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Covid 19: Campagne de vaccination contrôlée et plus de 400 frontliners inéligibles

15 février 2021, 19:30

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Covid 19: Campagne de vaccination contrôlée et plus de 400 frontliners inéligibles

À la réception des 100 000 vaccins Covishield, élaborés par l’université d’Oxford et le groupe AstraZeneca et offerts à Maurice par le gouvernement indien, il était question de vacciner 5 000 personnes par jour. Or, dans la pratique, ce ne sont que quelque 200 à 300 personnes, qui reçoivent quotidiennement ce vaccin.

À hier, 2 344 personnes, – des travailleurs en première ligne comprenant le personnel du ministère de la Santé, ceux affectés à l’aéroport et aux autres ports d’entrée à Maurice et les hôteliers – avaient été vaccinées. D’aucuns s’étonnent de cette fréquence au ralenti par rapport à l’annonce faite initialement. En fait, 2 822 personnes avaient été pressenties pour être vaccinées mais 478 d’entre elles ne répondent pas aux différents critères attachés à la vaccination.

Or, cette vaccination contrôlée est un fait exprès, indique un médecin proche du dossier. C’est d’abord une question de réfrigération, nous dit cette source. «Des réfrigérateurs ont été installés dans les hôpitaux. Ces vaccins, qui viennent dans des ampoules contenant dix doses de 0,5 ml chacune, y sont stockés. Lorsque ces ampoules sont retirées du réfrigérateur pour que la vaccination ait lieu, elles ne tiennent que trois heures. Vu que la vaccination n’est pas obligatoire, s’il y a des désistements en raison du formulaire de non-responsabilité, qui doit être signé par chaque personne voulant être vaccinée, des doses risquent d’être gaspillées comme cela a failli être le cas le jour du lancement de la vaccination à l’hôpital Victoria, le 26 janvier.»

Si la vaccination a bien démarré, le premier frontliner à le recevoir étant le Dr Geelani Sajad Hussain, lorsque le ministre de la Santé est arrivé à l’hôpital Victoria, il restait encore 25 doses. «À la dernière minute, il a fallu convaincre des membres du personnel hospitalier de se faire vacciner.»

Consentement éclairé

Le formulaire de consentement éclairé (voir plus loin) élaboré par le Parquet et que chaque personne qui veut se faire vacciner doit signer après avoir répondu au Screening questionnaire par rapport à son état de santé, a refroidi certains, qui étaient au départ chauds à l’idée de recevoir le Covishield.

Interrogé sur le nombre de personnes qui ont refusé le vaccin jusqu’ici, le Dr Zouberr Joomaye, qui, jeudi, était en isolement chez lui après avoir été en contact avec un homme rentré à Maurice et testé négatif à ses trois tests PCR puis trouvé positif 25 jours après, déclare qu’actuellement, aucun frontliner n’a refusé. «On les fait appeler et ils viennent se faire vacciner. C’est après en avoir terminé avec les frontliners que nous pourrons dire s’il y a des refus ou pas», a-t-il ajouté. Il précise que valeur du jour, parmi les personnes en première ligne appelées, 17 %, soit environ 400 personnes, n’étaient pas éligibles au Covishield, du fait qu’elles présentaient des facteurs de comorbidité comme le diabète, l’hypertension, la grossesse.

Hormis un homme de 28 ans, qui a dû être hospitalisé après avoir été pris d’un malaise plusieurs heures après avoir reçu le vaccin et qui s’est remis depuis, il n’y a pas eu d’effets secondaires graves. Un médecin ne comprend d’ailleurs pas pourquoi certaines personnes en font tout un plat. «Les effets secondaires propres à de nombreux vaccins sont généralement une irritation cutanée sur la zone où le vaccin a été administré, un peu de fièvre et des courbatures. Il faut savoir que ces réactions sont bonnes car cela signifie que l’organisme est en train de réagir et que les virus killing substances sont entrées en action et que les anticorps vont se mettre en place.» Il précise que ces effets secondaires ne réapparaissent pas après l’injection de la deuxième dose. «Le vaccin existe. Je ne comprends pas pourquoi ceux qui y sont éligibles n’en prennent pas avantage.» Que ceux qui craignent que le pays soit à court de vaccins Covishield se rassurent. Une prochaine cargaison de 300 000 doses devrait arriver fin mars. Par la suite, c’est auprès de Pfizer-BioNTech que le ministère de la Santé devrait pouvoir s’approvisionner. La campagne se poursuit cette semaine.

Maurice sera équipé pour détecter les variants

Trois cas du variant sud-africain ont été détectés à Maurice. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, à la presse la semaine dernière. Si ces cas ont été décelés à partir d’échantillons de tests PCR envoyés aux fins d’analyse en Angleterre et en Afrique du Sud, bientôt le laboratoire du ministère aura son propre séquenceur pour vérifier cela. L’appareil commandé devrait arriver d’ici la fin de mars et la formation par l’Organisation mondiale de la santé devrait débuter par la suite.

«Bras lourd, maux de tête, état grippal»

«Grosse fièvre et maux de tête, courbatures, état grippal pendant 24 heures» pour certains. Pour d’autres : «Le bras, la tête un peu lourds et un ressenti de froid pendant la nuit.» Ce sont là des effets post-vaccination au Covishield notés par des employés d’Air Mauritius (MK) qui ont accepté de se faire administrer la première des deux doses au cours des deux semaines écoulées.

Avant le début de la campagne à MK, ils ont eu droit à un briefing de l’immunologiste et Senior Adviser à la Santé, Catherine Gaud. Celle-ci les aurait encouragés à appeler sur la hotline Covid-19 pour informer des effets secondaires encourus. Il nous revient que des membres du personnel de MK ont informé leur hiérarchie respective par courriel des effets secondaires. Depuis, le département des opérations, par exemple, accorde aux vaccinés un repos (off) de 48 heures suivant la vaccination.

Blessure ou décès… l’état mauricien pas responsable

C’est surtout l’Accord de renonciation, de libération et d’exonération de responsabilité qu’il contient qui fâche. Dans le formulaire de consentement et de non-responsabilité que doit impérativement signer celui qui souhaite se faire vacciner, la personne qui reçoit le vaccin accepte volontairement d’assumer tout effet secondaire qu’elle peut ressentir après l’immunisation, incluant des blessures et la mort.

Par-dessus tout, elle renonce à toute réclamation à l’État mauricien, au Global Health Partnership (GAVI alliance), aux pays donateurs du Covishield, aux fabricants du vaccin, à leurs préposés ou agents. Toutes ces parties prenantes citées sont déchargées de toute responsabilité en cas d’effets adverses, voire de blessures et de mort.

Cela, peu importe si celles-ci sont causées ou pas, partiellement ou totalement par négligence ou autre faute de leur part. En somme, le signataire épargne tout ce beau monde de toute réclamation.

Il est aussi écrit noir sur blanc que celui qui se fait vacciner a bien pris connaissance de la nature et des implications du vaccin, a eu l’occasion de poser toutes les questions qu’il avait avant, qu’il est au courant des bienfaits comme des risques et accepte volontairement et sans contrainte les risques que cela peut entraîner.