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Tourisme: les opérateurs essaient de se remettre en selle avec d’autres offres aux Mauriciens
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Tourisme: les opérateurs essaient de se remettre en selle avec d’autres offres aux Mauriciens
Le confinement chez nous plus tôt dans l’année, le reconfinement dans certains pays européens, notamment, l’incertitude quant à la réouverture totale des frontières chez nous encore. Autant de facteurs qui gangrènent l’industrie touristique locale, mal en point. Pour essayer de panser les blessures, des prestataires misent sur la clientèle locale, avec des offres taillées sur mesure.
«Depuis mars, nous nous retrouvons sans clients, donc sans revenus. Cette situation a affecté le tourisme, et pas que l’hôtellerie, mais aussi des entreprises comme les restaurants, les propriétaires de bateaux, entre autres. On se disait qu’on essaierait de tenir jusqu’à ce que les frontières rouvrent. Malheureusement, le temps passe, et soit on met la clé sous le paillasson ou on revoit notre stratégie», déclare Chimène Hope, Director of Operations chez Emotions Destination Management Company. Cette entreprise, un réceptif existant depuis 9 ans, se charge de l’hébergement, des excursions et du séjour des touristes from start to finish.
Ainsi, depuis septembre, la compagnie met les bouchées doubles pour sortir la tête de l’eau en ciblant la clientèle locale. Une page Facebook – «Vizit Nou Zil» – a été créée pour les Mauriciens et résidents qui ont un permis d’occupation, notamment. «Nos partenaires ont joué le jeu, en proposant des balades à cheval, des visites de sites historiques que les Mauriciens ne connaissent pas, des sorties en catamaran, entre autres. On se réinvente. On n’a pas le choix…»
Puis, à défaut de pouvoir vendre des voyages, on explore d’autres avenues. «Aujourd’hui, les Mauriciens aiment bien les petits séjours dans des villas, des randonnées dans la nature et même des forfaits spa. Nous misons dessus.»
Hôtels quasi-remplis de vendredi à dimanche
Un filon qu’exploitent aussi les hôteliers. Stéphan Anseline, directeur général et Paméla Barret, directrice commerciale de Tamassa et Ile des Deux Cocos, affirment que depuis la réouverture le 31 juillet, du vendredi au dimanche, l’hôtel de Bel-Ombre affiche complet chaque semaine. «Nous accueillons les clients fidèles et les nouveaux. La récompense : certains d’entre eux font une nouvelle réservation pour un prochain séjour avant même leur départ. Il faut dire que notre formule All-inclusive est très appréciée des Mauriciens et est proposée à des tarifs très compétitifs.»
Des packages pour des réunions d’entreprise, en journée ou en soirée, des séances de team building pour se retrouver entre collègues ou entre amis, sont aussi proposés. «Ces activités sont conçues pour créer un lien tout en se déconnectant du monde numérique. À travers cette nouvelle identité, nous voulons rassembler les familles, couples, collègues et amis qui peuvent ainsi partager de bons moments ensemble.»
Kevin Rajoo, directeur commercial de Deals.mu, constate une évolution dans l’offre des hôtels, qui, qu’auparavant, avaient chacun une restriction quant au nombre de Mauriciens par rapport aux séjours touristiques. Désormais, 80 % des hôtels qui ne sont pas des centres de quarantaine sont ouverts aux résidents locaux, ce qui aide à faire tourner la machine. «De vendredi à dimanche, les hôtels sont quasi-remplis. Ils proposent diverses activités dans l’événementiel, ce qui contribue à leur réinvention.»
Concours de T-shirt mouillé
Ainsi, les responsables de Tamassa font valoir que le séjour s’agrémente à une pléiade d’activités dont le best-seller demeure la foam party du samedi. Un concept repris par plusieurs hôtels actuellement. Les soirées dansantes connaissent aussi du succès. À l’instar du Burning Monkey Festival qui a mobilisé plus de 2 000 personnes sur 3 jours, précisent nos interlocuteurs. En sus de la musique et DJ, des activités parallèles comme la pool party, le beach soccer, la live tattoo station, une wet T-shirt competition, étaient entre autre organisées.
