Publicité
Enquête judiciaire sur la mort de Kistnen: L’organisation orchestrée pour bénéficier de contrats durant le confinement se précise
Par
Partager cet article
Enquête judiciaire sur la mort de Kistnen: L’organisation orchestrée pour bénéficier de contrats durant le confinement se précise
C’est Me Rouben Mooroongapillay qui a lancé la première salve, hier lors de l’audience sur la mort suspecte de Soopramanien Kistnen: «Vous voulez faire croire à la cour qu’un de vos employés, Deepak Bonomally, a obtenu des contrats d’une valeur de Rs 308 M alors que les vôtres ne valaient que Rs 77 M?» La réponse d’Appanna était inaudible tant il hésitait. L’avocat a aussi rappelé au témoin qu’il fait l’objet d’une inculpation provisoire pour blanchiment de Rs 38 M trouvées sur son compte, qui ne semblent pas justifiées. «Vous créez des compagnies et mettez vos sœurs et épouse comme directrice ou secrétaire?» «Faux!», rétorque Appanna, tout simplement. Même réponse quand la magistrate lui fait la même remarque.
Me Roshi Bhadain montre encore une fois l’organigramme (voir illustration) à Appanna. Pour l’avocat, le schéma est clair: un entrelacement de sociétés, dont celle dirigée par Deepak Bonomally, Neeteeselec de l’amie d’enfance de Yogida Sawmynaden, le couple Poonyth que l’on retrouve un peu partout dans cette organisation, Jonathan Rao Ramasamy, le beau-frère d’Appanna à la tête de la STC, qui octroie les contrats et… Kaya, qui regarde tout ce cinéma et ne bénéficie de presque rien, ne faisant pas partie de la famille ou des amis d’enfance. Au contraire, dira Roshi Bhadain après l’audience, on aura utilisé Kistnen pour gagner les élections et pour remporter des contrats. Bref, conclura l’avocat, dans sa rencontre avec la presse, le Covid-19 aura été une occasion «pou bez kas».
Les liaisons dangereuses
Me Bhadain souligne la présence de Neeteeselec, avec laquelle toutes les autres compagnies du «groupe» ont traité. Et le lien entre Neeta Nuckchhed et Yogida Sawmynaden. «Savez-vous que pendant que vous jouiez aux billes avec votre ami d’enfance Yogida, ce dernier jouait à “zouzou ménaz’’ avec Neeta (Beenessreesing à l’époque)? Et que le dénominateur commun dans toutes ces relations c’est vous, Vinay Appanna?»
Le carnet de papa
Roshi Bhadain ne veut plus entendre Appanna lui parler de distinction entre ces sociétés. Il lui demande de bien réfléchir en brandissant le schéma et de revenir demain fournir des explications car «une compagnie n’assassine pas, c’est bien quelqu’un qui a tué Kistnen!».
On a appris que les entreprises d’Appanna ont bénéficié aussi de contrats de la MRA, de l’ICAC, de la MPA et autres CEB, MHC et SICOM. Vinay Appanna ne se rappelle pas du nombre de contrats décrochés auprès de chacune d’entre elles sauf pour SICOM avec deux ou trois contrats, dit-il. Pour faire quoi? «Des abribus», répond-il. Les abribus reviendront souvent dans ses explications. Me Rouben Mooroongapillay a relevé aussi le fait que le père de Vinay, Beejaye Coomar Appanna, fournissait des services-conseils à ces institutions. Des contacts dont le fils a hérité?
Me Azam Neerooa exaspéré
Lorsque le témoin Appanna est interrogé sur ses relations et échanges avec Yogida Sawmynaden, il se laisse aller et tente de convaincre la cour à qui il demande de vérifier ses appels téléphoniques, ajoutant «même la MCIT n’a rien vu». Mal lui en a pris car Me Azam Neerooa s’est levé pour demander: «Si la police n’a rien vu, est-ce parce qu’il n’a pas donné tous ses numéros aux enquêteurs de la MCIT?» Commence alors un interrogatoire dans l’interrogatoire par Me Neerooa. «Comment avez-vous pu oublier de donner à la police le numéro que vous utilisez le plus souvent?» «En fait, la carte SIM appartient à ma belle-sœur», explique Appanna. Et quel est son nom? Réel oubli ou tactique? Toujours est-il qu’il ne se souvient plus du prénom. À la fin il s’en souvient. L’honneur de la famille est sauf.
Environ 100 % de profit sur la vente de conteneurs vides
Si Bo Dogital a acheté six conteneurs vides à Rs 100000 pièce de Neeteeselec, qui les a elle-même achetés de Velogic pour probablement Rs 50000, on ne sait toujours pas combien le CEB les a payés. Alors qu’il aurait pu les acheter directement de Velogic. Sollicité, le chargé de communication du CEB nous demande de voir directement avec la direction. Neeteeselec a probablement dégagé une marge de 100 % à elle seule.
La peur d’Appanna
«Pourquoi n’utilisez-vous pas des cartes SIM à votre nom?» lui demande la magistrate à la suite de Me Neerooa. «C’est depuis que les journaux ont publié des articles selon lesquels je gagnais des millions. J’avais peur pour ma sécurité», explique Vinay Appanna. Mais aussi peur des journalistes, dit-il. Ce seraient ses voisins qui l’auraient alerté. «Ils vous recherchent», lui auraient dit ses bons voisins aux aguets. Et c’est même pour cela qu’il aurait déménagé de La Louise vers Ébène. Mais il n’a pas songé à demander l’aide de la police car il se sent en sécurité avec sa famille, surtout chez son vieux père.
La station-service et le 4x4 blanc
Lors de la série de questions de Me Rouben Mooroongapillay sur la désormais fameuse station-service Myfill de Moka, l’avocat demande à Vinay Appanna si lorsqu’il a pris le contrôle de la station-service en 2019, il avait pour partenaire un certain D. S. et la nièce de ce dernier comme actionnaire. À la réponse négative d’Appanna, Me Mooroongapillay lui demande alors s’il savait que ce D. S. est un agent politique. À cela, Appanna répond qu’il le connaissait comme conseiller politique plutôt. L’avocat veut alors savoir si Appanna sait que ledit D. S. a un 4x4 blanc. Le témoin ne sait pas. En revanche, il avoue avoir déjà rencontré cet agent/conseiller deux ou trois fois, en ajoutant son désormais célèbre «probablement».
Me Rouben Mooroongapillay demande aussi à Vinay Appanna si une directrice de la SBM est une des nouveaux propriétaires de cette station-service et a même donné son nom. Appanna dit la connaître, sans plus.
Deuxième avertissement
Vinay Appanna a écopé d’un deuxième avertissement pour faux témoignages. Bien que le témoin fût à l’aise au début, il commence à faiblir et à se contredire. Ce qui en même temps commence à faire douter de sa sincérité. Essaie-t-il de se protéger ou quelqu’un d’autre par ces mensonges ou demi-vérités ? Qui sont réellement derrière ces compagnies ? Est-ce lui Vinay Appanna ou doit-il partager avec d’autres ? Il aura induit aussi la police en erreur en au moins deux occasions. Mais la police n’a rien vérifié. En revanche, dans l’enquête judiciaire, tout est vérifié et contre-vérifié.
Publicité
Les plus récents