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Abel Potiron, SDF à La-Tour-Koenig: «Ti lakaz, gran leker»

27 mars 2021, 12:07

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Abel Potiron, SDF à La-Tour-Koenig: «Ti lakaz, gran leker»

«Zis so lakaz ki tipti. So leker gran.» Ces mots représentent ce que pense tout un village d’Abel Potiron, 49 ans et sans domicile fixe à La Tour-Koenig. Il a trouvé refuge dans une vieille voiture sur un terrain vague depuis si longtemps qu’il ne compte plus les années. Voilà plus de 10 ans qu’il vit dans cette voiture qu’il a récupérée pour en faire sa petite maison.

Abel est un de ceux à qui la vie n’a pas fait de cadeau, mais il n’est pas rancunier. Pour cet homme qui vit au jour le jour, le dicton est simple : «Tan ki mo pe kapav kasiet lapli, gagn enn ti manze, mo bizin dir Mersi lavi.» Originaire de Petite-Rivière, sa vie a basculé à la mort de ses parents. Il a tout de suite compris qu’il devrait ‘trase’ pour s’en sortir. «Mo nepli tro rapel me mo pran soin mo ti frer.»

Il a transité entre différents endroits, à commencer par la plage de Pointe-aux-Sables, un chantier de la CMT, pour finir sur un terrain vague à La Tour-Koenig dont il n’a plus bougé depuis 10 ans. Depuis, Abel a récupéré un vieux 4x4 abandonné sur ce terrain vague qu’il occupe. Il l’a démonté pour enlever la boîte de vitesses et ne garder que les sièges qu’il a transformés en lit. Une vieille peluche placée à l’intérieur lui sert d’oreiller. Et à l’arrière, le quadragénaire a rajouté de vieilles feuilles de tôle pour en faire un petit coin-repas. Devant sa petite maison, Abel a improvisé une petite grotte où il prie de temps en temps.

Il gagne sa vie en travaillant chez l’habitant. Jardinier, gardien, aide dans une tabagie, tous ces métiers, Abel les met dans un seul panier : il est un traser. Il peut compter sur la gentillesse des habitants du coin qui n’hésitent pas à lui donner à manger tous les jours. Il peut se doucher le matin à la garderie où il s’occupe du nettoyage. Et si vous aviez le pouvoir de changer quelque chose à votre vie ? «Mo pa pou sanz narnien. Kapav sanz inpe dimoun.» Abel vit au jour le jour et n’espère pas de changement de sitôt mais au fond, il rêve d’une maison décente comme tout le monde car en soirée, les rats et les moustiques viennent perturber sa tranquillité.