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Le zéro plastique: Rodrigues où il fait bon vivre

13 janvier 2021, 21:00

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Le zéro plastique: Rodrigues où il fait bon vivre

Une plage sans un gobelet en plastique qui traîne. Ni cuillère, fourchette ou assiette blanche jetée sans le moindre égard pour le travailleur qui devra tout nettoyer comme à son habitude. Pas de sac en plastique qui virevolte dans l’air pour atterrir dans votre panier. En tout cas, cette vision paradisiaque, les Rodriguais la vivent au quotidien depuis quelques années déjà. Et l’on espère que ce sera également le cas à Maurice, d’ici peu. «La vision d’une île écolo.» C’est du moins ce qu’espèrent différents interlocuteurs interrogés.

Pour Jogime François, président du Mouvement solidarité Rodrigues, les Rodriguais ont déjà commencé à s’en remettre à d’autres moyens pour ne plus utiliser le plastique à usage unique. «Depuis son abolition, on s’est tourné vers l’artisanat. Et cela a même permis à plusieurs fabricants d’avoir une bouffée d’air frais, surtout en cette période.» Ainsi, en faisant son marché, le Rodriguais milite pour l’utilisation de la tente en vacoas. Et cela ne s’arrête pas en aussi bon chemin. «On se sert aussi de goblets en papier. La vie ne s’arrête pas au plastique. Nous avons plusieurs petits entrepreneurs qui justement fabriquent des objets pour remplacer les conteneurs ou autres couverts en plastique.» Jogime François soutient qu’avec de la persévérance et une bonne conscientisation, les Mauriciens pourront réapprendre à vivre et en même temps à soutenir la planète.

C’est également le ressenti de Claudarel Botshare. Il raconte qu’au début, les Rodriguais avaient les mêmes appréhensions que les Mauriciens. «On se demandait comment faire pour survivre sans plastique. Mais petit à petit, on y est arrivé même si ce n’est pas nécessairement à 100 %.» En effet, il souligne que certains produits sont toujours vendus dans des sacs en plastique. «Prenez le sucre. Mais je pense que l’on travaille pour trouver une autre matière ou encore un plastique recyclable.» Claudarel Botshare est un fervent défenseur de la nature. «Plusieurs études ont démontré que le plastique est le produit le plus polluant de la terre. Un véritable ‘eye- sore’. L’utilisation de conteneurs en plastique peut même avoir un effet négatif sur la santé des gens, voire même causer le cancer.»

Toutefois, soutient Stiwandy Clair, éliminer le plastique c’est bien, mais il faut trouver un dérivé qui ne posera pas de problème. «On a commencé à commercialiser des conteneurs écolo, mais ils ne semblent pas réellement adaptés à la situation. Ces alternatives méritent d’être mieux étudiées avant l’utilisation.» Par exemple, les couverts ou assiettes employés absorbent souvent le bouillon du repas. «On se sert de couverts en bois, mais quelques fois si vous allez manger dans votre bol ou take-away réutilisable, il est préférable d’apporter votre cuillère. Je préfère ne même pas penser à la paille à boire en papier. Quelquefois, vous ressentez le goût du papier plus qu’autre chose.» Toute- fois, il concède que ses compatriotes ont fait beaucoup d’effort pour essayer de bannir le plastique de leur quotidien. «Je pense que l’on arrivera à vivre dans une île écolo.» Exemple à suivre pour Maurice…

Richard Payendee : «Bientôt, il n’y aura plus de fleurs en toc…»

Le commissaire de l’environnement à Rodrigues continue sa croisade contre le plastique. En effet, Richard Payendee envisage déjà de bannir les fleurs en plastique. «On opte pour les fleurs naturelles.» Il faut souligner que ses efforts ont été récompensés. Les Rodriguais essayent de stopper l’utilisation du plastique. «Il faut leur montrer qu’il y a une alternative.» Il souligne qu’au début, la commission a dû faire face à une hostilité, surtout de certains commerçants. «Ils ont même saisi la cour.» Mais une fois la loi passée, les gens ont adhéré. «Ils aiment surtout leur île. Et notre programme ‘I Love Rodrigues’ a encore plus conscientisé les habitants sur les méfaits du plastique. Il ne faut pas faire pleurer l’île mais la faire sourire», ajoute Richard Payendee. Il avance que la commission en début de cette campagne est même allée distribuer des tentes en vacoas. On s’est rendu sur les marchés, dont celui de Port-Mathurin, et on a demandé aux gens de nous donner leurs sacs en plastique en échange d’une tente en vacoas. Ceux qui veulent acheter de la viande amènent un conteneur et y mettent leur viande. Les gens étaient soucieux mais maintenant tout va mieux.

Le directeur de l’environnement clarifie les échéances

Confusion entre industriels et public sur les produits en plastique qui seront interdits à partir du 15 janvier 2021, du 15 avril 2021 et du 15 janvier 2022 respectivement. Le directeur de l’Environnement, Shiv Sewbaduth, a tenu à apporter les clarifications suivantes. À partir du vendredi 15 janvier 2021, c’est-à-dire dans deux jours, sont interdits tous les produits à usage unique en plastique non-biodégradable. Quelques produits en plastique ont obtenu un moratoire de trois mois et seront donc interdits à partir du 15 avril 2021.

