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AstraZeneca & Co: piqûre de rappel
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AstraZeneca & Co: piqûre de rappel
Récemment, plusieurs pays avaient suspendu leur campagne de vaccination contre le Covid-19, remettant en cause la sûreté du vaccin AstraZeneca. Mais ce jeudi 18 mars, le comité de l’Agence européenne des médicaments a finalement conclu que l’AstraZeneca est «sûr et efficace». Alors que la campagne reprend de plus belle à l’international, d’autres vaccins font leur apparition sur le marché. Notamment le Covaxin ou encore le Sinovac. Face à cette situation, les questions fusent quant à l’efficacité de tous ces vaccins. Voici quelques éléments de réponses…
Quels sont les pays qui avaient suspendu l’utilisation de l’AstraZeneca et pourquoi ?
Le 11 mars, le Danemark a été le premier pays à suspendre le vaccin. Les autorités soupçonnent qu’un des effets secondaires graves est la formation de caillots de sang menant à des thromboses. Le même jour, la Norvège prend la même décision. La Bulgarie, elle, suspend sa campagne de vaccination le 12 mars. Ces trois pays ont enregistré des décès de personnes vaccinées, mais jusqu’à présent, aucun lien entre le vaccin et la formation de caillots n’a été établi.
Commence alors un effet domino. L’Allemagne, la France, l’Italie, la Slovénie, l’Espagne, le Portugal, la Lettonie, le Luxembourg et la Chypre suspendent eux aussi leur campagne de vaccination par mesure de précaution. L’Autriche a suspendu l’utilisation d’un lot de vaccins AstraZeneca après le décès d’une infirmière. L’Estonie et la Lituanie ont fait de même par la suite. La Roumanie a elle aussi suspendu un autre de ces mêmes vaccins.
En Thaïlande, Indonésie et en République du Congo, la campagne de vaccination à l’AstraZeneca a été retardée. De leur côté, les autorités du Venezuela ont fait savoir qu’elles n’autoriseront pas l’utilisation de ce vaccin. Des politologues ont aussi évoqué la thèse d’une guerre politique et commerciale. Le Brexit en serait la raison réelle ; les pays de l’Europe boudent l’AstraZeneca car le laboratoire est Anglais.
Le vaccin favorise-t-il réellement la formation de caillots de sang ?
Selon une étude menée en urgence par l’Agence européenne des médicaments, il a été noté que sur 5 000 000 de vaccinés, 20 personnes ont été victimes de thrombose. En Angleterre, sur 11 millions de personnes vaccinées, 35 cas de thrombose ont été notés.
La Dr Mita Ballysing, médecin généraliste dans le privé, affirme, comme beaucoup d’autres experts, que selon les données disponibles de l’International Society of Thrombosis, il n’y a pas eu de recrudescence du nombre de thromboses par jour dans la population vaccinée par rapport à la même population non-vaccinée.
Quid des pays ayant repris leur campagne de vaccination ?
La France, l’Espagne et l’Italie ont repris la vaccination vendredi, soit le lendemain après que l’Agence européenne des médicaments a fait savoir que le vaccin n’est pas associé à un risque accru de formation de caillots. Par ailleurs, depuis le début de la polémique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait maintenu sa position : la balance risques-bénéfices penche en faveur du vaccin.
Nous entendons également parler du Covaxin. A-t-il eu l’aval des instances internationales ?
Le Covaxin est le vaccin développé en Inde par le Bharat Biontech Indian Council of Medical Research – National Institute of Virology. Les autorités indiennes ont donné l’aval pour son utilisation, alors que les essais cliniques pour la troisième et dernière phase sont toujours en cours. Le Covaxin n’a pas encore eu l’aval des instances internationales, mais en Inde, il a eu un certificat d’urgence pour son utilisation.
Le vaccin a néanmoins été approuvé pour utilisation national dans trois pays : l’Inde, l’Iran et le Zimbabwe. De plus, plusieurs pays amis de l’Inde comme le Sri Lanka, la Birmanie, Oman et les Maldives, entre autres, vont recevoir des dons du vaccin Covaxin sous le programme d’aide «Vaccine Maitri». Selon les résultats disponibles, le vaccin est efficace à 81 %. Et le stockage, comme pour l’AstraZeneca, se fait entre 2°C et 8°C.
Et qu’en est-il du formulaire de consentement ? Serat-il le même que celui de l’AstraZeneca à Maurice ?
