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Décès suspect de Kistnen: la police n'avait pas enregistré la déposition de Koomadha Sawmynaden
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Décès suspect de Kistnen: la police n'avait pas enregistré la déposition de Koomadha Sawmynaden
Koomadha Sawmynaden, qui venait de relater tout ce qu’il savait sur Soopramanien Kistnen à la cour hier, a souligné qu’il n’a fait que répéter tout ce qu’il avait dit au sergent Rostom le 26 octobre. Il ajoutera, en réponse à une question de son avocat Me Roshi Bhadain, qu’après trois heures d’interrogatoire, le policier n’a pas enregistré sa déposition et lui a dit qu’il reviendrait vers lui plus tard. Or, après plus d’un mois, il ne l’a jamais fait. Le sergent lui a même conseillé de n’en parler à personne. Ce n’est que quand Mes Rama Valayden, Sanjeev Teeluckdarry et Anoop Goodarry ont accompagné Simla Kistnen, l’épouse du défunt, à la Major Crime Investigation Team (MCIT) que cette dernière a décidé de convoquer le frère du ministre Yogida Sawmynaden.
La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath a été si surprise d’entendre cette déclaration de Koomadha Sawmynaden qu’elle est intervenue sur-le-champ pour questionner à nouveau le témoin et pour ordonner que des informations sur les horaires de travail de ce policier ainsi que la liste des dépositions qu’il a enregistrées ce jour-là soient produites en cour, aujourd’hui.
Le plus étonnant, toujours en réponse à Me Roshi Bhadain, Koomadha Sawmynaden a affirmé que le sergent lui a demandé si sa voiture était de couleur rouge. Ce qu’a nié le témoin. Mais cette question du sergent, le 26 octobre, laisse penser que la police savait déjà qu’une voiture rouge pourrait être impliquée dans cette affaire. Pour rappel, le corps calciné de l’activiste du Mouvement socialiste militant (MSM) a été retrouvé dans un champ de cannes à Telfair, Moka. Il avait disparu deux jours avant.
Koomadha Sawmynaden a également déclaré qu’il a entrevu un autre témoin, à savoir Nanda Arian, en conversation avec le même sergent juste avant leur rencontre, le 26 octobre. Il faut souligner que Nanda Arian, qui connaissait pourtant bien le défunt, s’est réfugié dans le silence jusqu’à l’enquête judiciaire.
Les dettes de Kistnen au frère du ministre
Interrogé par l’avocat du parquet, Me Azam Neerooa, Koomadha Sawmynaden a donné des détails sur une somme de Rs 440 000 que lui devait Soopramanien Kistnen. Bien qu’il connaisse le défunt depuis 2005, leur relation de travail s’est établie à partir de 2019. Le frère du ministre, entrepreneur en bâtiment comme Kistnen, lui avait sous-traité la construction d’un mur à Bambous et lui avait réglé d’avance la note de Rs 330 000 après lui avoir prêté Rs 110 000. Mais Kistnen n’aurait pas pu terminer, voire commencer le travail, et c’est Koomadha Sawmynaden qui s’en est chargé et qui a payé les ouvriers. Ainsi débutera, dit-il, sa longue quête pour recouvrer son argent auprès de Kistnen qui, dès lors, mettra Koomadha dans la confidence de ses déboires financiers.
Les contrats promis et jamais obtenus
Selon Koomadha Sawmynaden, Kistnen lui a promis à plusieurs reprises de rembourser sa dette en disant qu’il attend que ses dealings avec le ministre Yogida se concrétisent. Kistnen mentait-il ? lui a demandé Me Azam Neerooa. «C’est possible», a répondu Koomadha Sawmynaden. Toujours est-il qu’il a parlé de plusieurs contrats qu’avait promis son frère à Kistnen (et dont nous détenons quelques preuves d’échanges entre le ministre et l’activiste). Ces contrats concernaient le nettoyage de la State Trading Corporation (STC), entre autres, et dont bénéficiera finalement un certain A. Qui, en retour, aurait promis à Kistnen de lui sous-traiter une partie du travail ou alors lui sous-traiterait des travaux fictifs, ajoute le témoin. Travaux fictifs qui seraient payés par la STC. Mais Kistnen n’a rien eu, allègue Koomadha Sawmynaden et c’est alors qu’il aurait menacé de faire des révélations, y compris au Premier ministre. Rendez-vous aurait même été pris au Prime Minister’s Office (PMO) pour le 1er octobre. Face à cette menace, le témoin a allégué que Yogida Sawmynaden aurait remis Rs 200 000 à Kistnen qui, à son tour, les a donnés à son créancier, le 1er octobre également.
Qui a remis Rs 200 000 à Kistnen ?
