Publicité
Enquête judiciaire sur la mort de Kistnen: Après les oublis, place aux mensonges
Par
Partager cet article
Enquête judiciaire sur la mort de Kistnen: Après les oublis, place aux mensonges
Que cache Deepak Bonomally? Pourquoi est-il si économe en explications et contredit ses propres dires ? Pourquoi ne se rappelle-t-il pas certains faits et surtout pour quelles raisons ment-il? Essaie-t-il de se protéger ou de protéger quelqu’un d’autre? Après avoir recherché l’aide de son avocat en pleine séance, l’ex-footballeur joue-t-il à un autre jeu dangereux?
Deepak Bonomally en est à sa troisième audition dans l’enquête judiciaire sur la mort suspecte de Sopramanien Kistnen. Il continue à ne pas répondre à certaines questions. Soit il ne sait pas, soit il ne veut pas répondre. Lorsque Me Roshi Bhadain lui demande s’il savait que son as- socié et ami Vinay Appanna et Yogida Sawmynaden étaient à l’école et au collège ensemble, il dira qu’il n’en était pas au courant. Il ne connaît pas non plus Neeta Nuckchhed et, s’il lui a acheté six conteneurs, c’est à travers Mme Poonyth.
«Oui, on le sait, tout est toujours fait à travers Mme Poonyth», lui lancera ironiquement l’homme de loi. AV Techno a-t-il obtenu un contrat de Rs 77 m du ministère du Commerce ? «Je ne suis pas au courant», sera la réponse de Bonomally, pourtant proche d’Appanna et consultant de sa société. Il déclare aussi que, concernant les contrats sous Covid-19, il ne sait rien.
Ce qui étonnera encore plus, c’est que Deepak Bonomally ne connaît pas ou ne se rappelle ni du prix auquel il a acheté les équipements, ni le prix auquel il les a vendus à la STC. Il a été conforté dans cette posture par l’intervention de son avocat, Me Ganessen Mooneesawmy. Celui-ci a déclaré, comme il l’a fait avant-hier, que vu qu’une enquête est en cours à la commission anticorruption (ICAC), son client peut garder le silence pour ne pas dire des choses qui pourraient l’incriminer. Bhadain a aussi rappelé que Bo Digital a obtenu des contrats de plus de Rs 300 millions sous l’Emergency Procurement Procedure.
Face à la perte de mémoire de Bonomally, la magistrate Vidya MungrooJugurnath lui demande : «Comment se fait-il que vous ne vous souveniez pas des détails de ces transactions d’une telle ampleur !» Cependant, Bonomally se rappelle bien qu’il n’a pas eu à trouver des fonds pour financer ces transactions puisque la STC l’a généreusement payé d’avance parfois à 100%. Pas d’emprunt donc, ni d’intérêt à payer aux banques. Son avocat appellera l’ICAC à la rescousse une nouvelle fois pour que son client ne donne pas plus de détails sur ces transactions. Le témoin Bonomally invoquera lui-même le prétexte de l’ICAC quand Bhadain lui demandera combien d’argent Bo Digital a remis à Appanna.
L’occasion pour la magistrate de demander à son tour des détails sur cette charge formelle de l’ICAC, si commode pour Bonomally. L’on apprend ainsi que l’ICAC enquête sur la marge dégagée par Bo Digital et les transferts d’argent de Bo Digital à AV Techno. La magistrate autorise alors la question de Bhadain qui rappelle qu’il demande le montant des transferts à Vinay Appanna, et non à AV Techno. Mais c’était sans compter avec l’autre astuce de Bonomally, qui est resté muré dans le silence, comme s’il n’avait pas entendu la question.
L’interrogatoire par Me Roshi Bhadain a permis de savoir que la CNT est un très bon client de Bonomally et Appanna. Non seulement ils ont bénéficié d’un contrat pour le Passenger Information System demeuré quasiment inutilisé, mais Bo Digital a bénéficié d’un contrat pour sensibiliser les voyageurs à l’utilisation de ce système dans un slogan qui pourrait être pris pour un slogan politique : «Nou la pou ou».
Les mensonges
Quand Deepak Bonomally dit avoir rencontré l’ex-ministre Sawmynaden en 2018 en tant que consultant d’AV Techno, il dira deux mensonges relevés par Mes Neerooa et Bhadain. Ce dernier lui rappellera qu’il venait de dire qu’il est devenu consultant d’AV Techno en… 2020; et qu’il était en compagnie de Vinay Appanna alors qu’il venait de dire qu’il était allé seul au bureau de Sawmynaden. Au tour de Me Neerooa de le confronter à d’autres numéros de téléphone à son nom alors qu’il n’avait parlé que d’un seul téléphone. Il lui demande aussi pourquoi il a donné l’adresse de sa résidence à Quinze Cantons et Caro-Laliane alors que, documents à l’appui, l’avocat du bureau du DPP lui parle d’un appartement qu’il occupe à Phoenix. Idem pour un nouveau bureau que Bonomally a dit occuper depuis octobre 2020 alors que Me Neerooa lui montre le mois de juillet 2020 qui figure sur un document obtenu par les enquêteurs de la police.
L’avocat en a par-dessus la tête et réclame une sanction contre le témoin pour faux témoignage. Et pour une fausse excuse quand Bonomally tente de justifier ses mensonges par des raisons de sécurité. Il explique qu’il aurait fait l’objet d’insultes… «Qui protégez-vous ?» lui crie Me Neerooa. Ce dernier est encore plus agacé quand il entend l’avocat du témoin justifier ces mensonges par le fait que son client souffre de ‘reactive depression’ depuis juillet 2020. «Which is which ?» demande Me Neerooa. «Est-ce sa dépression ou la peur pour sa sécurité ?»
Lorsque Me Mooneesawmy présente des excuses de la part de son client, Me Neerooa se lève. «Non, non et non!», martèle-t-il. «La magistrate a déjà émis un avertissement la veille à Deepak Bonomally pour plusieurs mensonges. Et il recommence aujourd’hui.» La magistrate en rajoute une couche en demandant à l’avocat si son client «était malade en juillet, l’est-il toujours» ? L’avocat promet de soumettre un certificat médical à cet effet bientôt. La magistrate décidera alors s’il faut sanctionner Bonomally pour faux témoignage.
Publicité
Les plus récents