Oui. Le ministre de la Santé a confirmé qu’il n’y a un seul formulaire pour tous les vaccins qui seront administrés à Maurice. Au début de la campagne de vaccination en Inde, alors que le Covaxin portait toujours le label «clinical trial», le consent form indien stipulait qu’en cas d’effets secondaires, le gouvernement s’engageait à donner les soins nécessaires, et en cas d’effets secondaires graves, il y aura une compensation si le lien entre l’effet et le vaccin est prouvé. Mais depuis, cette semaine, le Covaxin n’a plus le label «trial» et les patients n’ont pas de formulaire à signer.
Qu’en est-il des vaccins chinois ?
Plusieurs pays, comme le Brésil, l’Indonésie, les Maldives, les Émirats arabes unis, ont déjà approuvé les vaccins chinois. Notre compatriote la Dr Hoseny, qui exerce en Chine, a déjà fait ses deux doses de vaccin depuis quelque temps déjà. «En fait, nous attendons que l’OMS homologue les vaccins chinois. Et cela devrait se faire d’ici la fin du mois de mars», dit-elle. Elle ajoute que plus de six millions de personnes se sont déjà fait vacciner en Chine. Selon les derniers rapports émis, la Chine n’a pas rapporté de nouveau cas local depuis la Fête du Printemps, en février.
Quels vaccins aurons-nous à Maurice ?
Maurice a reçu 200 000 doses d’AstraZeneca de l’Inde. Et 200 000 doses de Covaxin sont arrivées vendredi dernier. De plus, 100 000 doses de Sinovac et 330 000 doses supplémentaires de l’Inde. En outre, le ministère de la Santé avait laissé entendre que le gouvernement obtiendra également 250 000 doses de Spoutnik V.
Quelle est donc l’efficacité de ces vaccins ?
AstraZeneca : 63,09 % Spoutnik V : 92 % Covaxin : 81 % Sinovac : de 50,38 % à 78% (Chiffres disponibles sur les médias internationaux)
Est-il possible de faire la première dose d’un vaccin et la deuxième d’un autre ?
Pour l’heure non, s’accordent à dire des spécialistes concernés. Selon le Dr Vasantrao Gujadhur, il n’y a pas eu de recherches suffisamment poussées sur le sujet et, d’ailleurs, l’OMS préconise la seconde dose du même vaccin dans tous les cas. Même son de cloche du côté du Dr Deoraj Caussy : «Il n’y a pas eu d’essai clinique pour cela, donc, la réponse est non. Vaksin la nouvo. Pa kapav pankor fini rodaz lor koltar, ou rod anvolé asterla.»
Sommes-nous assurés que tout le monde pourra avoir la même dose que la première ?
Le Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, a donné l’assurance que tout a été mis en place pour assurer la seconde dose du même laboratoire.
Un pays peut-il choisir son vaccin ?
Absolument pas. «Okenn péi pa donn enn kart vaksin pou swazir», avait soutenu Steven Obeegadoo. La vaccination se fera selon les lots disponibles. D’ailleurs, ce système n’est pas unique à Maurice. Dans d’autres pays, il n’est pas possible de choisir non plus. Mais les vaccins sont administrés selon des critères établis.
Par exemple, le Pfizer-BioNtech est administré aux personnes de plus de 75 ans et celles qui ont des facteurs de risques élevés. Chaque dose administrée doit être justifié auprès des autorités. Le Moderna est administré à ceux qui ont déjà été testés positifs dans le passé et il n’est pas à la portée des médecins généralistes. Et l’AstraZeneca est pour le reste de la population, mais le protocole est strict quand même.
Quid des effets secondaires ?
Selon la notice de l’AstraZeneca, les effets indésirables les plus courants notés après la première dose sont : douleur au site de l’injection (63,7 %), fatigue (53,1 %) et faible fièvre et fébrilité (33,6 %). Les effets secondaires après la seconde dose sont cependant plus faibles. En ce qui concerne le Covaxin, il n’y a pas eu d’effets secondaires notables. Sur 1 900 000 vaccinés, seuls 311 cas d’effets secondaires ont été notés, et ont été jugés «négligeables» par rapport aux autres vaccins. Pour le Spoutnik, l’effet secondaire noté a été une faible fièvre.
Peut-on attraper le virus après s’être fait vacciné ?
Oui. «Lorsqu’on parle d’efficacité du vaccin dans les revues scientifiques, on parle du pourcentage de protection», explique Hourriyah Tegally. Par exemple, avec un vaccin efficace à 63,9 %, la personne aura quand même 36,9 % de chance d’attraper la maladie. Une personne vaccinée peut aussi transmettre le virus à d’autres.
