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Enquête judiciaire: l’argent en toile de fond

19 décembre 2020, 13:30

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Enquête judiciaire: l’argent en toile de fond

S’il y a bien une direction vers laquelle la première partie des travaux de l’enquête judiciaire s’oriente, c’est que toute l’affaire Kistnen se rapporte à l’argent. Hier, vendredi 18 décembre, à la fin de la séance, Me Roshi Bhadain a exhorté la population à faire attention et à ne pas chercher à avoir de l’argent facile. «Si nou finn ariv la zordi, se akoz ban roder bout. Ena dimoun travay lor prinsip ki si zot fer enn ti travay, zot kapav gagn Rs 100 millions ou Rs 200 millions. Aret galoup derier kass. bizin ena responsabilité a tou les nivo, sirtou ban politisien.» 

Les témoignages recueillis jusqu’à présent dans cette affaire confirment aussi que Soopramanien Kistnen devait non seulement de l’argent à des personnes mais il devait aussi toucher une somme avoisinant les Rs 14 millions le jour de sa disparition. Une information révélée par son neveu Nishay Boodooa, le jeudi 17 décembre. Durant leurs auditions, certains des amis proches de celui qui est affectueusement connu comme ‘Kaya’ n’ont pas caché le fait qu’ils étaient en quête d’argent faute de travail et que c’est ce «point commun» qui les a rapprochés les uns les autres. Parmi les amis du défunt, les frères Parsuramen et Nanda Arian. «Si mo ti koné li ti pou al touss enn gro som larzan sa zour la, mo ti pou al avek li», avait déclaré le premier nommé, aussi connu comme Sivom. Koomadha Sawmynadhen, frère de Yogida Sawmynaden, a lui aussi fait mention des dettes accumulées par le défunt et le fait qu’il attendait de recevoir une importante somme d’argent le jour de sa disparition. 

Autre personne à être mêlée à l’argent qui est passé entre les mains de Soopramanien Kistnen ces derniers mois : Govinden Kistnen, qui n’est nul autre que le frère de l’ancien agent du MSM. Il a, sous serment, certifié qu’il avait prêté de l’argent à son frère et qu’il attendait un remboursement par chèque. Toutefois, des incohérences dans ses déclarations ont poussé la magistrate à lui ordonner de présenter des documents bancaires ainsi que ses déclarations fiscales. Il sera de nouveau appelé à témoigner à la reprise des travaux. Tout comme Seeneevassen Legrand, autre ami de Soopramanien Kistnen. Celui-ci a été témoin des transferts d’argent en cash ou par chèque effectués par le quinquagénaire avant sa mort car c’est lui qui le conduisait à ses diverses destinations la plupart du temps. Au moins cinq témoins appelés à la barre ont évoqué une dégradation des relations entre le ministre Yogida Sawmynaden et Soopramanien Kistnen. 

Avec toutes les informations et preuves présentées devant elle, la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath devra déterminer si la mort de Soopramanien Kistnen est bien liée à une histoire d’argent et surtout s’il y a oui ou non, l’implication d’une personne proche de son entourage.

 

 


L’enquête judiciaire ajournée au 15 janvier

<p>La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, qui préside l&rsquo;enquête judiciaire, a ajourné celle-ci au 15 janvier. Hier au tribunal de Moka, elle a réclamé que d&rsquo;autres éléments clés soient soumis au tribunal à la reprise en janvier. Elle a ainsi demandé à <em>Mauritius Telecom </em>de remettre un relevé détaillé de tous les appels faits et reçus sur les téléphones portables de Kistnen. La <em>State Trading Corporation</em> (STC) a également été sommée de fournir à la cour tous les documents relatifs aux offres pour tous les contrats de la STC d&rsquo;octobre 2019 à août 2020. L&rsquo;avocat de la STC, Me Ravi Rutnah, a donné la garantie qu&rsquo;il s&rsquo;assurera que celle-ci collabore pleinement. Autre rapport attendu : celui du <em>Forensic Science Laboratory</em>. Hier, le Dr Ananda Sunassee, médecin légiste, qui a autopsié la victime, a soutenu qu&rsquo;il a envoyé un prélèvement de sang au FSL pour connaître la quantité exacte de péthidine présente dans le corps de Soopramanien Kistnen. La magistrate a demandé que ce rapport lui soit remis ainsi qu&rsquo;à la MCIT. Me Sanjeev Teeluckdharry, l&rsquo;un des avocats du panel qui représente pro bono la famille de Kistnen, a déclaré à l&rsquo;express que <em>&laquo;les auditions ont été ajournées parce que la magistrate a exigé que les autorités remettent beaucoup de preuves documentaires pour permettre à l&rsquo;enquête judiciaire de continuer&raquo;</em>. Il a ajouté que la durée de l&rsquo;ajournement ne le préoccupe pas. <em>&laquo;Quelles que soient les preuves qui ont dû être détruites, quels que soient les mouvements de dissimulation qui ont dû être faits, maintenant les autorités doivent remettre tous ces documents.&raquo;</em></p>

