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Covid-19: Sur la piste du patient zéro...
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Covid-19: Sur la piste du patient zéro...
Inquiétant mystère. Jusqu’ici, le ministère de la Santé n’a pas été en mesure de se prononcer sur l’identité du patient zéro (NdlR : la première personne à avoir été contaminée et qui a contaminé à son tour), le propagateur, qui est à l’origine de cette deuxième vague. L’enquête et les recherches se poursuivent, selon les autorités, qui se veulent rassurantes mais qui semblent impuissantes. Car des sources proches de cet épineux dossier avouent que la tâche s’avère difficile et laborieuse....
Qui est le Appa (le patient zéro de la première vague) cette fois ? Où habite-t-il ? Est-il asymptomatique et se promène-t-il gaiement au sein de la ‘communauté’, pour employer la formule consacrée ? Mais aussi et surtout, comment a-t-il pu contracter et transmettre ce virus ‘localement’ ? Des questions auxquelles ni le ministre Kailesh Jagutpal, ni les membres de la National Communication Committee (NCC) sur le Covid-19 n’ont été, en mesure, de donner des réponses jusqu’ici. Si c’est le premier cas chez SKC Surat qui sonné l’alerte dans le pays, Pravind Jugnauth, dans son allocution de mardi soir, a été clair. Le premier cas de contamination locale au Covid-19 date de la première semaine de février…
Ce que nous savons jusqu’ici, ce qui a été rendu public, c’est qu’un ‘attendant’, en service dans un centre de quarantaine, avait été testé positif et avait été placé en isolement, le 2 février. Mais rien n’indique qu’il est le patient zéro, car il avait été placé directement en quarantaine, après la détection de la contamination au Covid-19. «Donc cette piste est peu probable», confie une source, toujours au sein du ministère de la Santé. Nous avons tenté de poser la question aux autorités concernées également, mais à vendredi, ni le Dr Joomaye, ni le Dr Gaud et encore moins l’attaché de presse du ministre Jagutpal, sollicités par téléphone et par messages, à des nombreuses reprises, ne sont revenus vers nous.
N’empêche. Rappelons-le : le 25 janvier dernier, deux infirmiers et un docteur avaient également été testé positifs avant l’attendant, mentionné ci-dessus. Ces quatre personnes ont été en contact avec des patients testés positifs au Covid-19, des cas importés, les personnes étant admises dans les centres de traitement. Cela avait fait grand bruit surtout qu’ils n’avaient pas été contaminés ‘accidentellement’. Pour cause, le 4 février 2021, contacté par l’express, le Dr Catherine Gaud, conseillère au ministère de la Santé, avait affirmé ceci : «C’est parce qu’ils n’ont pas suivi les lignes directrices qui ont été établies comme il se doit. Je ne peux pas vous donner plus de détails mais il faut le savoir…»
Et si des lignes directrices n’ont pas été suivies comme il se doit, ne faudrait-il pas creuser de ce côte-là pour remonter au patient zéro ? À cette question, le Dr Gaud toujours, avait «assuré» que le protocole sanitaire avait été respecté, une fois ce cas de figure détecté. «La procédure pour les frontliners, c’est que lorsqu’ils sortent de leurs unités, ils vont en quarantaine pendant sept jours. Au bout de sept jours ils sont soumis à un test PCR et s’il se révèle négatif, ils rentrent chez eux pour sept jours d’isolement de plus.» Lors de cet auto-isolement à domicile, les frontliners doivent rester dans une chambre fermée et ne doivent même pas être en contact avec leurs proches ou sortir à l’extérieur… Après les sept jours et un autre test PCR, si les résultats sont négatifs, ils peuvent sortir…
Quelqu’un a-t-il fait fi des consignes ? Comment être certains que ces frontliners respectent toutes les consignes ? Selon le Dr Gaud, des visites surprises sont effectuées à leur domicile et on les appelle régulièrement... Mais certains frontliners, qui ont travaillé à cette même époque, confient qu’il y a eu beaucoup de manquements de la part de certains de leurs collègues. «Nou tou fer mem travay, li vré nou pa kapav mett tass lor nou kamarad, selman ena ki ti pran zafer – la an badinaz kan zot pe travay, mem ek pasian ki ena Covid, akoz pa ti éna ka lokal lerla. Sirtou dan lopital **** (NdlR : nous éviterons de mentionner le nom pour ne pas stigmatiser les employés) parski bann saki ti al laba zot an quarantaine ek pa sir si ena Covid ou pa mé zot ti sou tretman pou lezot maladi», confie un frontliner, justement. Un autre affirme qu’il y a eu également un relâchement au niveau des centres de quarantaine.
