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Un taximan remercie Dieu pour être toujours en vie

14 février 2021, 16:30

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Un taximan remercie Dieu pour être toujours en vie

Ce chauffeur de taxi a été tabassé et laissé pour mort par le passager qu’il avait conduit à Belle-Rive. L’agresseur serait un toxicomane sans domicile fixe. Sa voiture volée a été retrouvée le lendemain.

15 h 30, mercredi. Les couloirs de l’hôpital Victoria, à Candos, grouillent de monde. Ils sont tous là pour visiter leurs proches. Rakesh Raghoonundun gît dans son lit. Il est seul. Ce chauffeur de taxi de 49 ans est admis depuis vendredi dernier après avoir été victime d’une agression sauvage à Belle-Rive. Il a été tabassé et laissé pour mort alors que sa voiture, une Toyota Axio, a été volée.

Une quinzaine de minutes plus tard, sa mère, Kisnawtee Raghoonundun, âgée de 69 ans, et sa tante arrivent. Elles sont talonnées par son frère, Ravin. Les proches de Rakesh font le va-et-vient depuis Petit-Bel-Air pour être à son chevet. Kisnawtee ne cesse de remercier le ciel d’avoir protégé son fils. «Kan monn tann sa, monn dir mo piti fini. Mo tinn perdi kouraz. Mo ti pense li pa pu sorti ladan», sanglote la sexagénaire. Elle explique que le vendredi 5 février, Rakesh, qui est célibataire et habite toujours avec elle, a quitté la maison comme à l’accoutumée pour se rendre à la place de taxis de Ville-Noire, Mahébourg, et faire des courses. Mais elle était loin de se douter que le malheur guettait son fils. «Sa mem so gagn-pain. Dimoun move. Zot bate kouma narnie ditou», lâche-t-elle. Ravin, le frère de la victime, ajoute que vendredi après-midi, un ami devait l’appeler pour lui dire que son frère avait été admis à l’hôpital Victoria. «J’étais loin de me douter qu’il s’agissait d’une agression. Monn pense mo frer so tension inn baissé. Kan monn vinn get li lopital, bann infirmier dir moi li dan la salle loperasion. Et kan monn truv li, monn gagn sok. Sa kalite bate la, pa humain sa», confie-t-il.

Bandages sur la tête, sur l’œil gauche, aux oreilles et au bras, le quadragénaire est faible. Il peine à s’exprimer, mais tient quand même à raconter le cauchemar qu’il a vécu entre les mains de son agresseur. C’est vers 11 h 30, vendredi, que l’agresseur l’a approché. «Enn misie inn vinn vers moi la place taxi Ville-Noire ek linn dir moi fer enn course pou li, pou ale kot enn kalimaye Belle-Rive. Li ti bisin recuper bann zouti laba. Monn dir li rentre», relate l’habitant de Petit-Bel-Air.

Une quarantaine de minutes plus tard, les deux hommes sont arrivés à destination. «Kan nunn arriv kot kalimaye, linn dir moi si mo kapav donne li enn koud min pou sarye zouti. Monn aksepte.» Il l’aide donc à transporter des marteaux, des barres de fer, des carreaux de céramique et d’autres outils jusqu’à la voiture. Lorsque Rakesh Raghoonundun revient au temple pour récupérer d’autres outils, le passager en profite pour lui réclamer de l’argent, une somme de Rs 650 qu’il avait en sa possession, et pour l’agresser. «Linn pran feray linn koumens tap moi. Ler li pe bat moi, mo pe trouv la mort devan moi. Li pe eclat marbre lor mo latet. Mo dir aster la mo fini. Mo nek larg mo lekor enba, mo dir Bondie si monn fer pese pardonn moi, sap mo lavi. Si zordi mo enkor an vi, se gras a Bondie», raconte avec émotion la victime. Ensuite, il aurait perdu connaissance et se serait réveillé plus tard, dans une mare de sang.

Pour demander de l’aide, Rakesh Raghoonundun a dû marcher environ une heure, avec ses blessures qui saignaient, pour rejoindre la route principale. «Sa plas kot nou ti ale la, enn plas retire.» Il devait s’évanouir sur un arrêt d’autobus et des passants auraient alors alerté la police.

Le suspect passe aux aveux

Une véritable chasse à l’homme a été enclenchée depuis l’agression sauvage du quadragénaire. L’Iron rod operation a été lancée pour intercepter toutes les voitures de la marque Toyota Axio aux endroits stratégiques dans l’Est. Un message radio a été envoyé à tous les postes de police et aux unités de patrouille. Aux petites heures du matin du samedi 6 février, la voiture volée a finalement été retrouvée. Les images des caméras Safe City l’ont flashée à La Vigie, Curepipe, alors qu’elle prenait la direction de Nouvelle-France. Une opération montée par le Field Intelligence Office du Sud, à la suite d’informations recueillies sur le terrain, a permis de retrouver la voiture, qui avait entre-temps été abandonnée dans un champ de cannes, à Britannia. Le présumé agresseur, Bhavish Nabobsing, 26 ans et sans domicile fixe, a été arrêté le lundi 8 février. Soumis à un interrogatoire serré par la Criminal Investigation Division de Quartier-Militaire, dirigé par l’inspecteur Moosun, Bhavish Nabobsing est passé aux aveux. Il a expliqué qu’une dispute a éclaté entre le chauffeur de taxi et lui sur le montant du trajet. Il avait pris le taxi le vendredi 5 février à Ville-Noire pour se rendre à Belle-Rive mais une fois arrivé, il dit avoir trouvé la somme réclamée par le chauffeur de taxi trop élevée. Une altercation aurait alors éclaté entre eux. Bhavish Nabobsing a agressé le chauffeur de taxi, qui en tombant, s’est blessé à la tête sur un objet qui se trouvait dans un champ de cannes. Il s’est alors enfui avec la voiture de la victime. L’enquête est placée sous la supervision de l’assistant commissaire Mannaram et de l’assistant surintendant Babajee. L’agresseur présumé, originaire d’un village du Sud, travaillait comme vigile mais il serait tombé dans la drogue, selon nos sources. Depuis, sa famille l’aurait abandonné et il n’aurait plus de domicile fixe. Il aurait connu une descente aux enfers et erre dans des villages du Sud et parfois de l’Est.