En revanche, «en consultation avec des producteurs locaux, nous avons décidé de repousser au 15 janvier 2022 l’interdiction des gobelets et bols jetables utilisés pour l’emballage d’aliments tels que produits laitiers, yaourts, glaces et desserts ainsi que des plateaux jetables de produits frais, cuits et précuits tels que viandes, charcuteries, burgers, fruits de mer et fromages», confie Shiv Sewbaduth. Cependant, il précise que pour les bouteilles en plastique, un règlement est en voie de finalisation au ministère. «Nous travaillons sur une liste additionnelle de produits en plastique non-biodégradable à usage unique qui seront interdits à partir de janvier 2022. Nou pé gété ki produi ki pou allow ek ki produi fini gagn alternativ pou le moman», indique le directeur de l’Environnement.

À Maurice on s’en débarrasse!

Le ministère de l’Environnement ne compte pas baisser les bras dans sa lutte contre l’utilisation du plastique. L’Environment Protection (Control of Single Use Plastic Products) Regulations 2020 promulgués en 2020 et l’Environment Protection (Banning of Plastic Bags) Regulations 2020 de septembre 2020, interdisent l’utilisation de produits en plastique non-biodégradable et à usage unique. Un communiqué émis le vendredi 8 janvier aura pu semer le doute autant chez les consommateurs que chez les producteurs. En fait, les mesures sont étalées en plusieurs étapes en 2021-2022. Mais certaines entrent bien en vigueur le 15 janvier. Nous vous éclairons !

Les produits bannis à partir du 15 janvier 2021

  • Les couverts en plastique, donc tout ce qui est fourchettes, couteaux, cuillères ou baguettes. o
  • Les assiettes en plastique jetables
  • Les gobelets en plastique jetables
  • Les bols en plastique jetables
  • Les plateaux en plastique jetables
  • Les touillettes à boisson en plastique.
  • Les conteneurs à charnière
  • Les couvercles de récipients en plastique à usage unique
  • Tous les récipients en plastique destinés à la consommation immédiate, sur place ou à emporter.
  • Les produits interdits à partir du 1er mars 2021
  • Les sacs plastiques nonbiodégradables en rouleaux
  • Les petits sacs plastiques qui servent notamment à emballer les «doll-puris», «fruits confits», entre autres.
  • Les sacs transportés par les passagers débarquant à l’aéroport ou arrivant au port et qui contiennent leurs achats des boutiques hors-taxes.
  • Tous les types de sacs en plastique non-biodégradable conçus pour l’exportation.

Les produits interdits à partir du 15 avril 2021

  • Les pailles individuelles et celles attachées aux briques de boisson
  • Les plateaux en plastique (barquettes) et les conteneurs à charnière utilisés pour l’emballage de produits frais, frigorifiés ou cuits, tels que fruits, légumes, faratas, pâtisseries et viennoiseries.

Produits interdits à partir du 15 janvier 2022

  • Les gobelets et bols jetables utilisés seulement comme emballage de produits alimentaires, tels que produits laitiers, yaourts, glaces et desserts.
  • Les plateaux jetables (barquettes) utilisés pour l’emballage de produits alimentaires frais, cuits et précuits tels que les viandes, charcuteries, burgers, fruits de mers et fromages.

Le communiqué du ministère précise que, dans ce contexte, les entreprises locales de production alimentaire seront bientôt appelées à s’inscrire auprès du ministère. D’autre part, le même communiqué souligne qu’une liste additionnelle de produits en plastique non-biodégradable à usage unique, qui seront interdits à partir de janvier 2022, est actuellement en préparation.

Les produits exemptés

  • Tous les produits en plastique ne sont cependant pas bannis. Certaines exceptions demeurent. Elles sont :
  • Les sacs servant à l’élimination des déchets (sacs-poubelles) – déchets sanitaires, agricoles, médicales. 
  • Les sacs faisant partie intégrante de l’emballage de marchandises, de matériaux ou de produits scellés avant la vente sur le marché local ou pour l’exportation.
  • Les sacs transparents réformables avec dispositif de sécurité utilisé par un passager pour transporter des liquides, des aérosols et des gels à l’aéroport, à bord d’un avion ou utilisé par un passager en transfert.

Les amendes

Si ces lois ne sont pas respectées, des amendes sont prévues. À partir du 1er mars 2021, aucun individu n’aura le droit d’être en possession, d’utiliser, de vendre, de distribuer, d’importer, d’exporter ou de fabriquer des sacs en plastique. Si ces règlements ne sont pas respectés, voici ce que vous risquez :

  • Possession ou utilisation : une amende ne dépassant pas Rs 2 000
  • Vente ou distribution : une amende ne dépassant pas Rs 20 000
  • Fabrication, importation ou exportation : une amende ne dépassant pas Rs 100 000.
  • Importation ou fabrication de sacs en plastique biodégradable ou compostable mais non conformes à l’Environment Protection (Banning of Plastic Bags)
  • Regulations 2020 : une amende ne dépassant les Rs 100 000.