De son côté, Raj Reedoy, directeur général de Salt of Palmar, soutient que des thématiques culinaires sont mises en avant ainsi que d’autres événements. «Chaque semaine, on mise sur des variations. Cela aide les Mauriciens à découvrir les spécialités du monde entier.» L’hôtel offre également aux clients la possibilité d’y passer la journée. Également populaire : le forfait soirée combiné aux soins spa, l’apéritif et le dîner.
Catamarans
Quelles sont les offres les plus prisées ? Selon la Director of Operations de la compagnie Emotions, les sorties en mer dont les balades et dîner à bord des bateaux. De plus, ajoute-t-elle, les entreprises ont fait des demandes pour l’organisation des fêtes de fin d’année à bord des catamarans.
Pour le professeur Ramesh Durbarry, économiste spécialisé en tourisme, comme les Mauriciens aiment la plage, on peut étendre cette pratique vers les hôtels. D’ailleurs, souligne-t-il, ces établissements sont souvent bondés en week-end. Un signe que cette formule séduit les clients locaux.
Raj Reedoy abonde dans ce sens, estimant que les longs week-ends marchent bien. Quant à Kevin Rajoo, il indique que les «day packages», privilégiés par les jeunes et en semaine, constituent 20 % du volume du «business».
Tarifs ajustés
Qui plus est, les tarifs ont été ajustés pour séduire les clients locaux. Mais bien qu’ils soient compétitifs, ils ne sont pas «superdiscounted » en raison des coûts d’opération, poursuit le directeur commercial de Deals.mu. Une réduction du prix est tout de même perceptible.
Par contre, les hôtels de 2 ou 3-étoiles ont du mal à se réinventer, ne pouvant baisser leurs tarifs, avance-t-il. Sur cette question, Meera, qui gère un établissement 2-étoiles, justement, effectue des rénovations en attendant de statuer sur une éventuelle réouverture en 2021.
Qui plus est, même si les tarifs ont été revus pour les clients locaux, le directeur de Salt of Palmar déclare «qu’aucun compromis n’a été fait sur la qualité». Même s’il a fallu, pour certains prestataires, s’adapter, lance Chimène Hope. Parmi, ceux qui proposent des sorties en catamaran, qui ont préféré «enlever » les boissons alcoolisées du package. «Ils offrent des boissons non-alcoolisées, tout en proposant la formule «bring your own» aux clients.» Comprenez par-là que les clients peuvent emmener leurs propres ‘bouteilles’.
Coup de pouce demandé
Une tendance qui devrait perdurer durant les prochains mois, indiquent les opérateurs. Qui, pour la plupart, misent sur les fêtes de fin d’année pour maximiser les ventes. Selon la Director of Operations d’Emotion, «Vizit Nou Zil» propose d’offrir des sorties en guise de cadeaux. Une alternative aux présents traditionnels. «Il faut nous aider, il faut donner un coup de pouce à notre secteur touristique. Il y va de notre survie… »
Ramesh Durbarry suggère dans la foulée d’offrir des forfaits attrayants lors des prochaines vacances scolaires. «Considérant le nombre de Mauriciens qui voyagent d’ordinaire chaque année, il y a bel un bien un ‘pouvoir d’achat’, même si le Covid est passé par-là. Pourquoi ne pas utiliser cette capacité des Mauriciens à dépenser ? Il faut un marketing agressif.» Selon l’économiste, les prestataires doivent surtout cibler les familles, la culture familiale, justement, étant bien ancrée chez nous. À la différence des étrangers qui, souvent, viennent en solo.
Par ailleurs, fait-il ressortir, «plusieurs pays dont le Royaume-Uni, la France et même l’Allemagne entre autres, ont donné des consignes à leurs citoyens afin que ceux-ci évitent de s’aventurer à l’étranger. Par conséquent, il faut revoir notre stratégie. Pourquoi ne pas voir les parcs d’attractions remplis avec de Mauriciens ? Le tourisme est une chaîne. Si la machinerie est en marche, cela va ramener des emplois».
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