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Enquête judiciaire: Neeteeselec sous-traite ses contrats mais conserve une marge de 45 %
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Enquête judiciaire: Neeteeselec sous-traite ses contrats mais conserve une marge de 45 %
Hier, au tribunal de Moka où se déroule l’enquête judiciaire sur la mort suspecte de Soopramanien Kistnen, il y a eu de nouvelles révélations sur les contrats octroyés durant la pandémie du Covid-19. Keshwaree Chowbay Poonyth, l’associée de Neeta Nuckchhed, a déclaré que c’est cette dernière, qui contrôlait tout alors que lors d’une audience antérieure, Neeta Nuckchhed avait déclaré que c’est Keshwaree Chowbay Poonyth, qui le faisait. Ce qui a incité Me Roshi Bhadain à conclure qu’il y a au moins une des deux qui ment.
À l’appel de son nom, Neeta Nuckchhed ne s’est pas présentée à la barre des témoins. C’est son mari, Joy Nuckchhed, qui est venu avec un certificat médical d’une durée d’une semaine pour son épouse. Elle a donc été convoquée pour mardi prochain. Il ne semble pas que le certificat couvre le jour où elle a quitté le tribunal, c’est-à-dire, jeudi dernier, mais il n’a pas été possible d’en obtenir confirmation.
Contrats à la pelle pour une nouvelle entreprise
Interrogée par Me Azam Neerooa, représentant du Directeur des poursuites publiques (DPP), Keshwaree Chowbay Poonyth, l’autre directrice de la compagnie Neeteeselec Ltd, a affirmé que c’est Neeta Nuckchhed, qui s’occupait du marketing, et qui aurait «trouvé» les clients. Elle a énuméré le nombre de contrats – cinq au total – et le nom des entités auprès desquelles Neeteeselec Ltd les a obtenus pour la décontamination du Covid-19. Ce n’est pas un mais deux contrats, qui ont été décrochés auprès de la State Trading Corporation pour une valeur totale de Rs 206 000, un contrat de Rs 300 000 auprès de Courts, un autre de Rs 40 000 pour le ministère du Commerce et enfin un petit contrat de Rs 20 000 environ – Keshwaree Chowbay Poonyth n’est pas sûre des montants exacts – auprès du conseil de district de Moka.
Kaviraj Neeloo décontamine, Neeteeselec Ltd empoche
Elle a ajouté également que ces contrats n’ont pas été exécutés par Neeteeselec Ltd mais par un soustraitant, en l’occurrence Surfacare Ltd, dirigé par un certain Kaviraj Neeloo. Neeteeselec Ltd n’a fourni que les équipements, les produits détergents et les Personal Protective Equipment (équipements de protection individuelle). C’est le sous-traitant, qui a effectué la décontamination avec sa propre équipe et s’est déplacé par ses propres moyens. Keshwaree Chowbay Poonyth explique aussi que Neeta Nuckchhed lui a confié la gestion quotidienne de l’entreprise – si l’on peut l’appeler ainsi – car elle n’avait pas le temps de s’en occuper, n’étant pas souvent à Maurice en raison de son métier d’hôtesse de l’air. Ces contrats ont duré cinq mois et Neeta Nuckchhed et Keshwaree Chowbay Poonyth étaient payées respectivement Rs 60 000 et Rs 50 000 mensuellement.
Salaires payés sans travailler
Lors de son interrogatoire par Me Roshi Bhadain, l’avocat lui a demandé si elle ne trouvait pas un dénominateur commun parmi ces cinq clients. Keshwaree Chowbay Poonyth a gardé le silence. Alors que Neeta Nuckchhed avait dit qu’elle n’a injecté aucun capital dans l’entreprise, Keshwaree Chowbay Poonyth a reconnu qu’en fait, son associée y a mis entre Rs 1,5 et Rs 2 millions. C’était après que l’avocat ait fait un calcul rapide pour démontrer qu’entre mai et septembre 2020, Neeteeselec Ltd a dépensé environ Rs 750 000 alors que ses revenus ont été de l’ordre de Rs 570 000. «D’où est venue la différence ?», lui a demandé Me Bhadain. «Elle l’aura donc puisé du capital», a dit l’avocat. Keshwaree Chowbay Poonyth a avoué avoir continué à obtenir son salaire mensuel de Rs 50 000 entre septembre 2020 et janvier 2021, bien que la compagnie n’avait plus de travail. «Pourquoi continuait-on à vous payer après la fin des contrats en septembre ?», a voulu savoir Me Bhadain. «C’était pour me rembourser les Rs 215 500 que j’ai payées de ma poche pour l’achat d’équipements de Blychem», a répliqué l’associée de Neeta Nuckchhed, avant de se raviser et de dire qu’en fait, ces paiements représentaient son salaire et que ces Rs 215 500 étaient son apport personnel dans l’entreprise.
