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Conflits d’intérêts: du ramdam à la SBM Tower
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Conflits d’intérêts: du ramdam à la SBM Tower
L’avocat du département juridique suspendu, batailles rangées pour l’allocation de contrats aux avocats du privé. Et l’enquête de l’ICAC qui se heurte à des objections légales. Entre-temps, l’ancien CEO de la banque, l’Indien P.V. Rao, a déjà quitté le territoire.
La direction de la State Bank of Mauritius (SBM) reprocherait à un avocat d’avoir, entre autres, divulgué des informations internes. Pour l’instant, aucun détail ne transpire de la SBM Tower et la personne concernée ne souhaite pas parler à la presse. Selon des informations que nous avons recueillies, l’avocat en question est soupçonné d’avoir alerté… l’Independent Commission against Corruption (ICAC) sur des maldonnes. Ce n’est pas la première fois que la SBM fait passer le secret bancaire au-dessus de tout, y compris des considérations légales. Une ancienne employée a même été licenciée pour avoir parlé, dans sa défense en plein comité disciplinaire, d’un dossier dont on lui reprochait la mauvaise gestion.
Pour un ancien directeur qui connaît bien le fonctionnement de la banque, trop de dossiers, même les plus simples, atterrissent entre les mains du privé, qui est payé des centaines de milliers de roupies quand ce ne sont pas des millions. «Et ce, alors que la banque emploie déjà des avocats à plein temps.» Ce qui dérangeait encore plus notre interlocuteur alors qu’il était en poste, c’est que les avis juridiques reçus du privé comportent parfois des cas flagrants de conflit d’intérêts. Car il est connu que certaines firmes représentent parfois les intérêts de l’autre partie. «De plus, nous dira-t-il, j’ai vu une tendance d’une certaine firme juridique privée à traîner en longueur les procédures juste pour toucher un maximum d’honoraires.»
On se méfierait d’autant plus de l’avocat suspendu, dit-on, parce qu’il serait proche d’un membre de l’opposition. Ainsi, on refuserait de le laisser consulter de gros dossiers dont certains ont coûté des milliards à la banque. Ces dossiers étaient gérés par un sous-fifre, non qualifié légalement, mais comptant plusieurs années d’expérience à la banque. «Ce sous-fifre ne remettait jamais en question l’octroi de milliards de roupies de facilités sans garantie aux étrangers. Bref, il obéissait bien aux ordres venus d’en haut», nous dit l’ex-directeur. On aurait même envoyé ce subalterne au Kenya à la place de l’avocat suspendu pour négocier avec les frères Pabari. Et d’où il est revenu bredouille… Pour couronner le tout, on aurait nommé cet employé sans qualification comme responsable du département juridique au grand dam des avocats du département dont celui qui a été suspendu et au moins un autre qui compte aussi de nombreuses années d’expérience bancaire.
P. V. Rao a quitté le territoire
<p> L’ex-CEO indien de la SBM, qui était en <em>«Garden Leave» </em>et devait rester à la disposition de la direction et de l’ICAC au moins pour l’enquête de cette dernière sur les allégations de favoritisme et de conflits d’intérêts dans l’octroi de dossiers à une firme légale, serait déjà loin. On ne sait pas s’il s’est rendu à l’ICAC le mois dernier quand il y a été convoqué. En tout cas, Parvateneni Venkateswara (P. V.) Rao aurait déjà pris l’avion et serait en ce moment dans son Inde natale. Comment a-t-il été autorisé à quitter le pays en pleine enquête? Il semble qu’il ait sorti l’objection que la SBM étant enregistrée comme une compagnie privée, P. V. Rao ne peut faire l’objet d’une enquête de l’ICAC pour corruption qui ne concerne que les officiers publics. Par contre, on nous signale qu’une enquête sur des cas de blanchiment d’argent sur les officiers de la banque est, elle, possible… Ainsi, après Raj Dussoye, P. V. Rao aurait aussi eu la permission de quitter le territoire et ne pas donner les explications nécessaires sur des pertes colossales subies dernièrement par la SBM. Concernant Raj Dussoye, il aurait fait comprendre qu’il rentrera bientôt au pays à la fin de son contrat à l’étranger. C’est du moins ce qu’il aurait fait comprendre à l’ICAC. Et l’on ne sait pas s’il repartira ou demeurera à Maurice. Et si on l’autorisera de nouveau à prendre l’avion.</p>
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