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Rishi Nursimulu: «La richesse d’un pays, c’est de connaître la vérité sur son passé»

15 mars 2021, 21:29

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Rishi Nursimulu: «La richesse d’un pays, c’est de connaître la vérité sur son passé»

30000. C’est le nombre de vues générées par la chanson «Children of all colours», «Zanfan tou kouler» lancée sur la plateforme Youtube il y a dix jours, soit le vendredi 5 mars. Il s’agit de l’extrait d’un album éponyme réalisé par des élèves de Dukesbridge, et Rishi Nursimulu, directeur fondateur de l’établissement, également auteur-compositeur des chansons. En attendant la sortie de l’album, sujette à la situation de Covid-19 dans le pays, Rishi Nursimulu fait un tour d’horizon des retombées et des thèmes choisis.

«Beaucoup de personnes nous ont confié avoir eu les larmes aux yeux, et qu’elles se sont senties fières d’être Mauriciens en écoutant la chanson. Il y a, notamment, ce commentaire public de Me Hervé Duval qui nous a marqués : “Je souhaite que les enfants du pays soient épargnés du discours habituel, prononcé lors de la cérémonie de la levée du drapeau national. Et qu’à la place, ils puissent écouter et apprendre les paroles de Zanfan tou kouler. Que cette belle chanson ait un destin similaire au bush ballad australien Waltzing Mathilda. Je ne peux penser à un meilleur hymne national inofficiel”.» Rishi Nursimulu s’est réjoui: «Les retombées au niveau local et international ont dépassé nos attentes. Des non-Mauriciens m’ont dit qu’en l’espace de quelques minutes, ils ont découvert notre histoire.»

Cela dit, ce n’est pas le seul morceau de l’album qui parle de notre histoire. Le responsable des écoles Dukesbridge nous racontera que chaque début année, son établissement se consacre à une thématique, mais pour 2021, «nous avons retenu ‘going after the lost’, soit des personnes qui, par des concours de circonstances, ont été délaissées. Et c’est ainsi que nous avons pensé à remonter à l’époque de l’esclavage. De toute ma vie, je me suis fié à ce que disaient les manuels scolaires concernant notre histoire. Je suis déçu par moi-même de n’avoir effectué des recherches plus poussées, d’autant que les informations sont facilement disponibles sur internet. Je m’y suis mis».

Et c’est ainsi qu’il a, notamment appris que «si l’esclavage avait été aboli en 1833 à travers le monde, à Maurice, il n’a été aboli que deux ans plus tard. Pour être libres, il avait été proposé aux esclaves, de payer leur libération ou de travailler sans rémunération pendant quatre ans. À l’arrivée des Indiens, les esclaves affranchis ont dû se débrouiller pour vivre». Il comprend à ce moment qu’une tranche de la population mauricienne est injustement perçue comme «paresseuse».«On ne peut pas changer le passé, par contre, le futur, oui. La richesse d’un pays c’est de connaître la vérité sur son passé, pour un meilleur avenir. On doit identifier les délaissés afin de leur offrir de meilleures opportunités. Au cas contraire, on serait une nation hypocrite.»

C’est à travers la chanson que Rishi Nursimulu souhaite attirer l’attention sur le passé de notre pays. Notamment à travers les paroles de son titre «La rivière Tannier», dans lequel il partage sa connaissance nouvellement acquise à propos de la condition des esclaves. Sur cet album, on pourra découvrir «Milo the dodo», qui met en avant le fait que le dodo est natif de notre île, ou encore «Nag the stag» qui raconte l’arrivée du cerf de Java à Maurice. «Personnellement, je me suis posé la question à savoir pourquoi le cerf apparaît sur notre emblème. Je n’ai pas trouvé la réponse dans les manuels scolaires. Peut-être estce un échec du passé ? Ou peut-être à l’époque, ils se sont dit qu’il y avait déjà un oiseau, donc il ne fallait pas ajouter la cateau verte ou le pigeon rose ? On ne sait pas…»