Prix défiant toute concurrence
«Qui effectuait les paiements au sous-traitant, Surfacare Ltd ?», a encore demandé Me Bhadain, puisque Keshwaree Chowbay Poonyth était cosignataire de tout chèque émis. C’est là que l’on a appris que le chéquier n’était pas utilisé et que les paiements se faisaient par transferts bancaires. L’avocat a voulu savoir qui signait ces ordres de transfert. Uniquement Neeta Nuckchhed, selon Keshwaree Chowbay Poonyth, alors que normalement deux signatures sont requises comme pour un chèque. «Et qui est Kaviraj Neeloo ?», a demandé Me Bhadain. Keshwaree Chowbay Poonyth a expliqué que c’est elle qui l’a présenté à Neeta Nuckchhed mais que c’est cette dernière qui décide de tout. «Tout ce que je fais est approuvé par Neeta Nuckchhed», a-t-elle souligné.
C’est à ce moment précis que Me Bhadain a perdu patience, surtout quand elle a répliqué ne pas connaître Soopramanien Kistnen, quand elle a dit ignorer que celui-ci avait lui aussi une entreprise de nettoyage et qu’il était très remonté quand il a appris qu’on lui a fait faire une cotation à Rs 39 pour ce même contrat, qui a finalement été alloué à Neeteeselec Ltd pour un prix défiant toute concurrence, soit Rs 8,30. «Neeta Nuckchhed dit que c’est vous qui vous occupez de tout et vous, vous dites que c’est elle. It’s time to stop playing merry-go-round.»
Intervention de la magistrate
La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath est alors intervenue pour dire à Me Bhadain qu’il s’écarte du sujet concernant la mort de Soopramanien Kistnen pour entrer dans des détails «for which the enquiry is not mandated». Ce à quoi l’avocat a expliqué que ces détails lui sont nécessaires car Soopramanien Kistnen est mort à cause de ces contrats et qu’avec ces demi-réponses, il sera impossible de découvrir la vérité. La magistrate Mungroo-Jugurnath l’a laissé poursuivre son interrogatoire mais elle est intervenue à plusieurs reprises quand, par exemple, Me Bhadain ne comprenait pas pourquoi les mails envoyés par Keshwaree Chowbay Poonyth n’étaient pas copiés à Neeta Nuckchhed alors que l’associée de cette dernière avait pourtant précisé qu’elles utilisaient toutes deux la même adresse mél. «Puisqu’elle vous dit qu’elles partageaient le même identifiant (ID)», a spécifié la magistrate Mungroo-Jugurnath.
Keshwaree Chowbay Poonyth a maintenu qu’elle ne connaissait pas l’origine des paiements. Me Bhadain a alors demandé de consulter les relevés bancaires de Neeteeselec Ltd. Demande qui a été agréée par la magistrate Mungroo-Jugurnath.
Bénéfices de 45 %
Après avoir effectué un petit calcul rapide, Me Badhain a demandé au témoin si Neeteeselec Ltd dégageait des marges de 45 %. Ce à quoi Keshwaree Chowbay Poonyth a répondu par l’affirmative. «Donc, voilà une entreprise qui a décroché plusieurs contrats des institutions publiques, qui a été payée en avance et qui a réalisé des bénéfices de l’ordre de 45 % et cela, en faisant exécuter le travail par un sous-traitant qui n’était même pas Soopramanien Kistnen», n’a pu s’empêcher de commenter un proche de ce dernier.
La séance n’a pas été de tout repos pour le témoin Keshwaree Chowbay Poonyth et on a dû lui donner une chaise car à un moment, elle s’est sentie mal. Il a même fallu interrompre la séance pendant quelques minutes pour lui permettre de se reprendre. À la fin de l’audience, Me Neerooa a informé la cour qu’il compte convoquer Vinay Appanna, Deepak Bonomally et Yogida Sawmynaden. À la demande de la magistrate Mungroo- Jugurnath, le représentant du DPP devra donner aujourd’hui les raisons de ces convocations.
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