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Yatin Varma: reculer pour mieux sauter !

30 janvier 2021, 22:00

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Yatin Varma: reculer pour mieux sauter !

À peine installé, le voilà qui se met à critiquer ses confrères, notamment ceux qui font partie de l’équipe des Avengers et surtout celui qui est à sa tête, à savoir Rama Valayden. Dans certains milieux, on avance que s’il a choisi de briguer le poste de président du Bar Council, c’est parce qu’il veut contrer les actions des membres de cette équipe. Toutefois, le principal concerné dément en bloc. 

Ses commentaires à propos des Avengers sur les ondes d’une radio privée ont suscité une réaction de Rama Valayden. Celui-ci s’est demandé si le président du Bar Council ne souhaitait pas voir des avocats faire éclater la vérité. 

Et hier matin, un autre membre de l’équipe des Avengers, Anoup Goodary, a, dans un post sur sa page Facebook, répliqué que cette équipe des Avengers travaille pro bono alors que beaucoup d’hommes de loi n’ont pas ce courage-là. Il a ajouté que les avocats qui interviendront lors du meeting dimanche tiendront un langage de vérité. Mais c’est sur le plan politique que Yatin Varma, 47 ans, s’est surtout fait remarquer. Après avoir fréquenté le collège Royal de Curepipe et le Mahatma Gandhi Institute (MGI), il part étudier le droit à Londres. Son confrère, Kushal Lobine, le connaît bien. «Nous avons des relations familiales. Déjà à l’époque, au collège Royal de Curepipe, nous étions bons amis et quand nous nous sommes rencontrés en Angleterre, nos relations se sont renforcées.» Le député du Parti Mauricien Social-Démocrate le décrit comme «un bon garçon, très discipliné.» Une discipline qu’il a sans doute héritée de ses parents, connus comme des gens très pieux et qui ont évolué au niveau social. 

Un autre avocat, qui le connaît très bien aussi est Assad Peeroo. Celui-ci partage la même opinion que Kushal Lobine et le qualifie de «gentleman» et «d’homme respecté et qui sait respecter les autres.» 

Toutefois, ce n’est pas l’opinion de certains hommes politiques. À commencer par Vasant Bunwaree, qui a eu des relations tumultueuses avec lui pendant de longues années. Toutefois, il ne veut pas en dire davantage. 

Yatin Varma a embrassé une carrière politique à partir de 1999. Il était proche du Parti Travailliste, même si Assad Peeroo se rappelle que quand ils discutaient politique, la vision de Yatin Varma rejoignait plutôt celle du Mouvement Socialiste Militant. Mais les Varma ont toujours été proches du PTr et c’est sans surprise qu’il a été candidat du Labour aux élections générales de septembre 2000 dans la circonscription de Mahébourg-Plaine-Magnien (N°12). Comme ses deux colistiers, il a été battu à plate couture. 

La revanche a été douce pour lui et ses camarades du Labour en 2005. Il a été élu en tête de liste, toujours au N°12. Toutefois, c’est son colistier, Vasant Bunwaree, élu en troisième position, qui a été nommé ministre. Ce qui lui a laissé un goût amer. C’est alors que débutent les animosités entre eux. 

Vasant Bunwaree n’a rien oublié mais estime qu’il vaut mieux «ne pas rouvrir les plaies», dit-il, en nous conseillant d’aller faire nos propres recherches. C’est justement ce que nous avons fait. 

Il y a eu, par exemple, cet incident entre les deux élus du N°12 àl’Assemblée nationale, le 1er décembre 2009. N’était-ce l’intervention de quelques députés, notamment du ministre des Sports, Sylvio Tang, il y aurait eu des coups d’échangés entre eux lors de la pause thé. 

C’est une réponse de Vasant Bunwaree qui a tout déclenché. Yatin Varma lui avait posé une question au sujet de Deepak Tulsidas, qui était alors président du Human Resource Development Council (HRDC). Vasant Bunwaree, à l’époque ministre de l’Education, a donné des détails sur l’allocation de Deepak Tulsidas. «His fee is Rs 15 000 but he draws only Rs 12 500 after tax deduction. We know it is very important for us to pay taxes, if not, we may be chased by the Mauritius Revenue Authority. I hope the Honourable Member knows what I a am saying». Une phrase que beaucoup de parlementaires n’avaient pas comprise sur le moment mais Vasant Bunwaree faisait alors référence à une évasion fiscale connue de Yatin Varma…. 

Et le ministre Bunwaree a enfoncé le clou quand, faisant toujours référence à Deepak Tulsidas, il a répondu que la personne en question n’a jamais frappé à la porte des ministres pour solliciter une quelconque faveur ! À cette époque, il y avait une lettre attribuée à Yatin Varma, qui circulait et qui se lisait comme suit : «I would be grateful if you could kindly consider appointing me as legal advisor on a monthly basis to one of your institutions falling under your responsibility». Quelques semaines plus tard, Paul Bérenger avait fait circuler une correspondance semblable adressée au Medical Council. Et c’est ainsi que le public avait appris que Yatin Varma était le conseil légal de plusieurs institutions parapubliques. 

