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Haroon Durbass: à la découverte d’un pan de l’histoire de Maurice

3 décembre 2020, 20:08

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Haroon Durbass: à la découverte d’un pan de l’histoire de Maurice

Haroon qui ? Inconnu au bataillon pour le Mauricien lambda… Et pourtant, pour certains, cet homme a été et reste toujours un mentor, un coach de vie et un forgeron d’hommes. Le genre qui bosse en silence pour laisser leur succès faire du bruit.

Vendredi dernier, Haroon Ally Durbass a lancé sa biographie au Sir Abdool Razack Mohamed Hall à Phoenix. Cette œuvre, écrite par Sedley Assonne et publiée aux Éditions de La Tour, retrace la vie de cet ancien professeur d’éducation physique du collège Saint-Joseph. Pendant 37 ans de ses 71 piges, il a poli de la pierre pour en faire des bâtisseurs de la société. On retrouve, d’ailleurs, une kyrielle de noms de ces anciens élèves dans le livre.

Plus qu’une apologie du sport, l’auteur a su amalgamer la politique et le sport, voire la politique du sport. On découvre par exemple que Sir Guy Rozemont voulait l’adopter. Car, le père de Haroon Durbass était le chauffeur et bras droit de l’il- lustre personnalité politique du pays. Raouf Bundhun, présent pour le lancement du livre, n’a pas manqué de souligner ce fait de l’histoire de Maurice. L’ancien vice-président de la République avoue avoir bien connu le patriarche, Hossen Durbass.

Ce livre regorge d’anecdotes croustillantes sur la politique. Le passionné y trouvera son compte, peu importent les couleurs qu’il affectionne. Il y a du rouge bien sûr, mais aussi du mauve et de l’orange.

Mais la vie de Haroon Durbass a surtout été marquée par ses 37 ans passés dans l’établissement scolaire curepipien. Tantôt avec les frères irlandais, tantôt avec des recteurs laïcs, le natif de Port-Louis devenu Vacoassien raconte comment la discipline et les valeurs humaines étaient les maîtres-mots. Cassam Uteem, ancien président de la République, sensible à la cause du peuple mauricien, s’est appesanti, vendredi dernier, dans son discours, sur ce manque de valeurs de nos jours. Et cette oisiveté mène aux vices. Le très respecté politicien pré- face, d’ailleurs, le livre.

«C’est au collège Saint Joseph qu’il devait, malgré un début d’adaptation difficile à un milieu bourgeois qui lui était jusque-là étranger et visiblement hostile, car considéré comme un intrus, faire valoir tout son talent d’entraîneur et de formateur et grâce à ses grandes qualités intrinsèques, sa formation continue dans des disciplines sportives les plus variées qui permettra de collectionner de nombreux parchemins et l’expérience acquise durant des années à côtoyer les jeunes et les sportifs, il réussit à briser certains tabous, faisant tomber les cloisons étanches des races et des classes sociales», écrit Cassam Uteem.

Anecdotes sur les intercollèges

Durant ces années passées sous le ciel gris curepipien justement, il y a eu une embellie en 1993 : la victoire aux points combinés dans toutes les catégories, aux inter-collèges d’athlétisme. Pour les plus jeunes, il est impossible de décrire cette ambiance qui prévalait à cette époque dans les collèges, dans les rues, dans les stades, dans les gradins et dans le pays. Haroon raconte comment la mayonnaise a pris cette année-là. Il dévoile les anecdotes rigolotes, des photos et évoque avec humour, l’histoire d’une «Jeep» pour le défilé d’après victoire.

Si le Saint-Joseph était considéré comme le Poulidor de ces Jeux, cette année-là, le collège avait fait table rase sur les trophées en jeux et avait surtout écrasé son rival de toujours, le Saint-Esprit. Christian Sénèque, capitaine de l’équipe et recordman du saut en hauteur ce jour-là, était présent vendredi dernier à Phoenix, et a eu ces mots : «Il y a 27 ans, les rôles étaient inversés. C’était Haroon qui était à nos côtés pour nous encourager, et nous applaudir. Il nous a menés à la grande victoire des inter-collèges de 1993, comme un vrai leader, un meneur d’hommes. Il s’est donné pendant 37 ans au col- lège du St.-Joseph, et pendant les 10 années que nos chemins se sont croisés, je n’ai aucun mauvais souvenir de lui. Aucune punition, aucune fausse note. Dès aujourd’hui, son livre nous aidera à réveiller les bons souvenirs du temps passé à ses côtés. Il nous aide à terminer cette année 2020 mieux que nous l’ayons commencée.»

Comme chacun le sait, cette fête estudiantine croupit sous une tombe ornée de fleurs mortes. De temps en temps, des événements comme celui-ci nous permettent de replonger, avec délectation, dans le passé. Haroon Durbass avoue, dans ce livre, comment il s’était battu, avec son costume de politicien, pour permettre à ces Jeux de continuer d’exister. Mais le crime était trop parfait…

Vendredi dernier à Phoenix, des anciens Joséphiens étaient présents pour honorer leur ancien professeur. Comme Daniel Costantini, l’ancien entraîneur de l’équipe de France de handball, championne du monde en 1995, racontait dans son livre Paroles de Coach, ses élèves avaient un profond respect pour le professeur d’EPS qu’il était, contrairement à certains profs d’autres sujets.

À travers le sport et l’éducation, Haroon Durbass a su inculquer des valeurs. À travers ce livre, son héritage demeurera éternel…