Officiellement, cet entrepreneur est décédé d’un œdème pulmonaire. Mais la question que se pose un médecin est : «Comment peut-on savoir si la personne est morte ainsi alors que le corps était calciné, même partiellement ?» Bien que la police semble écarter la thèse d’un assassinat pour le moment, les proches de la victime se demandent pourquoi il y a une telle conclusion aussi tôt. D’autres interrogations ont fait surface après que des enquêteurs ont parlé de l’état d’ivresse de Soopramanien Kistnen au moment de sa mort. «Il ne boit pratiquement jamais», confirme-t-on dans son entourage. De toute façon, la possibilité que la victime se soit suicidée après une dispute familiale est rejetée en chœur par ses proches que nous avons rencontrés.

Le plus troublant dans cette affaire, c’est la révélation d’une personnalité que Kistnen a rencontrée il y a un mois. La victime était venue la voir pour lui dire qu’il en avait assez de subir les misères d’une haute personnalité politique orange qui l’utiliserait pour exécuter des travaux sans que Kistnen ne soit payé correctement. Le défunt aurait aussi parlé d’un appel d’offres auquel il aurait été invité à participer mais juste pour faire le nombre, le contrat ayant finalement été alloué à un autre proche de la personnalité politique. Comme Kistnen était connu pour être gentil et même trop gentil, on l’aurait utilisé en plusieurs occasions dans ce genre de manœuvre. La personnalité politique ne réalisait pas que Kistnen aurait fini par découvrir qu’on l’utilisait à chaque fois. C’est pour cela qu’il aurait décidé de tout dévoiler. Mais malheureusement, il est mort avant de pouvoir le faire.

Reproches et menaces

Soopramanien Kistnen exécutait beaucoup de travaux notamment pour le compte du Conseil de district de Moka. Et c’est lui qui avait installé les barricades sur la plage de Pomponette où un des projets d’hôtel les plus controversés était en cours. Mais ses affaires avec les institutions publiques ne lui rapportaient pas grand-chose, disent ses proches. Ainsi, il aurait accumulé d’énormes dettes. Malgré tous ses déboires, nous dit-on, Kistnen n’aurait jamais songé à se suicider. D’ailleurs, le suicide est d’emblée exclu, vu la façon dont il a péri dans un champ de cannes. On nous rapporte aussi que des gorilles proches de cette personnalité politique auraient reproché à Kistnen de parler à gauche et à droite de leur patron et surtout de menacer de faire des révélations.

Ses proches ne comprennent toujours pas comment et pourquoi il est mort. Ils veulent croire que la police résoudra bientôt cette énigme. Soopramanien Kistnen n’était pas comme ses confrères entrepreneurs, qui ont la chance de décrocher des contrats auprès des autorités. Et il n’était pas riche. Il habitait une modeste demeure à Montagne-Ory qu’il louait d’un proche. Il était reconnu par tous pour sa gentillesse et comme quelqu’un toujours disposé à aider les autres. Toutes les personnes, y compris ses voisins, sont unanimes pour dire que Kistnen n’avait pas d’ennemi et que, si on l’a tué, c’était un crime commandité.