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Nouvel An en quarantaine: être confiné ne fait pas que des malheureux…

1 janvier 2021, 22:30

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Nouvel An en quarantaine: être confiné ne fait pas que des malheureux…

Seuls ou en famille dans leurs chambres. La plupart se sont préparés à passer un Nouvel An pas comme les autres, mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne comptent pas en profiter.

Elodie Marnot-Louviaux et sa famille sont arrivées à Maurice le 21 décembre pour bientôt entamer une nouvelle vie, bien à la mauricienne. En effet, l’époux d’Elodie a atteint la cinquantaine et il a décidé de prendre sa retraite pour venir s’installer dans notre île, avec sa famille. Ils avaient eu un coup de cœur, lors d’un séjour, il y a des années. Alors qu’ils effectuaient les démarches pour entamer la quarantaine, ils ont choisi le Preskil dans le Sud-Est de l’île. Et ils disent ne pas pouvoir se plaindre car malgré le confinement, l’hôtel leur offre des bricoles tous les jours.

Ainsi, ils y ont célébré Noël ainsi que le Nouvel An. L’hôtel s’est organisé pour qu’Elodie et sa famille le passent du mieux possible, vu les circonstances. «L’hôtel a mis les petits plats dans les grands et nous avons eu droit à des repas festifs sans avoir à payer de suppléments», explique la trentenaire qui vient de Belgique. Ils ont aussi profité de spectacles de sega et de musique acoustique depuis leur balcon.

C’est sûr qu’Elodie, son époux et leurs quatre enfants de 15 ans, 13 ans, 11 ans et 7 ans auraient aimé profiter de la plage et de la piscine en ce temps de fête, mais ils se sont préparés moralement à cela. «Ça ne change pas trop de la Belgique. Il faut savoir que la Belgique a aussi interdit de faire la fête pour Noël et le Nouvel An. Nous n’avions le droit qu’à recevoir une seule personne pour ces festivités. Alors, enfermés pour être enfermés, autant être au soleil et se rapprocher enfin de notre nouvelle vie», avance cette ancienne employée administrative. Le couple et ses enfants devaient venir à Maurice depuis juillet, mais la fermeture des frontières ne leur a pas permis d’arriver avant.

Profiter de son couple

Fabienne Foillard, 51 ans, et son époux sont arrivés le 28 décembre. Ce couple, qui habite Maurice depuis 13 ans déjà, a souhaité passer Noël avec ses proches en France avant de regagner son pays d’adoption. «Comme nous ne pouvions rentrer que depuis le mois d’octobre, en tant que résidents, nous avons préféré fêter Noël avec nos enfants et nos parents âgés en France.» Ils ont choisi un hôtel à Trou-aux-Biches pour leur séjour.

«Nous ne sommes pas vraiment intéressés par ce que nous a proposé l’hôtel», soutient Fabienne. Elle compte plutôt profiter de ce moment, enfermée, pour se retrouver et profiter de son couple. «Après une année 2020 très difficile, être en couple à l’hôtel ne nous dérange pas trop», confie-t-elle. Même si au fond, elle aurait préféré profiter des fêtes en famille et avec des amis, dehors.

Il y a aussi ceux qui ne sont pas du tout satisfaits de leur quarantaine. Comme ce quadragénaire qui vient s’installer à Maurice pour son emploi. «J’ai réservé un cinq-étoiles et je suis vraiment déçu par l’organisation. Rien n’a été prévu pour les fêtes. Pas de spectacle ni pour Noël, ni pour le Nouvel An, comme c’est le cas dans d’autres hôtels, alors que nous avons payé cher», lance ce Français arrivé le 19 décembre. Il attend avec impatience la fin de sa quarantaine pour rattraper ce moment de fête avec sa famille.

Noël passé à pleurer

Par ailleurs, Sheena Ramsès, une étudiante de 28 ans qui arrive de Grande-Bretagne, n’a pas du tout le cœur à la fête. «Je compte passer ma quarantaine tranquille à regarder la télé ou à lire des livres», confie-t-elle. La raison : elle a perdu sa mère pendant le confinement et elle n’a pas été autorisée à rentrer pour les funérailles.

Dès qu’elle a pu, elle a pris l’avion pour revenir au pays natal pour être près de ses sœurs. «Et maintenant, je ne sais pas quand je vais pouvoir rentrer au Royaume-Uni», lâche cette ancienne habitante de Vieux-Grand-Port. Noël, elle l’a passé dans son lit, à pleurer et à penser à sa mère, qui aurait été la première à l’appeler ce jour-là. «Les fêtes ne seront plus jamais pareilles sans ma mère, et être là, seule et enfermée, ne m’aide pas.»

Dipabali Dey est rentrée à Maurice récemment avec son époux et ses parents.

Dipabali Dey, une Indienne qui vit à Quatre-Bornes, a pu rentrer à Maurice, il y a quelques jours, avec son époux et ses parents. Ils ont dû attendre 11 longs mois pour pouvoir finalement prendre l’avion, après cinq échecs. Ils ont choisi l’hôtel Ambre pour leur quarantaine. Avant de choisir l’hôtel, la jeune femme avance qu’elle a fait des recherches.

Depuis son arrivée, elle soutient que sa famille et elle sont choyées par le personnel. «À notre arrivée, nous avons été accueillis avec un beau gâteau de Noël et une chaussette de Noël remplie de chocolats. Nous avons eu une portion généreuse aux repas, suffisamment pour se sentir bien compte tenu du manque d’activités et de plus de farniente auxquels nous pouvons nous adonner», soutient cette jeune femme.

Pour la Saint-Sylvestre, Dipabali Dey avoue avoir attendu avec impatience un réveillon du Nouvel An au calme et réfléchi, loin de l’agitation de la vie citadine. «Cette nouvelle année, la plus importante de toutes, la convivialité avec la famille m’importait le plus», souligne cette Indienne.

Ceux qui travaillent dans les centres de quarantaine

Navin Jogarah (photo), infirmier de 32 ans, travaille au centre de quarantaine de Riva Bella, à Pointe-aux-Sables. Ce dernier, de service pour la Saint Sylvestre, explique que bien qu’il comprenne l’importance et la responsabilité sociales associées à son choix, cela ne veut pas dire qu’il est insensible aux choses dont il aurait profité à l’extérieur.

Le sens de la normalité lui manque. Alors pour faire passer le temps, il s’adonne à des entraînements et regarde des films sur Netflix tout en profitant au maximum de sa journée au centre de quarantaine et surtout pour oublier le fait d’être loin de sa famille. «Cela a un impact au niveau émotionnel, surtout lorsque vous êtes loin de votre famille pendant les fêtes. Vous manquez la chaleur et le confort d’être entouré de votre famille tout en dînant ou en regardant des films et en appréciant des choses que vous teniez pour acquis

Il ajoute : «J’ai travaillé dans des unités de soins intensifs ; j’ai soigné des malades dans ma carrière et j’ai même vu les pires des pires scénarios, mais il y a quelques différences entre le travail quotidien dans les soins intensifs et le travail dans un centre de quarantaine. C’est plus silencieux pour changer, car les patients sont dans leur chambre et personne ne leur rend visite en raison du protocole», raconte ce trentenaire de Quatre-Bornes.