de l’ambiance du salon qu’au moment de faire un choix de carrière, la coiffure s’est imposée tout naturellement d’elle-même. C’est ce qui m’a amené en 1995 à passer trois ans dans l’école de formation Etchégoin, une entreprise familiale. Cette école a fermé ses portes vu qu’au niveau de la troisième génération, il n’y a pas eu d’enfants. Puis, je me suis rendu en Angleterre pour un Master Class chez la maison Allan Vidal Sassoon.

Avant de quitter votre univers de façonnement de têtes et de visages, quelle est la tendance coiffure de l’été qui risque de faire un tabac ? 
Le bouclé, le curly hair revient en force.