Alors que Koomadha Sawmynaden maintient que Kistnen aurait reçu l’argent d’un inconnu assis à l’arrière du van de Seeneevassen Legrand, un ami de Kistnen, inconnu qu’il pense être un envoyé de Yogida Sawmynaden comme le lui avait dit Kistnen, l’avocat du parquet a confronté le frère du ministre à une autre version : le donateur serait le propre frère de Soopramanien Kistnen, Govinden. Si c’est vrai pourquoi le défunt aurait-il menti ? Et si c’est faux, pourquoi Govinden Kistnen aurait-il menti ? Koomadha, même s’il a vu l’inconnu de loin dans son rétroviseur, maintient que ce n’était pas Govinden mais quelqu’un qu’il a décrit comme chauve avec quelques cheveux blancs et portant un masque.
Le portable offert par Yogida Sawmynaden et son garde du corps
Autre indication de Koomadha Sawmynaden qui pourrait être néfaste à son frère : Kistnen lui aurait révélé que Yogida lui avait offert un portable avec la carte SIM. Ce que confirme d’ailleurs l’épouse, Simla. Autre élément versé par le témoin, hier, le garde du corps du ministre avait apporté Rs 50 000, en une autre occasion, et c’est ce même garde du corps qui aurait demandé à Kistnen de ne plus dire du mal du ministre. Toutes ces affirmations seront sans doute confirmées ou infirmées par Yogida Sawmynaden lui-même quand il sera convoqué par la cour. Koomadha Sawmynaden continuera sa déposition aujourd’hui.
En attendant, Me Roshi Bhadain réclame avec force la démission ou la révocation de Yogida Sawmynaden après la déposition de son frère. Il demande aussi que le téléphone personnel du ministre soit saisi le plus vite possible. Car, d’après son frère, il a bien communiqué avec le défunt avant sa mort.
De son côté, Me Rama Valayden souhaite que le Premier ministre confirme au plus vite s’il avait rendez-vous avec Kistnen. Rendez-vous annulé par la suite, selon Koomadha Sawmynaden, quand Kistnen aurait perçu les Rs 200 000.
Safe City et les images disparues du radar
Avant le frère du ministre, le premier témoin appelé à la barre hier matin a été le constable Adeeram de la Safe City Control Room d’Ébène. Avant-hier, ce policier et un de ses collègues ont déclaré qu’ils avaient arrêté de chercher Kistnen sur les écrans à 11 h 53, le vendredi 16 octobre, pour retracer ses allées et venues. La magistrate l’avait sommé de revenir hier avec des informations à partir de cette heure.
Il a pu retracer Kistnen en train de prendre le bus à Rose-Hill en direction de Beaux-Songes (ou Palma ?) mais les traces du bus de la CNT s’arrêtent à La Louise. Juste à cet endroit, les caméras, bien que fonctionnelles, ne possédent aucune image. Pourquoi cela ? a demandé Me Roshi Bhadain. Réponse du constable : «Je ne sais pas. Il faut demander à Mauritius Telecom.» Ces images ont-elles été effacées ? a voulu savoir l’avocat. Même réponse du constable Adeeram. Ce qui fera dire à Me Roshi Bhadain après l’audience : «Pourquoi cette absence d’images juste à Palma ? Il faut savoir que c’est là-bas que se trouve le bureau d’A(…). C’est dans ce lieu que Kistnen avait rendez-vous.»
La BMW rouge sous escorte
Me Rama Valayden a évoqué en cour une voiture BMW rouge précédée d’une moto. Il n’a pas voulu en dire plus sauf pour assurer qu’il détient d’autres informations à ce sujet. Il a parlé aussi du corps retrouvé à Caudan et l’absence d’autopsie. (NdlR : toutefois une autopsie a été réalisée dimanche qui a conclu à la noyade, voir hors-texte). Me Rama Valayden a montré également une photo d’une autre personne brûlée complètement mais portant ses vêtements. «Au lieu d’enterrer ou de faire disparaître ce corps, on l’a revêtu et laissé ainsi juste pour faire peur. Est-ce qu’il n’existe pas un escadron de la mort qui n’hésiterait pas à torturer et laisser des traces ?» Me Sanjeev Teeluckdarry a rappelé les dysfonctionnements de la police dans cette affaire et notamment l’absence curieuse et préoccupante des images des caméras Safe City. Il lance un appel aux particuliers ou sociétés qui possèdent des caméras de surveillance et dont les images pourraient aider à découvrir ce qui s’est passé à Quatre-Bornes, à partir de La Louise, concernant Kistnen.
Caudan : le noyé repêché identifié
<p>Les garde-côtes ont repêché dans l’après-midi du samedi 5 décembre à ruisseau Créole, à l’arrière du temple Mariammen, au Caudan, le cadavre d’un quinquagénaire, signalé par la police du port. Identifié un peu plus tard, il s’agit de Robin Nandkishore, un Portlouisien âgé de 56 ans. Le cadavre transporté à la morgue de l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, a été autopsié dimanche dernier par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, médecin légiste. Il a attribué sa mort à une asphyxie due à la noyade.</p>
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