Enchaînons. Qui dit ‘Cocovides’ dit le Dr Vasantrao Gujadhur, ex-directeur des services de santé publique. Selon lui, en ce qui concerne le patient zéro, il y a eu une «mince indication» sur son identité dans un des discours du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. «Je ne sais pas qui sont les gens qui le conseillent, mais il avait, à un certain moment donné, soutenu qu’il y avait une possibilité qu’un passager qui avait déjà entamé ses 14 jours de quarantaine, ait été testé positif par la suite, et qu’il aurait pu contaminer d’autres personnes…»
C’était, en fait, le 10 février dernier, lors d’une conférence de presse. Kailesh Jagutpal avait annoncé qu’un passager en provenance des Maldives, ayant transité par Dubaï, avait été testé positif au Covid-19. Cela, plus de 20 jours après son arrivée à Maurice. Il avait effectué la quarantaine. Le patient est âgé de 56 ans… Il était arrivé à Maurice le 16 janvier et avait été admis à la New ENT Hospital. Les tests de ce passager s’étaient révélés négatifs. Mais par la suite, d’autres tests ont été effectués et ceux-ci se sont révélés positifs. De quoi perdre le Nord et être déboussolés… Qui plus est, selon le ministre, le quinquagénaire avait été en contact avec 17 personnes, dont le Dr Zouberr Joomaye… Et ces personnes avaient toutes été placées en auto-isolement. Mais le ministre avait précisé ceci : «Selon l’OMS ce n’est pas un cas local car le patient a voyagé…» Se pourrait-il qu’il ait contaminé d’autres personnes sur le sol mauricien ? Encore une question qui a été posée au NCC mais qui est restée sans réponse jusqu’ici.
Mais alors que faire ? Pour le Dr Gujadhur, le moyen le plus efficace de retracer le patient zéro serait de chercher du côté des passagers qui ont effectué des quarantaines dans des centres, pour le mois de février. «Surtout là ou il y a eu des tests positifs au quatorzième jour, alors que d’autres, négatifs, ont été autorisés à partir. Il faut les chercher et vérifier leur anti-corps. Si li positif, nou pou ena enn la piste...»
Cependant ; d’ores et déjà, souligne-t-il, l’exercice de traçabilité s’annonce rude. «Il y a des cas qui n’ont pas de lien. Comme le cas de la petite fille de trois ans, à Ecroignard. C’est sûr que le virus circule toujours, mais dans plusieurs cas, les personnes sont asymptomatiques. Ce qui a peut-être été le cas pour le patient zéro.» Le dossier est complexe, très très complexe. Il cite en exemple le cas détecté chez SKC Surat, le ‘premier’ officiellement. «Si enn pa ti tom malad, pa ti pou koné.»
Le Dr Deoraj Caussy, expert en épidémiologie, est lui d’un autre avis. «Chercher le patient zéro n’avancera à rien, dans la situation actuelle. Ce sera difficile et une perte de temps conséquente. Linn fini fané partou, li pa fer oken diférans.» Par contre, il faudra travailler davantage sur les traitements et le contrôle du virus car «il est déjà trop tard pour Maurice pour chercher la cause. Cela équivaudrait à dévier l’attention vers cela et on gaspillerait de l’énergie sur quelque chose qui ne sera pas de grand aide dans la bataille».
Creusons quand même. Autre hypothèse sur la propagation de la maladie : à travers le personnel navigant... Tout comme le personnel soignant, il y a le cas de cet homme, qui aurait négligé le protocole sanitaire après un vol, vers la mi-octobre 2020. C’est son épouse, une habitante de l’Est, qui avait porté plainte contre lui quand elle a su que son époux était sorti alors qu’il devait être en isolement. Toutefois, les autorités, à cette époque, avaient affirmé qu’ils prenaient ce cas avec des pincettes car comme le personnel soignant, le personnel de l’aviation nationale recevait aussi des visites et des appels «surprise »... Et puis, il pouvait en outre s’agir de bisbilles entre époux…
Cependant, Yogita Babboo, présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), révèle que, sans doute, qu'elle ne sait pas s'il y a pu avoir des ‘brebis galeuses’ dans la bergerie. Toutefois, elle précise qu’il y a autre chose à prendre en considération comme le fait qu’après chaque vol, le personnel de l’aviation nationale n’était en isolement que sept jours et que chacun recommence à vivre une vie normale et à voyager après ce laps de temps, si le teste PCR est négatif. « La maladie peut prendre plus de 14 jours pour se manisfester donc, apres négatif du septième jour, on court un risque de devenir quand meme positif après sans le savoir» Et plusieurs d’entre eux auraient été en contact avec des voyageurs qui ont été testés positifs par la suite…
Par ailleurs, Yogita Babboo mentionne également le fait que certains ne restaient pas en isolement car il n’y avait pas de protocoles établis pour ça. Il s’agit du personnel sur des vols cargos de ou vers Rodrigues. Après leurs vols, ils retournent chez eux et circulent normalement dans de la communauté. Même s’ils n’ont pas de contact avec des passagers, il ne faut pas oublier que le virus peut s’attraper autrement, alors qu’il s’accroche aux objets, à certaines surfaces. Ce qui amène la présidente de l’AMCCA à se demander : «Est-ce que les avions ont été désinfectés correctement ? »
Une source à l’aéroport affirme qu’il y a des hommes d’affaires, des VIP, qui ont voyagé sans passer par la quarantaine et qui ont été priés de s’auto-isoler. Notamment en jet privé, même s’ils ont démenti…
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