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Simla Kistnen affirme que son époux a rencontré le PM avant d'être tué

11 janvier 2021, 12:36

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Simla Kistnen affirme que son époux a rencontré le PM avant d'être tué

La veuve de Soopramanien Kistnen, dont le corps calciné a été retrouvé le 18 octobre 2020 dans un champ de cannes à Telfair, l’a dit samedi au DCP Budhoo du Central CID et nous l’a répété hier: son mari lui a dit qu’il avait rencontré Pravind Jugnauth en août 2020. Un entretien durant lequel Soopramanien, alias Kaya, dit avoir déballé tous les abus et frasques de Yogida Sawmynaden. Et que lui a répondu le Premier ministre ? Toujours selon Simla Kistnen, après avoir écouté Kaya, Pravind Jugnauth aurait conseillé à ce dernier de se faire opérer et de revenir le voir ensuite. On ne sait pas si le second rendez-vous a bien été pris et pour quand. Toujours est-il que Kaya n’aurait pas pu revoir le Premier ministre pour la simple et bonne raison qu’il fut assassiné le 16 octobre. Selon un ami proche de Kaya Kistnen, si cela s’avère, «le Premier ministre aurait une grande responsabilité dans la mort de Kistnen surtout si ce dernier a été ‘liquidé’.»

Est-ce qu’en attendant l’opération de Kistnen, le Premier ministre a fait part des propos de Kistnen à Yogida Sawmynaden ? Nous avons voulu poser cette question au conseiller du PM, Ken Arian. Mais notre première question qui lui a été adressée lui demandant si le PM a bien rencontré Kistnen juste avant la mort de ce dernier est restée sans réponse.

La déposition n'empêchera pas la «Private Prosecution»

Simla Kistnen avait déjà porté plainte pour l’affaire d’emploi fictif auprès de l’ICAC le 8 décembre. Mais cela n’a rien donné jusqu’à présent. D’où la Private Prosecution qu’elle a entrée en cour de district de Port-Louis. Que se passera-t-il maintenant que la police, à son tour, a décidé d’enquêter sur l’affaire d’emploi fictif ? La Private Prosecution tiendra-t-elle ?

C’est sur ordre de la magistrate Vidya MungrooJugurnath que le Central Criminal Investigation Department (CCID) a décidé d’ouvrir une enquête sur l’enregistrement de Simla Kistnen comme Constitutional Clerk du ministre du Commerce. Cette décision de la magistrate ferait suite à l’immobilisme de l’Independent Commission against Corruption (ICAC) après la plainte de la veuve de Soopramanien Kistnen. Cependant, une question s’impose : l’enquête policière supplantera-t-elle la Private Prosecution ? «Il est possible que les avocats de Yogida Sawmynaden demandent l’arrêt de la poursuite privée car il y a une enquête en parallèle par la police, nous dit un avocat, «mais il faudrait que la police vienne en cour avec au moins une charge provisoire contre le ministre Yogida Sawmynaden pour que l’option de laisser tomber la Private Prosecution soit envisagée.» Et le Directeur des poursuites publiques (DPP), fera-t-il la même demande ?

Charge provisoire ou formelle

Si la Private Prosecution est stoppée pour cette raison ou une autre, l’enquête de la police devrait en principe continuer ou, plutôt, démarrer. Il ne serait plus question de longs questionnements procéduraux en cour pour savoir si c’est une charge formelle ou provisoire qu’il faut, et ainsi retarder le moment pour entrer dans le fond de l’affaire. Pour Me Rama Valayden, cette affaire est assez simple et claire et les preuves sont là. D’ailleurs, Me Sanjeev Teeluckdarry avait dit la même chose quand Simla Kistnen avait déposé sa plainte à l’ICAC.

Enquête policière pas publique 

Pourtant, cette dernière n’aurait pas encore démarré son enquête et encore moins convoqué, même informellement, Yogida Sawmynaden. Un officier de l’ICAC nous avait fait savoir que l’institution avait trop d’affaires sur les bras… Le CCID se montre- ra-t-il plus efficace ? «Il devrait convoquer le ministre dans les jours qui viennent. Mais attendons voir», nous prévient un avocat. Tout en disant espérer que l’attente ne sera pas trop longue ou vaine. Théoriquement donc, l’enquête policière devrait mener à un procès le plus vite possible. Mais…

Ce qui est sûr, c’est qu’une enquête policière, contrairement à une Private Prosecution n’est pas publique et comporte des risques inhérents au secret de l’investigation, surtout dans des affaires impliquant des personnes influentes. Souvenez-vous de la déposition en catimini de Pravind Jugnauth à l’ICAC dans l’affaire Angus Road

Pour Yogida Sawmynaden et le gouvernement, une enquête policière serait de loin préférable à une Private Prosecution alors que les audiences de celle-ci commençaient à embarrasser sérieusement le pouvoir avec les apparitions en public de l’accusé. Surtout, avec tous les détails qui émergeront à l’intérieur du tribunal.

Dans tous les cas de figure, il sera difficile pour les avocats de Yogida Sawmynaden de se débarrasser de la Private Prosecution aussi facilement, d’autant plus que, selon nos informations, la déposition de samedi concernerait de différentes charges liées à de l’escroquerie.

Il ne faut pas oublier que le DPP avait stoppé la Private Prosecution engagée par Bruneau Laurette dans l’affaire Wakashio parce que, entre autres, les accusés n’avaient pas pu donner leur version à la police. Pour la Private Prosecution contre Yogida Sawmynaden, reviendra-t-on avec le même argument ? L’enquête du CCID et une prompte interpellation du ministre pour donner sa version des faits ne pourront que servir la Private Prosecution. Sauf si on maintient qu’une charge formelle n’est pas possible par un simple citoyen. Dans ce cas, il faudra faire avec l’enquête policière.