Imaginez un tennisman du Top 15 français qui défendrait les couleurs de l’île Maurice. Notre quadricolore qui flotterait à Roland-Garros et dans les autres grands tournois du Grand Chelem. Un rêve impossible ? Pas si Enzo Couacaud renonce à défendre les couleurs françaises pour venir jouer sous bannière mauricienne un jour. Et ce dernier y pense justement… 

Après les années ‘athlé’ avec Stephan Buckland et Eric Milazar qui nous faisaient vibrer aux Jeux olympiques et aux Mondiaux, puis la belle période foot avec Désiré Periatambee, les frères Jonathan et Kevin Bru, le sport mauricien ferait assurément un beau retour sur la carte du monde avec un sportif de très haut niveau de la trempe d’Enzo Couacaud, 25 ans (meilleur classement ATP : 164e). 

Ce dernier, en visite privée à Maurice pour un très court séjour, nous a fait part de cette «réflexion» lundi au complexe sportif de Sparc, à Cascavelle, lors d’une rencontre amicale avec Matteo Zinno, directeur général de la Mauritius Tennis Academy (MTA), avec qui il a aussi échangé quelques balles. 

«On est souvent en discussion avec Enzo pour voir comment dynamiser le tennis à Maurice, et aider à créer un meilleur engouement et attirer des joueurs de haut niveau ici, car cela inspirera aussi les jeunes au niveau local à progresser», a confié Matteo Zinno. «Depuis l’année dernière Enzo joue vraiment le jeu pour promouvoir l’île comme destination phare avant d’aller aux Internationaux de Melbourne, on a fait venir Fabrice Santoro et Harold Mayot dans cette optique, et ensuite on a eu beaucoup de retours de joueurs de haut niveau qui veulent venir chez nous…» 

«Je suis mauricien, j’aime mon pays…» 

De là à ce que Couacaud devienne carrément un joueur mauricien, qui abandonnerait la bannière française ? «Mais c’est une question à laquelle on réfléchit ensemble pour l’avenir et qui a le mérite d’être posée», glisse le principal intéressé. «La Covid-19 a amené beaucoup de questions, dans beaucoup de secteurs, et je n’échappe pas à la règle…. Jouer pour Maurice, pourquoi pas ! Je suis Mauricien, j’aime mon pays, j’aimerais un jour défendre le quadricolore oui… Mais ne vous emballez pas, pour l’instant je joue toujours pour la France ! C’est comme ca…» tempère le joueur franco-mauricien, né à Curepipe. 

Pour Matteo Zinno, Maurice devrait être fier d’avoir un champion comme Enzo Couacaud mais son talent serait hélas sous-estimé chez nous. «Je pense que les médias locaux ne parlent pas assez de lui, le tennis est peut-être moins suivi aussi… Il est quand même le meilleur joueur de tennis mauricien en activité, le meilleur tennisman qu’on ait eu au pays à ce jour. Il participe à tous les tournois du Grand Chelem, il a obtenu des résultats exceptionnels en junior, il a fait des super résultats au cours de sa carrière et a été 164e meilleur joueur mondial l’année dernière.» 

Un médaillé olympique en tennis ? 

Avec un tel joueur pour notre quadricolore, de nombreuses portes s’ouvriraient à nouveau pour nous, en effet… «On discute avec Enzo sur les possibilités de l’aider au niveau de la Fédération mauricienne de tennis et nous-mêmes en tant qu’académie privée (MTA) pour qu’il vienne jouer sous drapeau mauricien. On aurait alors un représentant mauricien sur les tournois du Grand Chelem, aux Jeux olympiques, on pourrait remettre sur pied une équipe de Coupe Davis comme il y avait à l’époque», déclare le directeur de la MTA. Ce dernier avance que Maurice pourrait ainsi imiter la fédération canadienne qui a naturalisé certains joueurs très jeunes qui avaient un bon potentiel en leur donnant les moyens de réussir. 

Enzo Couacaud est emballé mais garde les pieds sur terre : «Il y a plein de projets chouettes et réalisables qui ne sont pas du domaine de l’utopie, mais il faudrait que tout le monde aient les mêmes désirs et la même volonté d’aller dans la même direction. On ne peut pas tout révolutionner tout seul.» Il est clair et net que le joueur a envie de jouer pour son pays et n’hésite pas à monter au filet pour le crier haut et fort. Une manne tombée du ciel pour rebooster la petite balle jaune chez nous et motiver nos jeunes sur le plan local. Pour, qui sait, glaner des médaillés olympiques mauriciens un jour ? Aux autorités locales de saisir au bond la balle lancée par Enzo…

La MTA représente cinq clubs et plus de 400 joueurs à travers l’île 

La Mauritius Tennis Academy représente aujourd’hui cinq clubs à travers l’île. Azuri à Roches-Noires, Sparc à Cascavelle, Cardinal/Casuarina à Trou-aux-Biches, C.E.N à Shoenfeld Cottage et le Racing Club de Maurice à Trianon, ce qui représente plus de 400 joueurs et une équipe de coach internationaux d’Italie, France, Roumanie, Pologne et Maurice. «Nous sommes l’académie la plus présente sur l’île et qui fait de son mieux pour développer et démocratiser ce sport», déclare son directeur, Matteo Zinno. Le futur club Mouratoglou de l’océan Indien ?

<p>En décembre 2019, Enzo Couacaud a remporté la première édition du <em>Golden Ball</em> face au jeune espoir français Harold Mayot, qui se veut être un tournoi d&rsquo;exhibition pour tennismen de haut niveau, sur la route des Internationaux d&rsquo;Australie. <em>&laquo;Cette année on était prêt pour le Chapter 2 avec des grands noms qui étaient intéressés à venir comme Richard Gasquet, Jérémy Chardy, Pierre Hughes Herbet ou encore Bjorn Borg ! Malheureusement, tous les plans sont tombés à l&rsquo;eau à cause de la Covid- 19&hellip; Espérons que la situation va se décanter bientôt et qu&rsquo;on puisse reprendre une vie normale&raquo;</em>, soupire Matteo Zinno de la MTA.</p>