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Examens du School Certificate: les élèves tendus mais satisfaits
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Examens du School Certificate: les élèves tendus mais satisfaits
La course aux cinq «credits» a débuté hier après plusieurs mois d’attente. Ainsi, 802 élèves du School Certificate cuvée 2020 ont pris part aux examens de «Food and Nutrition : Planning» dans la matinée. Huit centres d’examens, y compris celui de Rodrigues, ont ouvert leurs portes pour cette épreuve. Cependant, malgré les mesures appliquées par les autorités pour que les examens de Cambridge se déroulent sans difficultés en cette période de confinement, la tension et le stress étaient palpables devant les établissements. Des bus ont fait l’école buissonnière dans la région du Nord et des parents s’inquiétaient quant à l’approvisionnement des ingrédients pour l’examen pratique. Malgré cela, les élèves ont été satisfaits des mesures sanitaires et de leur performance lors de l’épreuve.
Port-Louis. Il est un peu plus de 8 heures quand les élèves du Renganaden Seeneevassen SSS, à la rue Jenner, débarquent. Des véhicules défilent devant le portail. Benoît, père de famille, a accompagné son fils et se chargera de le récupérer à la fin de l’épreuve. Il confie que si son enfant n’est pas stressé, ce n’est toutefois pas le cas pour lui. «Avec ce virus qui est en circulation, j’ai une certaine frayeur. Je pense toujours que les autorités doivent renvoyer les examens.»
Marianne est, quant à elle, venue déposer sa fille au centre d’examen en taxi. Les bras croisés, elle attend la fin de l’épreuve. «On verra par la suite si un transport pourra nous déposer près de chez nous. Au cas contraire, on appellera le taxi qui est venu nous déposer.» Marianne est inquiète. «Vu que les commerces sont fermés, ma fille se demande si elle pourra acheter tous les ingrédients et autres matériels requis pour son examen pratique ce jeudi», nous explique-t-elle. «On ne pourra pas tout avoir dans les supermarchés.»
«Péna bis…»
Au centre d’examen Lady Sushil Ramgoolam SSS à Triolet, les élèves sont déjà sur place une heure avant le début de l’examen. Des parents sont, eux, présents à l’extérieur du collège. Une mère de famille explique qu’elle ne veut pas que sa fille prenne le transport public, de peur qu’elle soit en danger. «Je serai plus rassurée si elle retourne avec moi en voiture», nous confie-telle. Un sentiment que partage Jessica dont la fille prend aussi part à ces examens. «Je ne le montre pas forcément mais je m’inquiète pour la sécurité de mon enfant.»
Plusieurs parents craignaient par rapport à l’organisation autour de cette première journée d’examens. À juste titre. Si le ministère du Transport avait annoncé que des autobus seraient mis à la disposition des élèves pour les déposer à l’école et les ramener chez eux ensuite, tel n’a pas été le cas pour ce centre d’examen.
Il est 8 h 45. La plupart des élèves arrivent en voiture ou à moto, accompagnés de leurs parents, quand nous distinguons un homme au loin, qui arrive avec son fils, à bout de souffle. Il s’agit de Mario Jean, habitant de Morcellement St-Antoine, venu déposer son fils pour les examens. «Gouvernman fer propagan, dir pou met bis me pena bis.»
Mario Jean est parti de chez lui à 6 h 45 pour être sûr d’arriver à Triolet à 8 heures, soit une heure avant le début de l’examen. Mais il a eu la mauvaise surprise de constater qu’il n’y avait aucun autobus. Il a demandé à un receveur à la gare où étaient les bus. Ce dernier lui a indiqué : «Je n’ai pas reçu d’ordre pour transporter les ‘zanfan lékol’.»
Nous décidons alors de demander à Brenda Thanacoody-Soborun, directrice du Mauritius Examinations Syndicate (MES), présente dans l’enceinte du collège, de nous expliquer ce qui s’est passé mais elle a refusé de faire un commentaire. Pendant ce temps, des parents ayant eu vent qu’il n’y avait pas de bus le matin, se sont mobilisés. Ils ont préféré se déplacer et attendre la fin de l’épreuve pour récupérer leurs enfants.
Quinze minutes avant la fin des examens, un premier bus fait son apparition. Le chauffeur nous explique qu’on lui a demandé de venir rapidement sur place. Pas d’indication qu’il s’agit d’un autobus réservé pour les élèves. Nous décidons de monter à bord et constatons que les mesures sanitaires n’ont pas été respectées. Il n’y a même pas de hand sanitizer à l’entrée.
Peu après, un deuxième bus fait son apparition, puis un troisième, un quatrième. Au final, 12 autobus sont déployés. Les parents sur place n’ont pas caché leur frustration face à cela. «Kinn arivé sa koutla ? Gramatin péna bis mé la kan trouv zournalis, lagar sanz plas», s’insurge Seeneevasen Kistnasami, qui attend sa fille.
Zone rouge
Le chef de gare va tenter de calmer les esprits mais cela ne fera que jeter de l’huile sur le feu. Mario Jean demandera à ce dernier la raison pour laquelle les bus, qui ont été envoyés, ne comportent aucune enseigne indiquant qu’ils sont des autobus réservés à ceux prenant part à des examens. Le chef de gare devait indiquer que ce ne sont que les bus de la zone rouge, qui arborent cette enseigne. «Tou bis, dan tou zon, bizin ena sa pou zanfan koné ki bis pou pran», répondront les parents.
Finalement, un seul des 12 autobus déployés repartira avec quelques élèves. Les parents, abasourdis par les événements, rentreront chez eux mais avec l’espoir que de telles choses ne vont pas se reproduire pour les autres jours des examens.
Il est 11 heures. Direction Beau-Bassin et Rose-Hill. Les candidats quittent enfin la salle d’examen dans les divers établissements. Au collège Queen Elizabeth à Rose-Hill, les élèves ont l’air plus détendus. Certains rejoignent leurs parents tandis que d’autres prennent le transport public.
Océanne, élève au Cosmopolitan College, est satisfaite de sa performance. «Je m’attendais au pire mais j’ai pu répondre aux questions.» Elle pourra envisager l’examen pratique de jeudi avec plus de sérénité. «Nous aurons quatre plats à préparer, cela me convient.»
Arusha Mohun, élève au Beau-Bassin SSS, pousse également un «ouf» de soulagement après avoir appris qu’il y aura quatre plats à préparer jeudi. «Je pensais que nous allions devoir préparer cinq plats», nous confie-t-elle. «De plus, je suis contente de la somme allouée par le MES aux parents pour acheter les matériels et ingrédients. C’est un poids qu’on enlève de leurs épaules.»
Sébastien Carmagnole, élève au collège Saint Andrew, n’était pas du tout stressé par l’épreuve. Cela dit, la situation sanitaire l’inquiète. «Le système de transport public mis à disposition ne nous rassure pas. De plus, on a peur de se faire contaminer», dit-il. «Pourquoi obliger les élèves du SC et HSC à prendre part aux examens ? C’est risqué car la plupart des candidats sont des mineurs», s’exprime son camarade.
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