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Géraldine Hennequin-Joulia: «Je m’engage en politique pour proposer un ‘New Deal’»
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Géraldine Hennequin-Joulia: «Je m’engage en politique pour proposer un ‘New Deal’»
Vous êtes l’une des têtes pensantes derrière ID (Idéal Démocrate), formation politique qui sera lancée aujourd’hui. Après le journalisme, la culture et l’événementiel, pourquoi la politique ?
Je suis née et j’ai grandi dans le milieu ouvrier. J’y ai eu comme repères, entre autres, le respect de soi et des autres, qui conditionne le vivre ensemble, l’entraide sur la- quelle repose une société solidaire, la nécessité d’être juste, et enfin, on a nourri chez moi la libre expression. Et puis il y a eu l’école publique et l’amour de mon pays qui ont façonné la citoyenne engagée que je suis.
Je m’engage en politique aujourd’hui tout simplement parce qu’on ne peut pas rester spectateur devant tant de défis, de dangers imminents. Depuis quelque temps, nous regardons tous tanguer notre barque commune dangereusement. Ne pas s’engager c’est une manière d’approuver toutes les dérives que l’on voit. Crises qui ont pris une ampleur inquiétante ces derniers mois. Nous sommes en complète perte de sens. La politique qu’on nous propose est à bout de souffle, impuissante et illisible. Et surtout n’offre aucun espoir à toute une génération. Mes amis et moi-même sommes résolus à ne pas accepter cela ! Maurice mérite mieux. Qu’une génération inventive, dynamique, solidaire, compétente, délestée du carcan des inégalités et des discriminations émerge. Le pays ce n’est pas l’affaire d’une poignée de gens occupés à répondre à leurs intérêts personnels, confondant leurs désidératas et leurs lubies avec les affaires de l’Etat. Je refuse de regarder se déliter notre société sans rien faire.
Je m’engage en politique pour proposer en quelque sorte un «New Deal» qui corresponde à la réalité de notre société d’aujourd’hui !
Est-ce un besoin ou un désir ?
C’est un besoin pour chaque Mauricien de quitter cette inertie qui a paralysé parfois jusqu’à notre réflexion. Vous avouerez que 2020 nous impose un réveil assez brutal. Il est pénible mais salutaire. C’est un devoir, en tout cas, pour moi, de me mettre en marche pour ce en quoi je crois et pour cette île que j’aime.
Qu’allez-vous faire différemment des autres partis qui existent ?
Notre projet a pour objet de remettre le citoyen au cœur de l’action politique. Il s’agit de l’essentiel car cela nous permet de poser chaque réflexion, chaque action en ce sens. Tout est tourné vers le bien-être et le mieux-être de la collectivité. Nous allons apporter du contenu en jouant la carte de la démocratie participative, en établissant un programme qui donne au citoyen son vrai rôle.
Nous ne donnerons pas dans l’insulte vis-à-vis de l’adversaire, nous ne déploierons pas des valises de billets pour acheter un vote, nous n’exigerons pas que des votants photographient leurs bulletins de vote, nous n’intimiderons pas ceux qui font des choix différents des nôtres, nous ne ferons pas des promesses qui ne peuvent être tenues. Cette liste, vous l’avez deviné, n’est, hélas, pas exhaustive. Tous les Mauriciens connaissent ces pratiques barbares et anti-démocratiques.
Regardez le sondage Kantar paru dans la presse de ce jour (NdlR : hier). Il est éloquent. Un sondé sur deux n’aurait plus d’affinités avec les partis politiques existants. Ça veut tout dire ! Nous sommes à la fin d’un cycle.
Vous êtes leader. Présentez-nous votre équipe et la philosophie d’ID. Je conçois le leadership avec beaucoup d’humilité. Il s’agit de prendre la responsabilité d’être porteur du projet.
Idéal Démocrate est composé aujourd’hui d’une trentaine d’hommes et de femmes déterminés à faire souffler une nouvelle ère politique. Ce sont des professionnels avec une solide expérience dans leurs domaines respectifs et soucieux de ce que notre génération laissera à celle qui arrive. Mais ce sont des personnes de terrain qui connaissent la vraie vie, les vraies douleurs d’une grande partie de la population.