«Lorsque le consentement est vicié, c’est-à-dire lorsqu’il a été donné par une personne sous contrainte, sous pression, sous quelque menace, le contrat n’existe pas, et il est cassé en cour, car illégal»
Sommes-nous protégés contre les variants après la vaccination ?
«La communauté scientifique s’accorde à dire que la seule arme que nous avons contre les variants est la vaccination», dit Houriiyah Tegally, doctorante mauricienne en bioinformatique et virologie. Elle explique que plus le taux de vaccination sera élevé, moins le virus se transmettra et aura ainsi moins de chance de muter. «Cependant, dans 100 % des cas, le vaccin empêchera la forme grave de la maladie, fort probablement même celle causée par les variants.» Donc, le vaccin est efficace contre les variants.
Faudrait-il faire des test PCR avant le vaccin ?
Non, ce n’est pas nécessaire, dit le Dr Deoraj Caussy. Car «lorsqu’une personne fait un test PCR qui se révèle négatif, cela ne veut pas dire qu’il l’est. Le virus peut se manifester après plusieurs jours», explique pour sa part le Dr Gujadhur.
Il se passe quoi si une personne asymptomatique se fait vacciner ?
Le Dr Vasantrao Gujadhur dit que les personnes testées positives doivent éviter le vaccin. «Comme son système immunitaire sera déjà activé, le risque d’avoir les effets secondaires deux fois plus forts sont réels. C’est pour cela qu’il est déconseillé aux personnes positives de se faire vacciner», avance Hourriyah Tegally. Quant à une personne qui a déjà été testée positive et guérie, il est recommandé de faire le vaccin quand même.
Que vaut le «consent form» ?
Maneesh Gobin est venu à la télé jeudi pour expliquer le formulaire de consentement, mais quelques «shaitaan» et «sanjeevani» plus tard, les téléspectateurs n’étaient pas plus éclairés. Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, Roshi Bhadain avait mis en garde contre trois clauses du formulaire de consentement car, selon lui, tout signataire dédouane l’État, les laboratoires, les pays qui ont offert les vaccins et toutes les autres partis prenantes de tout blâme en cas de négligence médical ou encore en cas de problèmes de santé ou de mort liée au vaccin.
Cependant, Kris Valaydon a une autre lecture de la chose. Selon lui, un formulaire signé sous contrainte n’a aucune valeur légale. «Lorsque le consentement est vicié, c’est-à-dire lorsqu’il a été donné par une personne sous contrainte, sous pression, sous quelque menace, le contrat n’existe pas, et il est cassé en cour, car illégal», a écrit le légiste sur sa page Facebook. Il rappelle aussi que pour l’heure, personne, ni même les fabricants des vaccins, ne peuvent donner de garanties quant à leur efficacité. «L’État a l’obligation de prendre ses responsabilités vis-à-vis du citoyen», poursuit-il.
Karvi Arian, avocat, a, lui, fait ressortir que l’État ne peut pas se défiler, clauses ou pas, devant des «fautes lourdes». Il rappelle que devant la Cour, un État n’est pas considéré comme un défendant normal dans des actions légales civiles.
Qu’en est-il du formulaire de consentement ailleurs ?
Le formulaire de consentement est présent dans plusieurs pays et doit obligatoirement être signé avant la vaccination. Cependant, Maurice est le seul pays qui dédouane l’État en cas d’effets secondaires graves ou de mort liée au vaccin. Par ailleurs, à noter qu’un programme a été mis en place dans 92 pays à revenu faible ou intermédiaire pour indemniser les personnes ayant subi un préjudice par rapport aux vaccins. Le programme est financé par une petite somme prélevée sur chaque dose subventionnée par le système de garantie de marché Gavi-COVAX.
Le Dr Gujadhur : «la campagne de vaccination doit s’adapter aux variants
<p>Pour l’heure, une chose est certaine : il y a des variants du Covid-19 présents à Maurice. Lesquels ? Seuls les autorités et les responsables du laboratoire sont au courant pour l’instant. La Dr Catherine Gaud avait dit, vendredi dernier, que l’annonce sera faite ce lundi. Sollicité, le Dr Vasantrao Gujadhur soutient qu’il faut que l’information soit communiquée au plus vite, car la campagne de vaccination doit s’adapter en conséquence. <em>«Par exemple, il y a trois mutations du virus sud-africain : le N 501 Y, le E 484 K et le K 417. Le vaccin AstraZeneca n’est efficace que sur le premier variant. Donc, si à Maurice on a les autres, il faudra revoir le vaccin utilisé.»</em></p>
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