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Licence d’élevage de poissons: enquête interne au PMO sur le ministre Maudhoo

19 janvier 2021, 22:00

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Licence d’élevage de poissons: enquête interne au PMO sur le ministre Maudhoo

Le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, se retrouve-t-il en eaux troubles ? Après les allégations faites par Sulakshna Runjeet, la directrice de la société Supam Export Ltd, il nous revient que le bureau du Premier ministre (PMO) aurait demandé des explications au ministre. Une enquête a débuté au PMO afin de pouvoir répondre à la dénonciatrice en attendant que l’affaire soit prise par la commission anticorruption.

Cette directrice de compagnie, qui dit avoir eu des difficultés pour renouveler sa licence pour l’élevage de poissons ornementaux depuis l’année dernière, a envoyé une lettre à Pravind Jugnauth dans laquelle elle allègue qu’un proche du ministre lui aurait exigé un partenariat et selon un des termes de cet accord, elle devrait verser une somme d’argent pour un «service VIP», qu’elle considère être du «protective money». De plus, elle accuse ce proche du ministre, Sooryanand Kurrumchand, le directeur de Suchi Technologies d’avoir «copiécollé» son projet.

Il faudra s’attendre à des développements au cours de la semaine. «Je ferai d’autres dénonciations prochainement», promet Sulakshna Runjeet.

Concurrent fraîchement incorporé

D’ailleurs, peu après qu’elle a dénoncé cette situation au chef du gouvernement, son permis a été partiellement renouvelé, jeudi. Le ministre de la Pêche veut visiter son entreprise avant de compléter la démarche. «Mon permis était renouvelé sans difficulté depuis 2014. Toute cette peine survient après que Suchi Tehnologies a fait une demande de licence alors qu’elle n’a pas l’expérience. Demandez-vous pour quelle raison l’ami du ministre nous a contactés que quand nous avons des difficultés ?» dit-elle.

Une petite enquête au Registrar of Companies prouve effectivement que Suchi Tehnologies est une entreprise fraîchement créée. Elle a été incorporée le 21 janvier 2020. D’après les données disponibles, la distribution de produits alimentaires et non alimentaires, la technologie informatique, la pêche artisanale et l’aquaculture sont les principales activités de cette société dont le siège se trouve à la rue Edith Cavell à Port-Louis. Sooryanand Kurrumchand est l’un des directeurs de l’entreprise. Il avoue que sa société est peu expérimentée dans le domaine de l’aquaculture, mais il insiste que toute entreprise a le droit de commencer quelque part.

«Ni partenaires ni voisins»

De plus, il rejette les allégations faites à son encontre. «Je n’ai jamais rencontré cette femme. Toutefois, un de mes employés m’a fait rencontrer son mari qui est venu à mon bureau. Je lui ai demandé des conseils sur la pêche artisanale et nous avons parlé d’aquaculture. À aucun moment, je ne lui ai proposé un partenariat pour qu’il ait son permis ni demandé une somme d’argent pour un service VIP. Ce sont des allégations graves.»

Devant notre insistance, Sooryanand Kurrumchand confirme qu’il a fait une demande de permis pour l’élevage de poissons ornementaux tout en niant avoir copié le projet de Supam Export Ltd.

Il avoue aussi côtoyer le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, depuis «très longtemps mais qu’ils ne sont ni partenaires ni voisins». Il nie qu’il aurait des faveurs du ministre. Cependant, il nous revient que le ministre de la Pêche aurait déjà approuvé sa licence, mais elle n’a pas encore été livrée.

De plus, le directeur de Suchi Tehnologies croit que Sulakshna Runjeet a peur de la concurrence. «J’ai pris contact avec mes hommes de loi. S’il faut entamer des poursuites, je le ferai», dit-il.

Silence du ministre

En revanche, depuis jeudi, nous essayons d’avoir la version du ministre Sudheer Maudhoo, mais il n’a répondu à aucun de nos appels faits sur son portable. Comme c’est une affaire d’intérêt public et pour équilibrer notre article, nous l’avons une nouvelle fois appelé, hier, lundi 18 janvier.

Un mail lui a également été envoyé avec une copie à sa secrétaire. Cette dernière nous a fait comprendre que le ministre n’était pas disponible pour nous répondre.