ID rassemble des Mauriciens sans distinction de communauté, d’âge, de classe sociale. Nous sommes en majorité des quarantenaires, qui avons travaillé à Maurice et parfois ailleurs. Il y a aussi les plus jeunes à qui nous avons fait de la place déjà car nous croyons que l’espace politique est l’affaire de tous. Nous sommes une génération débarrassée de certains complexes. Une génération qui vit pleinement le mauricianisme dans son quotidien. Nous n’avons pas besoin de nous le répéter comme pour nous en convaincre ou comme un vœu pieux. Nous sommes sans doute cette génération qui, dans notre mode de vie, a déjà dépassé ses réflexes sectaires qui gardent l’île Maurice sous un étau identitaire malsain.
Notre acte de foi repose sur un socle de valeurs qui comporte quatre piliers : la transparence, la laïcité, la parité et l’éco-citoyenneté. Valeurs qui guideront toujours nos choix et nos actions.
Les prochaines municipales seront sans doute votre baptême du feu avec l’électorat… Comment vous y prenez-vous ?
ID a un projet bien défini. Il se résume à «un projet, un territoire». Ce travail que nous avons démarré, il y a un an maintenant, a pour point de départ de prendre part aux prochaines élections municipales certes, mais en développant un projet précis et détaillé pour la ville où nous avons choisi de débuter, c’est-à-dire Curepipe. Nous disons aux habitants de cette ville : voilà ce que nous proposons, voilà comment nous nous proposons de gérer votre ville. Nous travaillons donc à dessiner un projet pour un territoire urbain. Il est urgent pour nous de questionner la dynamique perdue des villes. Nous ne sommes ni gourmands, ni naïfs. ID veut commencer par changer l’élan dans une rue, un quartier, une ville. Nous voulons montrer ce que nous pouvons faire en proposant une gestion moderne, des idées neuves.
Nous présenterons une équipe capable d’être de vrais gestionnaires d’un territoire pour lui donner un nouvel élan social, économique, sportif, culturel. Nous avons déjà démarré nos rencontres pour un travail de terrain. Et très bientôt nous présenterons notre équipe pour Curepipe. Curepipe sera le début concret de notre engagement. Nous sommes comme beaucoup de jeunes de la nouvelle génération : nous voulons montrer ce dont nous sommes capables. Fini les discours. On passe aux actes. On construit demain. Maintenant.
Entre le gouvernement et l’opposition, quelle place reste-t-il pour des citoyens neufs comme vous, non issus des dynasties et patronymes connus ?
En politique, personne ne vous fait de la place. Il faut la prendre. Ceci est encore plus vrai à Maurice qui couronne des dynasties comme au siècle dernier ou dans des démocraties d’opérettes. Ce temps il sera révolu quand nous, citoyens, le déciderons.
Au sein des partis traditionnels, des leaders ont déjà placé leurs couvées en bonne position. C’est un choix qui en dit long sur leur capacité réelle à faire de la place aux nouveaux. Je ne me sens pas d’aller faire de la figuration, être comme en vitrine d’une de ces formations parce que je ne porte pas tel nom ou parce que je ne viens pas de telle famille établie en politique, qui applique sagement des vieux schémas en répondant aux rêves de leurs pères ! Les leaders d’aujourd’hui qui sont déjà d’une génération en amont, sont venus mettre les pieds sous la table de partis existants. Ils sont des petits rois entourés d’une cour servile. Quel gâchis pour la vitalité même des partis ! Rien que cela crée une immense frustration chez des jeunes qui souhaitent agir. C’est vraiment d’un autre âge. Pourtant, aujourd’hui, ainsi va la vie au sein de ces partis, avec quelques jeunes visages qu’on vend en vitrine. Le défi est franchement plus excitant de créer que de porter des postures complètement dépassées. À ID, nous nous félicitons de n’appartenir à aucun sérail. Nous revendiquons notre liberté d’offrir une nouvelle alternative politique forte, représentative de la République de Maurice d’aujourd’hui.
Lancement d’idéal démocrate : j’ai une idée…
C’est à L’auberge Tante Athalie, à Mont-Goût, que le parti Idéal Démocrate a été lancé officiellement, hier soir. Idéal démocrate a vu le jour pour plusieurs raisons – notamment pour réinventer la démocratie. Le logo du parti n’est pas passé inaperçu et a été choisi pour se différencier des autres partis. Mais aussi parce que la couleur rose est apaisante. Idéal démocrate espère incarner une partie où la parité homme femme sera respectée.
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