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En attendant l’enquête judiciaire: les institutions publiques commencent à fuiter des contrats avec Kistnen
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En attendant l’enquête judiciaire: les institutions publiques commencent à fuiter des contrats avec Kistnen
Des contrats douteux impliquant un agent du MSM mécontent de ne pas recevoir sa part. Il est tué alors qu’il montrait des signes «d’envie de dénoncer». Voilà un des épicentres du scandale Kistnen. L’express a obtenu une copie d’un contrat que Kistnen obtient à la veille des élections de 2019…
D’après les travaux de l’enquête judiciaire, et si l’on suit les dépositions de plusieurs témoins, dont celle de Koomadha Sawmynaden, Soopramanien Kistnen soumettait des offres «impossibles» en réponse à des appels de la STC. Selon l’allégation, Kistnen proposait un prix exorbitant, et la compagnie prédestinée de manière illégale à obtenir le contrat ne sera pas le highest bidder, donc au-dessus d’un premier rideau de souçons. Ces pratiques magouilleuses font partie d’une série que Kistnen aurait été sur le point de dénoncer. Les avocats de la famille Kistnen en tirent donc une théorie : Kistnen a été liquidé pour qu’il se taise. Si le chef du CCID, cette semaine, a avoué – après que sa même police avait longtemps insisté sur la thèse du suicide – que Kistnen a été tué, trouver l’auteur, établir le mobile, et éventuellement un commanditaire risque d’être une longue et laborieuse route.
Pour commencer à trouver une voie explorable dans cette théorie aussi accablante que folle, la magistrate présidant l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen a sommé la State Trading Corporation, qui tombe sous la tutelle du ministre Yogida Sawmynaden, de produire toute la documentation concernant les récents appels d’offres. En attendant, cependant, l’express a reçu, par voie postale, une copie d’un contrat que Kistnen avait obtenu du conseil de district de Moka.
Le deal est fait sous la couverture d’Emergency Procurement. Nous sommes en pleine campagne électorale nationale, le Parlement a été dissout il y a une semaine, et le conseil de district de Moka décide qu’il faut d’urgence installer des drains à St-Pierre, «capitale» de la circonscription numéro 8 où le trio Sawmynaden-Jugnauth-Dookun-Luchoomun a été élu en 2014 et 2019. Montant total : Rs 2,5 millions!
Mais ce sont loin d’être les éléments les plus frappants. Selon le contrat que signe Kistnen et le président du conseil de district ainsi que le Chief Executive, l’adresse de la compagnie Rainbow Construction Ltd où Kistnen détient 50 % d’actions, est Mère Barthelemy Street, Port-Louis. Cette rue commence au pied de Marie Reine de La Paix, pour finir face à Shoprite à côté du jardin de la compagnie. Parmi les quelques immeubles avec espaces bureaux qui s’y trouvent : un bâtiment de quatre étages appartenant à Yogida Sawmynaden. C’est du moins ce qu’avance Koomadha Sawmynaden, le frère dénonciateur du ministre, qui pense bien que cette adresse serait celle de ce bâtiment. Notre habituel exercice de vérification rend cette fuite encore plus étonnante : dans le registre national et officiel des compagnies, l’adresse de Rainbow Construction n’est pas à Port-Louis, mais Montagne Ory, Moka, soit celle de Soopramanien Kistnen.
Avec en toile de fond la théorie des avocats «avengers», cette nouvelle donne pourrait donner lieu à plusieurs analyses visant à donner encore plus de sens à leur hypothèse. Du moins en attendant ce que la STC viendra officiellement démontrer devant la magistrate. Cette nouvelle fuite pourrait potentiellement démontrer que les tentacules de Kistnen et ses «amis» s’étendraient bien au-delà du simple cadre de la STC.
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