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Angus Road: les faits implacables
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Angus Road: les faits implacables
C’est une première dans l’histoire politico-criminelle du pays. L’Independent Commission against Corruption (ICAC) enquête sur le Premier ministre en fonction, et c’est ce dernier qui l’a lui-même concédé à l’Assemblée nationale cette semaine. Face au scandale Angus Road, Pravind Jugnauth refuse de démissionner mais la pression sur lui va s’accentuer car la prochaine révélation pourrait démontrer que le chef du gouvernement a procédé à des paiements allant jusqu’à Rs 1 million en cash. Ce qui, en soi, constituerait un grave délit financier.
Angus Road, c’est une affaire avec des doutes et des questions, mais également des certitudes implacables. Voici une infographie ludique pour mieux en saisir les tenants et les aboutissants.
Les faits
Pravind Jugnauth a acheté, de Bel Air Sugar Estate, quatre arpents de terre à Angus Road en trois transactions (la rédaction considère ici qu’une «transaction» est sanctionnée d’un contrat de vente signé devant notaire et enregistré au Registrar puisque les dessous de l’affaire démontrent plusieurs transactions financières). Le premier achat remonte à 1999 et ne pose aucun problème au Premier ministre. Ce sont les transactions de 2007 (Rs 7 millions) et 2008 (Rs 20 millions) qui sont concernées par le scandale.
Govinden et les Rs 20 millions
Parmi les vérités implacables il y a le fait que l’ex-responsable des ventes immobilières de Bel Air Sugar Estate a dit formellement à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) que pour la transaction de 2008, ce n’est pas Pravind Jugnauth qui a payé. «Un certain Loganaden Govinden (NdlR : connu comme Alan Govinden) a payé Rs 20 millions dans le compte bancaire de mon patron en Angleterre en 2001, et il nous a demandé sept ans plus tard de préparer le contrat de vente au nom des filles de Pravind Jugnauth», dit-il dans sa déposition. Or Pravind et Kobita Jugnauth jurent devant notaire que ce sont eux qui ont payé.
Quelle est la relation Govinden-Jugnauth ?
C’est là toute la question. Pravind Jugnauth n’a pas voulu répondre à Arvin Boolell sur la nature de sa relation avec ce Mauricien établi en Angleterre. Mais un journal publié par le journaliste d’investigation Rudy Veeramundur avait enquêté, en 2012, sur un dénommé A.G dans un article imputant de sombres motivations et fréquentations à Pravind Jugnauth. Rudy Veeramundur qui a entre-temps rejoint le PMO de Pravind Jugnauth comme adviser, a déclaré à l’express cette semaine qu’il ne dirait rien de plus à ce sujet à part le fait que l’article qu’il avait approuvé en tant que rédacteur en chef «avait été rédigé par un collaborateur».
Cash : la prochaine révélation ?
Roshi Bhadain a effleuré le sujet dans sa vidéo de réaction à la PNQ de mardi dernier : «Eski Pravind Jugnauth inpliké dan bann trasaktion cash ki dépass Rs 1 million ?» a demandé le leader du Reform Party qui est également celui qui a fait éclater le scandale. Il a ensuite cité une lettre de l’ICAC dont il a donné la référence précise et qui parle de reçus ayant un lien avec la transaction de 2007. L’express a appris qu’un député de l’opposition serait en présence de ces fameux reçus.
Luxury everywhere
Ce n’est pas le sujet de la controverse, mais les terres de la discorde abritent une somptueuse maison avec une grande piscine, un court de tennis et un jardin à perte de vue. On est pour l’heure encore très loin du scénario où ces terres seraient considérées comme «proceeds of crime» mais, en l’absence d’une explication du Premier ministre, c’est l’orientation que prennent les allégations.
La nomination du directeur général de l’ICAC
Le contrat de Navin Beekarry arrive à terme en juin 2021 et c’est Pravind Jugnauth qui décidera s’il faudra renouveler ou pas son contrat. Si le statu quo dans l’enquête perdure d’ici là, peu importe la décision que prendra Pravind Jugnauth, le spectre du conflit d’intérêts y planera.
L’ICAC de Navin Beekarry qui avait déjà été vertement critiquée pour avoir pris une posture pro-Pravind Jugnauth devant le Privy Council dans le procès en appel dans l’affaire MedPoint, n’a neuf ans après le début de l’enquête, pas appelé Pravind Jugnauth pour qu’il donne sa version.
The horse’s mouth : la version de Pravind Jugnauth
L’entière vérité, il n’y a que lui qui la connaît. Le Premier ministre n’a pas répondu une seule fois à Roshi Bhadain qui a révélé le scandale il y a plus de trois mois à présent. L’express, de son côté, a posé neuf questions à Pravind Jugnauth avant de diffuser la vidéo «Angus Road : Le Grand Déballage» il y a deux semaines.
Nous n’avons récolté qu’une mise en demeure nous avertissant qu’il y aurait des poursuites si la vidéo contenait des éléments diffamatoires. Pravind Jugnauth n’a répondu à aucune question lors de la PNQ qui lui était adressée mardi. Hormis ses menaces «wait» ou «zot pou gété», nous ne savons donc rien de l’explication que compte fournir le PM.
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