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Affaires étrangères: un fauteuil éjectable ?

13 février 2021, 21:06

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Affaires étrangères: un fauteuil éjectable ?

Les quatre dernières décennies ont été marquées par de fréquentes démissions ou révocations du chef de la diplomatie mauricienne. Petit plongeon dans l’histoire.

Depuis 1982, une demidouzaine des politiciens qui ont occupé le portefeuille des Affaires étrangères sont souvent entrés en conflit avec le Premier ministre du moment. Certains ont claqué la porte et d’autres ont été révoqués.

Avant Nando Bodha qui a démissionné de ses fonctions de chef de la diplomatie mauricienne, et qui par la même occasion s’est retiré du Mouvement socialiste militant, samedi dernier, il y a eu Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui a démissionné de son poste de député en mars 2019, forçant du même coup le Premier ministre Pravind Jugnauth à organiser des élections anticipées.

Retour sur les dates de démission ou de révocation des divers ministres des Affaires étrangères. Si entre 1976 et 1982, sir Harold Walter, l’un des plus fidèles du Parti travailliste, a conservé son poste aux Affaires étrangères durant tout le mandat du gouvernement, c’est à partir de 1982 qu’on a assisté aux premiers conflits entre les titulaires et les Premiers ministres de l’époque.

Mars 1983 : Après les élections de juin 1982, JeanClaude de l’Estrac est nommé à ce poste. Neuf mois après, une aile du Mouvement militant mauricien (MMM) dirigée par Paul Bérenger et Jean Claude de l’Estrac mène la vie dure à sir Anerood Jugnauth. Le tandem Bérenger-de L’Estrac et d’autres ministres quittent le gouvernement.

1986 : Anil Gayan occupe ce fauteuil, après les élections d’août 1983. Mais à la suite de l’épisode d’Amsterdam Boys, il claque la porte avec trois autres ministres connus comme la bande K. Il y avait Kadress Pillay, Kishore Deerpalsing et Kader Bhayat. Gayan a comme prénom Anil Kumar.

Si sir Satcam Boolell est révoqué en 1984 alors qu’il est ministre du Plan et du développement économique, en 1990, il est une nouvelle fois révoqué par sir Anerood Jugnauth en tant que chef de la diplomatie mauricienne.

Août 1993 : Deux ans après la grande victoire de l’alliance MSM-MMM en septembre 1991, Paul Bérenger, vicePremier ministre et ministre des Affaires étrangères, est révoqué par sir Anerood Jugnauth, après le fameux dîner entre lui (Paul Bérenger) et Navin Ramgoolam, alors leader de l’opposition. Le MMM se scinde en deux et ceux qui restent au gouvernement créeront le Renouveau militant mauricien (RMM).

Juin 1997 : Après un 60-0 Ptr-MMM en décembre 1995, Paul Bérenger, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, est appelé à prendre la porte de sortie par Navin Ramgoolam alors Premier ministre, à la suite d’un conflit entre les deux personnalités, qui aura duré plusieurs mois.

Mars 2008 : Madan Dulloo est révoqué par Navin Ramgoolam. Chef de la diplomatie mauricienne, il est accusé de se désolidariser du gouvernement.

Ensuite surviendront la démission de Vishnu Lutchmeenaraido et plus récemment celle de Nando Bodha.

Selon Milan Meetarbhan, observateur politique, la plupart du temps, ce sont des «senior figures» qui sont nommés à ce poste : «À part Etienne Sinatambou, qui a occupé ce poste pendant deux ans, il y a toujours eu un ministre, qui soit était chef de parti comme sir Satcam Boolell et Paul Bérenger, soit qui aspirait à devenir Premier ministre, à l’instar de Madan Dulloo, Arvin Boolell.»

Ce dernier déclare qu’un ministre des Affaires étrangères, par ses voyages, est tenu à l’écart des grandes décisions prises par le gouvernement, ce qui peut créer une certaine dissension. Toutefois, il ajoute qu’un tel poste est la vitrine du pays et doit être occupé par une personne ayant politiquement une grande force mentale, mais aussi bien sûr une grande maîtrise de la diplomatie.