Publicité
Drogue synthétique: la déchéance d’Altaaf Fultoo, promis à un bel avenir
Par
Partager cet article
Drogue synthétique: la déchéance d’Altaaf Fultoo, promis à un bel avenir
Mardi 16 février. Les Mauriciens se sont réveillés sous le choc en apprenant la mort d’Ameena Beebee Yadun, 56 ans, enseignante au collège Aleemiah à Phoenix, tuée par son fils Altaaf Fultoo, 29 ans. Ce dernier l’aurait égorgé après qu’elle lui aurait refusé Rs 200 pour qu’il se procure de la drogue synthétique. Comment ce jeune, que beaucoup ont qualifié d’homme brillant a pu tomber dans le fléau de la drogue ?
Hier, vendredi 19 février, nous nous sommes rendus à L’Avenir, Saint-Pierre. La maison de la victime ainsi que les rues autour étaient désertées. Un policier posté devant le domicile nous indiquera que nous ne pourrons obtenir davantage d’informations que ce qui a déjà été dit car les gens du coin ne sont guère bavards. Alors que nous prenons le chemin du retour, nous rencontrons un voisin qui nous explique avoir été l’une des premières familles avec la famille Fultoo à s’être installée dans le morcellement : «Je connais Madame Ameena à travers son mari Yousouf Fultoo. Par ailleurs, mes enfants fréquentent aussi le collège Aleemiah. Madame Ameena ne parlait jamais à personne», explique ce voisin qui raconte que la victime ne sortait même presque jamais de la maison, et qu’Altaaf vivait avec ses deux parents avant qu’ils ne divorcent : «Ils se battaient tous les jours et leur fils assistait à ça», explique le voisin qui ne cache pas son émotion en se remémorant à quel point leur garçon était brillant à l’école. Il apparaît qu’au niveau de sa scolarité, Altaaf enchaînait des bons résultats, mais que sa descente aux enfers aurait été causée par les incessants conflits familiaux. «À 18 ans, il a demandé à son père de quitter la maison de sa mère. La demande a été exécutée. A ce moment-là, ils ont déménagé à Phoenix. Altaaf a vécu plus de 11 ans avec son père. Quand ils habitaient ici, on voyait Yousouf dormir dans sa voiture à la suite de disputes violentes avec sa femme.»
L’homme a continué son récit : «Je suis triste pour ce gamin car il gérait beaucoup de choses. Les rares fois où il marchait dans le quartier il ne levait pas la tête. Comme il ne parlait à personne, il a été difficile pour nous de l’aider. La drogue a été le seul refuge pour ce jeune qui ne savait pas vers qui se tourner car il était un enfant unique, qui n’avait aucun ami dans la région.»
Du côté du collège Aleemiah, le recteur Nazim Kodabux décrit Ameena comme une enseignante hors pair. Il explique qu’il aurait été difficile de deviner que son fils Altaaf était tombé dans la drogue. «Elle ne racontait ses problèmes à personne mais il nous arrivait de l’entendre dire au téléphone ‘Pa fer sa, non mo pa pou donn twa kass’. C’est à ce moment seulement que nous avons su que son fils était tombé dans l’enfer de la drogue», explique le recteur qui n’a pas manqué d’éloges au sujet de l’enseignante qu’il dit irremplaçable au collège. Elle aurait rencontré son mari Yousouf Fultoo au collège. Ils se sont ensuite mariés. D’ajouter : «Le père de famille n’était pas présent à l’enterrement». Nous nous sommes rendus au domicile du père d’Altaaf Fultoo à Phoenix, mais il était absent. Son frère, nous demandera de quitter les lieux car selon lui, Yousouf Fultoo ne serait psychologiquement pas prêt pour s’exprimer. Même discours par Faizah Yadun Beebee à Quatre-Bornes, la mère de la victime. Malgré nos nombreux appels, nous n’avons pu la rencontrer même après l’intervention de sa voisine. Personne ne semble souhaiter s’exprimer sur l’affaire Altaaf, mais ceux qui l’ont côtoyé, expliquent que le garçon qui fréquentait le collège MGI et était voué à un bel avenir, est tombé dans la drogue, qu’il percevait comme son seul ami, à un moment où il n’avait plus le soutien de ses parents.
Publicité
Les plus récents