Aux élections de 2010, Yatin Varma n’est pas candidat. Il est le Campaign manager de Navin Ramgoolam à Pamplemousses-Triolet (N°5) et après la victoire du PTr-MSM, il est nommé Attorney General. 

C’est à ce poste qu’il va vivre un épisode gravé à jamais dans la mémoire de nombreux Mauriciens et sans doute dans la sienne. Le 4 mai 2013, la voiture qu’il conduit entre en collision avec un autre véhicule conduit par Florent Jeannot, un étudiant de Flic-en-Flac. Celui-ci accuse Yatin Varma d’être descendu de voiture et de lui avoir infligé des coups de poing. Un incident qui a eu un impact direct sur la carrière politique de Yatin Varma puisqu’il a dû démissionner comme Attorney General. De plus, il n’a pas obtenu de ticket pour les élections de 2014. 

Par rapport à cet accident, Yatin Varma a tenté d’arriver à un compromis avec la famille Jeannot. Il s’est même rendu chez la famille avec une bouteille de champagne pour tenter d’arranger les choses. Mais cette démarche a été vaine. Quelques jours plus tard, il aurait tenté de se suicider. Mais on n’a jamais su le fin mot de l’histoire car il a aussi été question qu’il se soit trompé de bouteille et ait ingurgité, par inadvertance, de l’herbicide. Toujours est-il qu’un an plus tard, il a été acquitté dans l’affaire Jeannot. Ce qui l’a encouragé à se jeter à nouveau dans l’arène politique. Il a fait campagne pour le PTr, cette fois, dans la circonscription de Piton-Rivière-du-Rempart (N°7) lors des élections de 2019. Il était en conflit avec Satish Faugoo, autre candidat désigné du Labour au N°7. Au final, il n’a pas obtenu de ticket. 

Après les élections, Yatin Varma a donné une interview à l’express dans laquelle il a demandé à Navin Ramgoolam de se retirer. Et au cours de la première réunion de l’exécutif du PTr en janvier 2020, le leader des Rouges, avec le soutien d’autres membres de l’exécutif, lui a rendu la monnaie de sa pièce en le faisant expulser du parti. Il en a été de même pour Pratibha Bholah, Balkissoon Hookoom et Raj Pentiah. Annonçant l’expulsion de Yatin Varma, Navin Ramgoolam avait rappelé que c’est parce qu’il n’avait pas obtenu de ticket aux élections générales de 2019 que l’avocat a commencé à critiquer le PTr. «Comment accorder un ticket à quelqu’un qui a battu un jeune et tenu des propos racistes à l’égard de Satish Faugoo ?», s’est demandé le leader des Rouges. Depuis son expulsion du PTr, on n’a plus vu Yatin Varma sur la scène publique jusqu’à janvier 2021, quand il a été élu haut la main président du Bar Council. Et selon certains, on entendra encore parler de lui dans les semaines qui viennent car il lorgnerait le poste d’Attorney General, chose qu’il dément.

 


Yatin Varma: «C’est une farce de dire que je convoite le poste d’Attorney General»

<p>Sollicité pour répondre à tout ce qui se raconte sur lui, le nouveau président du Bar Council a soutenu qu&rsquo;il est apolitique et a démenti l&rsquo;information à l&rsquo;effet qu&rsquo;il serait prochainement nommé <em>Attorney General. &laquo;Depuis un an, j&rsquo;entends dire qu&rsquo;il y a un lobby des organisations socio-culturelles pour que je sois nommé Attorney General. Mais vous voyez bien que c&rsquo;est faux.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Au sujet de son élection au Bar Council et pour laquelle, selon la rumeur, il aurait bénéficié du soutien des avocats du Parquet, il dit ceci : <em>&laquo;On le dit mais comment le savoir car le vote est secret ? Et si effectivement, j&rsquo;ai bénéficié de ces votes, c&rsquo;est que ces avocats du Parquet pensent que je ferai bien mon travail.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Yatin Varma ajoute que c&rsquo;est sur les conseils de ses aînés qu&rsquo;il a décidé de se présenter à cette élection. Le président du Bar Council refuse d&rsquo;utiliser l&rsquo;appellation Avengers pour le groupe d&rsquo;avocats qui se fait appeler comme tel. <em>&laquo;J&rsquo;ai mon opinion sur eux et cela sera discuté dans les forums appropriés.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Yatin Varma dit attendre de connaître la teneur des interventions au cours du meeting de dimanche avant d&rsquo;émettre une opinion sur certains hommes de loi.</p>