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Premium Travel Visa: pour attirer les riches étrangers et ceux qui veulent échapper au Covid
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Premium Travel Visa: pour attirer les riches étrangers et ceux qui veulent échapper au Covid
Le Premium Travel Visa, valable pour un an et renouvelable, sera introduit bientôt. Le Conseil des ministres a donné son aval en ce sens, le vendredi 23 octobre. L’objectif : encourager des étrangers éligibles à s’installer à Maurice, destination Covid-free, pour un long séjour.
Au niveau de l’Economic Development Board (EDB), on explique que l’idée a germé bien avant la présentation du Budget 2020-2021. Des discussions étaient en cours avec des institutions comme la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) et l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM). «Contrairement aux pays européens où le Covid-19 bat son plein ou encore entrent en hiver, Maurice jouit d’une réputation de destination Covid-free, sans compter un bon climat, un environnement culturel riche, des facilités aux normes internationales et des arguments uniques de vente. On compte attirer des personnes de la France, de l’Afrique du Sud, du Moyen-Orient, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de l’Italie, entre autres», avance-t-on.
Ceux qui peuvent soumettre une demande pour ce nouveau visa sont d’abord des touristes ‘récurrents’ et qui avaient pensé prendre leur retraite et migrer sur notre sol avant la pandémie du Covid-19 : des retraités vivant dans des pays où le coronavirus sévit et qui pourraient se laisser convaincre de venir vivre dans une destination sans danger. Sont aussi visés, des investisseurs et des professionnels disposés à y séjourner en famille, tout en gérant leurs affaires ou en travaillant à distance de Maurice ; ils pourraient aussi offrir cette opportunité à leurs employés.
Finalement, cette opportunité cible des personnes dont les enfants étudient à Maurice. Pour être éligibles, ces visiteurs doivent fournir des preuves sur leur projet de long séjour, d’assurance de voyage santé, de logement et autres documents nécessaires pour la période initiale de leur visite. Soulignons que les personnes intéressées ne seront pas autorisées à rechercher du travail sur le marché local ; leur business principal et leur source de revenus et profits doivent être hors de Maurice.
Une campagne de marketing agressive sera bientôt menée dans cette optique… sans grande dépense ou presque. Comment ? «À travers les ré- seaux sociaux, notamment des annonces sponsorisées, ainsi que par le biais des hôteliers et voyagistes, qui disposent déjà d’une base de données des touristes, qui viennent à Maurice de manière récurrente. On compte aussi sur des articles de presse dans des médias internationaux et des webinaires», explique-t-on. Les personnes intéressées seront soumises au protocole sanitaire en vigueur à leur arrivée à Maurice.
Est-ce que ce projet va marcher ? À l’EDB, on est optimiste. «Avant le Covid-19, entre 60 000 et 80 000 touristes séjournaient à Maurice pour plus de trois mois. Chaque année, on accueille 1,4 million de touristes. Il y a 4 000 personnes qui possèdent des biens sous l’Integrated Resort Scheme (IRS), le Real Estate Scheme (RES) et le Property Development Scheme (PDS). Sans compter les 3 000 à 4 000 étudiants étrangers dont les parents peuvent venir vivre chez nous», soutient-on.
L’EDB est en passe de finaliser les détails avec le Passport & Immigration Office avant de mettre cette offre en ligne. Selon l’économiste Swadicq Nuthay, ce plan aurait dû être introduit depuis longtemps. «On ne vend pas la destination rien que pour sa plage et son soleil, mais pour permettre aux gens, qui n’ont pas de liberté dans leur pays d’origine, d’en avoir chez nous. Les gens ne vont pas venir parce qu’ils veulent venir à Maurice. Déjà que le coût de la vie est relativement élevé», déclare-t-il. L’économiste indique que, tout en prenant les dispositions nécessaires pour qu’il n’y ait pas de deuxième vague du Covid-19 à Maurice, il faut assurer un écosystème, qui encouragera de grands dépensiers à venir chez nous.
Tout comme Swadicq Nuthay, le managing partner d’Ernst & Young, Gérald Lincoln, estime que «mieux vaut tard que jamais. La Barbade nous a devancés. La flexibilité offerte a l’air bien. Même l’emploi des locaux reste protégé», analyse-t-il. Cela dit, ce Premium Travel Visa ne va pas remplir les hôtels car ces personnes vivront dans leur propriété (IRS, RES, PDS). «Dans le pire des cas, on n’aura pas de monde. Les gens ne font pas la queue pour venir à Maurice. Il va falloir faire du marketing pour que cela marche», affirme-t-il.
Le président de l’Association des tour-opérateurs, Ajay Jhurry, abonde dans le même sens. «Ce n’est pas une grande avancée pour le tourisme. D’ailleurs, c’est un marché limitatif. Il faut voir combien de personnes on va pouvoir toucher. C’est vrai que Maurice est Covid-free mais il ne faut pas penser que chez nous c’est l’eldorado. Les intéressés vont tenir compte de plusieurs facteurs avant de prendre leur décision. Il y aura la compétition avec d’autres pays, qui proposent aussi cette facilité.»
Pour sa part, le syndicaliste Rashid Imrith craint que les Mauriciens ne deviennent locataires dans leur pays. «Cela pourrait devenir un peu comme l’apartheid. On ne sait pas encore quel est l’agenda derrière. Est-ce qu’à la longue, ces visiteurs auront le droit de vote ? D’autre part, ceux qui ont de l’argent vont vouloir le dépenser. Et on ne saura pas d’où provient cet argent. Le pouvoir économique pourrait se transformer en pouvoir politique», soutient-il.
Au niveau de l’EDB, on se veut rassurant. «Ce seront des touristes et ils n’ont pas le droit de vote.»
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