 

 

 

 

 

 

 

Simla Kistnen: «C’est dur mais je suis confiante que nous sommes proches de la vérité»
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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/article/simla_kistnen.jpg" width="620" />
		<figcaption><strong>Simla Kistnen, la veuve de la victime.</strong></figcaption>
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<p>La veuve de Soopramanien Kistnen a assisté à toutes les auditions des témoins depuis le début des travaux de l&rsquo;enquête judiciaire. Interrogée par l&rsquo;express hier, elle a déclaré que c&rsquo;était une épreuve difficile mais qu&rsquo;elle y tenait.<em> &laquo;Mo bizin vini ek mo konfian ki nou pre pou konn la verite.&raquo; </em>Simla Kistnen concède aussi le fait qu&rsquo;elle ne savait pas grand-chose des transactions faites par son défunt mari.<em> &laquo;Ti touletan koumsa. Li pa ti kontan donn mwa traka travay ek li ti dir mwa konsantre dan get lakaz ek zenfan.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Par contre, elle dit avoir noté avec tristesse la déclaration faite par Pravind Jugnauth sur son mari lors d&rsquo;un régional le 10 décembre dernier. <em>&laquo;Les trois ministres de la circonscription connaissaient bien mon mari mais à ce jour, personne n&rsquo;est venue présenter ses condoléances. Le jour de l&rsquo;enterrement, j&rsquo;ai seulement vu un bouquet au nom du Premier ministre. C&rsquo;est tout.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Simla Kistnen soutient aussi que c&rsquo;est <em>&laquo;impossible&raquo;</em> que son mari se soit auto-injecté de la péthidine. <em>&laquo;Li ti pe per pikir li. Mem kan ti pe pik pouss pou diabet, li pa ti kontan.&raquo;</em></p>

 


Sivom Arian accuse la MCIT d’intimidations, Me Roshi Bhadain sceptique
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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/article/sivom_arian.jpg" width="620" />
		<figcaption><strong>Parsuramen Arian, plus connu comme Sivom, ami de Kistnen.</strong></figcaption>
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<p>Sivom Arian a formulé de graves accusations à l&rsquo;encontre de la MCIT hier. L&rsquo;habitant de Trèfles allègue que les enquêteurs l&rsquo;ont embarqué de chez lui le lundi 14 décembre avant d&rsquo;essayer de le convaincre d&rsquo;avouer le meurtre de Soopramanien Kistnen. <em>&laquo;Zot dir mwa dir ki mwa ek mo frer in menot li, in sarye lekor dan karo kann avan met dife.&raquo;</em> Sivom Arian va plus loin en disant qu&rsquo;il a reçu des menaces car il n&rsquo;a pas obtempéré. <em>&laquo;Kifer mo pou dir kitsoz ki pa vre. Zot in debark kot mwa koumadir monn touy dimoun me enn poul mo pa kapav touyé.&raquo;</em> La magistrate a ordonné qu&rsquo;une enquête au niveau de l&rsquo;Independent Police Complaints Commission soit menée pour vérifier la véracité des propos de Sivom Arian.&nbsp;</p>

<p>Me Azam Neerooa, du bureau du Directeur des poursuites publiques, a, pour sa part, rappelé que Sivom Arian a donné différentes versions depuis que le corps de Soopramanien Kistnen a été retrouvé et que c&rsquo;est la raison pour laquelle les enquêteurs se sont montrés durs envers lui. Me Roshi Bhadain s&rsquo;est aussi montré sceptique. <em>&laquo;Bizin less la polis fer so travay dan kad legal.&raquo;</em> L&rsquo;avocat lui a même confronté à une photo publiée par<em> Le Mauricien</em> montrant Sivom Arian aux côtés de Yogida Sawmynaden le jeudi 10 décembre dernier, lors d&rsquo;un régional organisé au n&deg;8. Questionné par Me Roshi Bhadain, Sivom Arian a concédé qu&rsquo;il cherchait de l&rsquo;argent auprès du ministre. <em>&laquo;Monn diman li kot mo la mone.&raquo;</em></p>