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Air Mauritius: la présentation du plan de redressement reportée au 30 juin 2021
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Air Mauritius: la présentation du plan de redressement reportée au 30 juin 2021
La résurgence du virus sur les principaux marchés du transporteur national renvoie l’échéance du 7 décembre à juin prochain. La Cour suprême a donné son feu vert aux administrateurs.
Les administrateurs d’Air Mauritius (MK), Sattar Hajee Abdoula et Arvindsingh Gokhool, ont demandé et obtenu trois ordres de la Cour suprême, hier. D’abord, celui de pouvoir tenir la réunion des créanciers dite la «Watershed Meeting», prévue initialement le 7 décembre, au plus tard le 30 juin 2021. Puis, de pouvoir tenir cette réunion cruciale à tout moment entre hier et le 30 juin 2021. Finalement, l’ordre de pouvoir étendre la période pour notifier des employés d’une éventuelle fin de contrat jusqu’au 30 juin 2021. Ces décisions de la Cour suprême s’appliquent également à Airmate Ltd, également sous administration volontaire. Ces ordres surviennent après les nouvelles restrictions de circulation dues à une deuxième vague du Covid-19 dans plusieurs pays d’Europe dont les principaux marchés du transporteur national comme la France et le Royaume-Uni.
Du côté des administrateurs, l’on soutient que les prévisions faites à partir du mois de décembre ne tiennent plus la route avec cette résurgence du virus. «La mise en place de différentes mesures préconisées a, par exemple, permis à la compagnie d’économiser plus de Rs 2 milliards de frais fixes pour la période allant du 22 avril au 30 octobre 2020. Il y a eu diverses discussions et négociations entamées avec nos principaux partenaires, à savoir les compagnies de leasing, les institutions financières, les actionnaires et les représentants syndicaux, et notre plan de redressement était fin prêt à être présenté en décembre. Cependant, malgré tous ces efforts collectifs, la deuxième vague de contamination, en particulier en Europe, et les mesures sanitaires strictes à Maurice pour les voyageurs à l’arrivée, ont rendu la situation encore plus complexe. Dans cette nouvelle conjoncture, nous ne pouvons présenter un plan viable sur le long terme à ce stade. Nous n’avions pas d’autres choix que de faire une demande auprès de la Cour pour que la Watershed Meeting soit reportée à l’année prochaine», explique Sattar Hajee Abdoula dans un communiqué émis par la suite. L’objectif de ces ordres est de permettre davantage de visibilité face à ces nouvelles incertitudes.
De leur côté, des employés qui ont appris la nouvelle par le biais d’un mémo circulé en interne hier après-midi disent qu’ils s’attendaient à cette nouvelle. «Avec l’Europe qui est à nouveau fermé, il n’y a plus de visibilité. Cela prolonge tout de même le stress», soutient-on du côté des employés. Car, le 7 décembre, ceux forcés au congé sans solde, notamment, attendaient de savoir s’ils étaient toujours employés par le transporteur national. Ou si MK existe toujours ou pas et bien entendu connaître le plan de redressement par le tandem d’administrateurs Sattar Hajee Abdoula et Arvindsingh Gokhool.
Des pilotes «sans le sou» contraints de se réinventer mais…
<p>Des pilotes de la compagnie aérienne nationale ont été contraints, depuis le 1er octobre pour certains et le 1er novembre pour d’autres, au congé sans solde. Là aussi, c’est en recevant leur roster que ces pilotes ont appris qu’ils ne voleront pas pendant trois mois pour certains et six mois pour d’autres.</p>
<p>Un coup dur en cette période de fin d’année, affirment-ils, d’autant qu’ils ne bénéficient pas du Wage Assistance Scheme. <em>«En avril, pendant le confinement et le couvre-feu sanitaire, lorsque les autorités avaient besoin de pilotes pour aller chercher des médicaments en Chine notamment, nous avions fait jusqu’à 28 heures de duty d’affilée pour donner un coup de main. Aujourd’hui, nous nous retrouvons sans un sou et sans soutien à la fin du mois alors que des pilotes expatriés continuent de toucher Rs 200 000 à Rs 400 000 par mois. De plus, en ne volant plus, notre licence sera périmée ou ne sera plus valide»,</em> déplore-t-on chez ces pilotes.</p>
<p>D’ajouter que si MK décide de les faire voler à nouveau à la fin de leur congé sans solde, le transporteur national aura à nouveau à investir pour la formation sur le simulateur. Ce qui les sidère, c’est de voir que certains de leurs collègues expatriés ont été jusqu’ici épargnés d’une telle décision.</p>
<p><em>«Nous n’avons rien contre eux. Ce sont nos collègues et de bons amis. MK aurait dû mettre les pilotes expatriés en contrat de durée courte en congé sans solde en premier. C’est vrai qu’il n’y a pas assez de travail pour tous les pilotes mais il faut limiter la casse. Chaque place compte. La loi du travail ne permet certes pas de discrimination mais est-ce ainsi que ce gouvernement, que cette compagnie traite les fils du sol dans leur pays ? C’est très stressant comme situation, surtout en cette période de fin d’année»</em>, fait-on valoir.</p>
<p>Ces pilotes rappellent n’avoir rien de personnel contre leurs collègues expatriés. Ils font simplement ressortir qu’un pilote mauricien avec un passeport mauricien et une licence mauricienne a très peu de possibilités d’emplois à l’étranger, déjà dans le contexte normal sans le Covid-19. «Imaginez maintenant la situation mondiale actuelle dans laquelle se trouve l’aviation. En revanche, un pilote européen avec une licence européenne a de bien meilleures options et aides dans leurs pays, etc.» Nos interlocuteurs en veulent aux preneurs de décision au sein du département des opérations à Plaisance qui, disent-ils, <em>«continuent de percevoir leur Rs 600/700 000, salaire de base et allocations combinés, chaque fin de mois, alors que nous, nous ne toucherons plus une seule roupie.»</em></p>
<p>Ce qui les exaspère encore plus, poursuiventils, c’est d’avoir proposé depuis le 1er juin, à qui de droit, que MK change de «Business Model» en misant davantage sur le cargo. «<em>En temps de crise pareille, il faut se secouer pour aller chercher du business ailleurs. MK a attendu septembre/ octobre pour demander l’autorisation au département de l’aviation civile. Et encore, si les vols cargo ou encore les jours ‘off’ sont une réalité aujourd’hui, c’est grâce aux syndicats des pilotes et du personnel navigant commercial qui travaillent dur pour améliorer les conditions des membres d’équipage. Rien ou très peu est venu directement de la direction. Il faut menacer avec avocats et affaire en justice pour que les choses bougent</em>.»</p>
<p>Aujourd’hui, sans un sou à la fin du mois, ils disent être prêts à se réinventer, certains en menuisier ou trader, d’autres s’essayent sur des chantiers ou chauffeur de bus pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille. En Australie, par exemple, certains pilotes se sont reconvertis en chauffeur de bus ou travaillent sur des fermes. Ici, à Maurice, la situation est plus compliquée avec le chômage et la période de fin d’année.</p>
<p>Du côté des administrateurs, l’on réplique qu’il n’y a aucune inégalité ou distinction faite entre les pilotes mauriciens et les expatriés par rapport au congé sans solde. Le choix, disent-ils, s’est fait par rapport aux types d’avion que volent ces derniers et des besoins de la compagnie aérienne nationale.</p>
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