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Le carnet de campagne au n°8 propose une incursion chiffrée
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Le carnet de campagne au n°8 propose une incursion chiffrée
Les documents proviendraient d’un agenda d’un groupe d’agents du n°8, parmi lesquels se trouverait Soopramanien Kistnen, le défunt activiste du Mouvemement socialiste militant (MSM). Y seraient inscrit des dépenses pour les élections de 2019 à la circonscription de Quartier-Militaire – Moka, ainsi que l’origine immédiate du financements de ces dépenses et ce, de façon quotidienne. Les dépenses dépassent allègrement le seuil autorisé par la loi, soit Rs 369 000 pour trois candidats d’un parti. L’agenda est accompagné des reçus des dépenses citées dans le carnet et de feuilles tapées sur Word ou Excel montrant en détail les sommes d’argent payées aux agents et fournisseurs de services et produits.
Boissons pour Rs 1,7 million
Rien que pour des rafraîchissements, une somme de Rs 1,7 million a été dépensée pour les 16 jours de campagne électorale. C’est pour dire combien la loi est respectée ! Des containers au coût de Rs 70 000, le transport en autobus de sympathisants vers les lieux de meetings régionaux ou nationaux qui coûte au moins Rs 200 000 rien que pour une compagnie de transport et une autre appartenant à un certain Bassoo dont le montant n’est pas inscrit, la sonorisation à Rs 70 000, les tentes en location à Rs 50 000, les oriflammes à Rs 21 000 et la location de «bases» à Rs 164 000, entre autres. Tout cela pour un total de Rs 667 500.
«Free of charge» mais payé Rs 25 000
L’ennui avec la comptabilité des dépenses électorales, qui est nécessaire non pour respecter la loi mais pour le contrôle interne, c’est que cela peut laisser des traces. Et tomber entre les mains de personnes malintentionnées. Il existe le même problème pour les reçus. Si jamais un des fournisseurs décide d’en remettre un à la Commission électorale, reçu qui n’aurait pas été comptabilisé dans le return soumis, le parti pourrait s’attirer de sérieux problèmes juridiques. Selon ce que nous avons vu, seule une partie des dépenses a été rapportée. Et parfois, le fournisseur de services joue lui aussi le jeu de l’opacité. Ainsi, un habitant de Valetta qui a autorisé le MSM à utiliser ses locaux pour 23 jours a certifié à la Commission électorale l’avoir fait à titre gracieux. Or, sur la copie de ce même «return», Kistnen ou quelqu’un d’autre lui a fait signer un reçu pour Rs 25 000, histoire probablement de prouver aux dirigeants du parti qu’il a bien décaissé Rs 25 000 pour ces locaux déclarés comme gratuits.
Liste des agents
Le second lot de documents contient non seulement la liste des dépenses pour l’achat de produits ou la location de services mais aussi les sommes déboursées aux agents. Il y a même une liste complète de ces agents et chefs agents avec leurs coordonnées. Certains offrent leurs services gratuitement, d’autres non et les paiements sont passés comme la location de bâtiment, qui donne un total de Rs 100 000 exactement. Il est certain que tous les fournisseurs n’ont pas signé de reçus pour des raisons évidentes mais tous les reçus signés ne semblent pas avoir été remis à la Commission électorale car servant juste à la comptabilité interne. Aucun paiement ne semble avoir été effectué par chèque ou virement bancaire. Rien que du liquide.
Financement
Sur l’agenda, il est notamment mentionné que le Sun Trust a contribué à hauteur de «1200 m», «PM» Rs 1 million, un certain Bassoo «5000 m», un montant inscrit en abrégé étant difficile à deviner. Quand on ajoute, on note que «Yogida» aurait donné Rs 301 000, «Dookun» Rs 200 000. Alors que seules Rs 369 000 ont été déclarées.
Commencement de preuve par écrit
Selon un homme de loi, l’Electoral Supervisory Commission devrait se pencher sur ces documents. Même si ceux-ci ne constitueraient pas des preuves irréfutables des dépenses, ils pourraient être considérés comme un commencement de preuve par écrit. Et donner lieu à des investigations auprès des personnes ou sociétés dont le nom figure dans l’agenda ou sur des reçus comme bénéficiaires de ces paiements. D’autre part, les sources de financement devraient aussi être investiguées. Et bien que ces sources soient les candidats ou le Sun Trust ou autres comme un certain Bassoo, ces derniers devraient à leur tour indiquer la source de l’argent. «Ces dépenses ne représentent qu’une partie de l’argent reçu du privé ou d’ailleurs. Il serait intéressant de savoir combien a été empoché par les élus», nous dit un ancien politicien. Tout en ajoutant que ces dépenses ne concernent qu’une circonscription.
Bruneau Laurette déposera les documents relatifs aux dépenses électorales du MSM
<p>Le travailleur social a reçu ces documents sensibles. Il est prêt à les déposer en cour à la reprise des travaux de l’enquête judiciaire, le 15 janvier. Même si certains de ces documents sont des copies scannées, il nous revient que des originaux auraient déjà été remis au Directeur des poursuites publiques (DPP) qui les remettrait à l’enquête judiciaire présidée par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath. Ces documents pourraient, selon nos renseignements, constituer un des mobiles de l’assassinat éventuel de Soopramanien Kistnen tout comme d’autres documents et révélations de l’activiste concernant les magouilles pour l’octroi de contrats de marchés publics relatifs au Covid-19 ou autres comme celui du conseil de district de Moka Flacq. Voilà qui promet pour la reprise de l’enquête judiciaire au cas où ces documents soient évoqués par le DPP ou par les avocats de Kistnen et celui de Koomadha Sawmynaden ou par la magistrate. Pour rappel, l’agent du MSM a été retrouvé partiellement calciné dans un champ de cannes à Moka, le 18 octobre, deux jours après avoir disparu.</p>
Des fonctionnaires agents
<p>La liste d’agents du MSM dans cet agenda faisant office de <em>«carnet de campagne»</em> n’en finit pas de révéler de stupéfiantes informations. Ainsi, il y aurait au moins deux fonctionnaires. L’un aurait même été <em>«presiding officer»</em> lors de ces mêmes élections. On y trouve aussi le nom de Satyam Ramrattun entre autres ainsi qu’un frère Arian, témoin dans l’affaire Kistnen justement.</p>
Ces autres dépenses pas mentionnées
<p>Pour un ancien candidat du MSM, ces dépenses par centaines de milliers ne seraient que le sommet de l’iceberg. Car, pour lui, le chiffre réel pour cette circonscription avoisinerait les Rs 15 millions. Les grosses sommes n’étaient pas gérées par des sous-fifre, nous dit-il. Il nous parle de l’essence distribuée aux agents, de <em>«manze bwar»</em>, de voitures louées et de taxis, d’affiches, banderoles et autres pavillons qui ne sont pas mentionnés dans la liste qui a circulé. Cet ex-candidat rappelle aussi de gros déboursements allant parfois jusqu’à Rs 200 000 à une seule personne. Qui en seraient les heureux bénéficiaires ? <em>«Des agents de l’opposition ou d’autres leaders d’opinion que l’on fait ‘vire mam’. De moins grosses sommes d’argent sont aussi offertes à de simples électeurs pour les décider à se déplacer pour aller voter.»</em> En prenant des photos de leur bulletin ? À son époque, ce n’était pas le cas, nous dira-t-il.</p>
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