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Ken Fong: «Tôt ou tard, on saura comment mon beau-frère a été ‘assassiné’…»

19 février 2021, 13:00

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Ken Fong: «Tôt ou tard, on saura comment mon beau-frère a été ‘assassiné’…»

Il a été photographié dans les rues de Port-Louis, samedi dernier, à la manifestation citoyenne. Ken Fong revient sur les raisons qui l’ont poussé à y participer et parle de son beau-frère Soopramanien Kistnen.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à être présent à la manifestation de samedi dernier ?

Depuis que je suis entré en politique en 1991, j’ai toujours répondu présent aux grandes marches. Il y avait la manifestation concernant l’écriture tamoule sur les billets de banque ou encore celle organisée par Jack Bizlall pour dénoncer les scandales à Air Mauritius dans les années 90. Je me laisse toujours guider par quatre grandes valeurs : le principe, la dignité, la loyauté et la sincérité.

Pour en revenir à samedi, j’étais à Port-Louis pour le déjeuner familial et après, mon épouse et moi-même sommes allés marcher dans les rues de Port-Louis. J’ai été interpellé par le grand nombre de manifestants à la rue Desforges. Je voulais aussi connaître les griefs des citoyens et les raisons qui les poussaient à manifester. La foule était extraordinaire et dans une unité parfaite. J’y étais en tant que simple citoyen.

Peut-on connaître votre opinion sur cette marche ?

Le plus important est qu’une voix a émergé de cette manifestation. Comme l’a dit mon leader, Ivan Collendavelloo, dans la presse, ces «frustrés» doivent être pris en considération. Il faut aussi penser à ceux qui n’ont pas voulu se mêler aux politiciens mais qui ont répondu présent lors des précédentes marches. Pour moi, il faut rester à l’écoute de ces appels lancés. Quand j’étais maire de Beau-Bassin–Rose-Hill, face aux projets comme le Metro Express, j’étais à l’écoute de tout le monde malgré les difficultés. Il faut être ouvert au dialogue et rectifier là où il le faut.

Vous parlez des griefs de citoyens. Tout le monde savait que c’était une marche pour demander le départ du gouvernement. Est-ce que ce n’est pas étrange qu’un membre du Muvman Liberater (ML) y participe ?

Non. Parce qu’il y avait plusieurs sujets avancés lors de cette marche, parmi, certes, il y avait celui de demander au gouvernement de partir. Mais il y avait d’autres revendications aussi. Je m’aligne sur la position de mon leader, Ivan Collendavelloo, qui a même déclaré dans un quotidien que ce n’est pas une foule qui va faire partir le gouvernement, et je m’associe aussi aux propos du Cardinal Piat. Le gouvernement a été élu démocratiquement. Et cette marche a été faite pour exprimer la frustration entre autres. Mais pour demander le départ du gouvernement, il faudra passer par les urnes.

Vous évoquez comme valeur la sincérité. Vous n’êtes pas sincère avec Pravind Jugnauth en descendant dans la rue pour marcher avec ceux qui réclament sa démission…

Je le redis, l’un des items a été le départ du gouvernement. J’ai mes opinions par rapport à cela. Mais je reste toujours sincère envers mon parti qui est le ML. Mon leader reste Ivan Collendavelloo. Et nous sommes en alliance avec le MSM, c’est le Premier ministre (PM) qui est le leader de l’Alliance Morisien. Est-ce que j’ai toujours confiance en lui ? Certainement. Si mon leader a toujours cette confiance, je dois rester sur la ligne du parti. Mais j’ai mes opinions personnelles. Je m’exprime à l’intérieur des instances du ML. Et quand le leader vient dire que nous sommes toujours solidaires du gouvernement, je reste sur mes principes.

Est-ce que votre présence était une façon d’exprimer votre désaccord avec le MSM qui vous a pris votre poste de maire ?

Il est vrai que quelquefois, il y a des désaccords au niveau de la mairie et des conseillers. Mais une fois qu’une décision a été prise par le Conseil, on se doit de «stick to the decision». En ce qui concerne le poste de maire, personne ne m’a pris ce poste. La mairie est toujours sous le mandat d’un maire du ML en la personne de David Utile.

Le PM a parlé des «frustrés» qui veulent déstabiliser le pays. Est-ce que le ML se sent frustré au sein du gouvernement ?

Je ne vais pas répondre au PM car si on regarde dans le dictionnaire, le mot «frustration» a plusieurs définitions. En 2014, j’ai préféré me joindre au ML pour une raison particulière. Pendant 24 ans, j’ai aidé les enfants de la NHDC de Camp-Levieux dans leur éducation. Quand le gouvernement de 2010 a décidé d’enlever le subside de Rs 10 000 pour les frais d’examens, et que l’alliance Lepep a fait comprendre qu’elle allait rétablir cela, j’ai eu envie de leur donner un coup de main.

Puis, il y a l’épisode de 2020. Il est vrai que c’est la prérogative du PM de décider si les ministres doivent step down ou pas, comme cela a été le cas avec Ivan Collendavelloo. La vérité triomphera et je crois en Ivan à 200 %. En parallèle, il y a l’enquête judiciaire sur l’affaire Kistnen et des témoins viennent déposer sous serment. Le PM a exercé son droit de révoquer Ivan. Lorsqu’on entend les accusations formulées en cour de Moka, cela m’interpelle, même si je me dois de suivre la ligne du parti.

Donc, le ML a un pied dans l’opposition et l’autre au gouvernement ?

Nous sommes toujours en alliance avec le MSM, et nous sommes au gouvernement. Il est vrai que les gens s’interrogent depuis le départ d’Ivan Collendavelloo comme ministre. Le PM a, après son départ, fait comprendre qu’il n’a rien contre les membres du ML. Donc, je n’ai rien à dire de plus.

Les élections municipales auront lieu cette année. Comment se présente le ML au sein de la municipalité de Beau-Bassin–Rose-Hill ?

Le leader travaille sur un plan à cet effet. Nous sommes confiants pour les élections municipales car le ML a beaucoup travaillé. Durant les cinq années où j’ai été à la tête de la mairie, nous avons un bilan dans n’importe quel endroit des villes-soeurs. Les projets qui sont inaugurés actuellement ont débuté sous mon mandat. Je n’ai pas de hidden agenda envers mon partenaire le MSM. Je suis fier de mon bilan et je pense que l’électorat va en tenir compte. Nous avons la conscience claire. Il est vrai que les habitants rencontrent des problèmes avec l’état des routes, mais cela est dû aux travaux de la Central Water Authority. Je pense que tout va être remis à jour d’ici peu.

On parle de l’affaire Soopramanien Kistnen. Peut-on avoir votre ressenti par rapport à cela ?

Comme vous le savez, Soopramanien Kistnen était mon beau-frère. Nous sommes tous attristés par ce qui est arrivé. Je laisse la justice faire son travail. Et je crois dans la justice de mon pays et que tôt ou tard, on saura comment il a été assassiné, comme l’a dit Jangi. Mais je suis cette affaire tous les jours.