Publicité

Double affaire de dopage: les palefreniers Raghoonundun et Sumoruth disqualifiés

6 décembre 2020, 20:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Double affaire de dopage: les palefreniers Raghoonundun et Sumoruth disqualifiés

Les premières sanctions sont tombées dans la double affaire de dopage de Triple Fate Line et The Jazz Singer de l’écurie Hurchund. À l’issue de la première séance de l’enquête ouverte vendredi 4 décembre, le palefrenier Ravin Raghoonundun, qui avait les deux chevaux précités à sa charge, a écopé d’une disqualification de trois ans. Son collègue Ramraj «Babar» Sumoruth, qui a également reconnu son implication dans cette affaire, est, lui, disqualifié pour une période de douze mois. Les travaux ont été ajournés à mardi prochain.

De la testosterone enanthate et de l’EPO : voilà les deux substances illicites qui ont été retrouvées dans l’organisme de Triple Fate Line et The Jazz Singer respectivement, selon Mahmoud Kamel du laboratoire QuantiLAB. Contrairement à la testostérone qui est présente dans l’organisme de l’homme et des animaux, la testosterone enanthate, une préparation pharmaceutique, est, elle, considérée comme un stéroïde anabolisant et par conséquent interdite dans le milieu sportif, tout comme le Human Recombinant Erythropoietin (EPO), une hormone utilisée pour augmenter la production de globules rouges.

Conformément au règlement 208 A (4) des Rules of Racing du Mauritius Turf Club (MTC), qui stipule qu’aucune substance illicite ne peut être administrée à un coursier, Triple Fate Line et The Jazz Singer sont tous deux suspendus pour six mois. Mais comment ces deux coursiers ont-ils pu se retrouver avec ces produits dans leur organisme ? Auditionné par le board des commissaires hier, l’entraîneur Shyam Hurchund a expliqué qu’il avait eu une conversation avec Ravin «Baji» Raghoonundun mercredi matin, et ce dernier lui a alors avoué son méfait. «Monn pik sa 2 seval la. Monn fer enn erer. Exkiz mwa», lui a-t-il dit.

Chimiste en herbe

Pressé de questions ce jourlà par Jean-Marc Halbwachs, le palefrenier – qui avait songé à un moment à commettre l’irréparable selon l’Operations Manager du MTC – expliqua qu’il avait reçu la testosterone enanthate d’un autre palefrenier, en l’occurrence Ramraj Sumoruth, plus connu comme «Babar». On lui aurait fait comprendre que la substance en question n’était pas un produit dopant mais plutôt une vitamine «ki pou remont seval la». Après que Triple Fate Line et All About The Bass lui ont été confiés pour travailler à Port-Louis, Ravin Raghoonundun aurait injecté une bonne partie du produit qu’il avait reçu dans l’organisme du premier nommé le samedi 21 novembre.

L’histoire se corse cependant, car le palefrenier a affirmé avoir été en contact avec un individu l’année dernière, qui lui avait remis trois doses d’une autre «vitamine» à l’apparence huileuse, présumément de l’EPO, dans une fiole. S’il confirme n’avoir plus jamais revu l’individu en question, une éventualité que le Chief Stipe a par ailleurs eu bien du mal à croire, «Baji» a stocké le produit en question pendant tout ce temps dans son réfrigérateur avant de le mélanger au reste de testosterone enanthate pour l’administrer à The Jazz Singer dans la matinée du 28 novembre, ce qui a conduit à la positivité du cheval à l’EPO.

«Babar» le facilitateur

Dans une déposition signée mercredi en présence de John Smith, un officiel du MTC, cet habitant de Petit-Bel-Air affirme avoir reçu la testosterone enanthate de «Babar», qui lui aurait expliqué comment procéder à l’injection. «Premye fwa mo ti pe fer sa. Mo finn les mwa tente», devait-il avancer. À ce titre, Ramraj Sumoruth a également été entendu par les commissaires. Comptant près de 36 années d’expérience, ce palefrenier attaché à l’écurie Rameshwar Gujadhur est aussi passé aux aveux mercredi dernier, toujours en présence de John Smith et de son chef-palefrenier.

Il a ainsi expliqué avoir reçu le produit dopant d’un certain «R», un employé d’un corps paraétatique, qui assiste régulièrement au training à Floréal. Au fil du temps, les deux hommes se sont liés d’amitié, au point où Babar le considère désormais comme un membre de sa famille. S’il avait longtemps résisté aux avances de son ami pour administrer des produits aux chevaux sous sa responsabilité, le palefrenier chevronné aurait cédé quand il a été approché par son collègue Ravin Raghoonundun.

«Babar» demeure cependant catégorique : il n’a été que le facilitateur dans cette affaire puisqu’il n’a jamais vu le produit en question. Dès qu’il l’a reçu de «R», il l’a remis le même jour à «Baji», qui devait par la suite lui indiquer sur quel cheval il l’avait utilisé, chose qu’il fit le samedi 28 novembre. «Bizin zwe 7-4 (NdlR : Triple Fate Line)», lui aurait-il dit ce jour-là . En proie à des difficultés financières, «Babar», père de trois enfants, dont un en bas âge, avait l’intention de miser sur le cheval en question à travers le compte de son épouse pour subvenir aux besoins de ses enfants. Mais la course fut malheureusement annulée. Il nia cependant toute implication dans le tampering de The Jazz Singer.

Après délibération des commissaires, Ramraj Munoruth a écopé d’une disqualification de douze mois sous le règlement 209 (s). Ravin Raghoonundun a également été sanctionné sous la même règle. En raison de la gravité de ses actes – il a dopé les deux chevaux qui étaient sous sa responsabilité – le palefrenier de l’écurie Hurchund est, lui, disqualifié pour une période de trois ans. Leurs clean records, leurs situations financières précaires et leurs remords ont pesé dans la balance au moment de la sentence. L’enquête se poursuivra mardi prochain. Reste à présent à savoir la suite que compte donner la Police des jeux à toute cette affaire.