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Rapport de l’Audit: pas de vaccin pour le virus du gaspillage de fonds publics...

28 mars 2021, 19:00

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Rapport de l’Audit: pas de vaccin pour le virus du gaspillage de fonds publics...

Continuera-t-on à parler de présomption d’innocence pour nos décideurs après la publication du rapport de l’Audit, mardi 23 mars ? Un rapport qui fait état de transactions par millions dont les dossiers n’ont pas été remis aux auditeurs. Et les dépenses sous le Covid-19 y ont été largement critiquées. 

Une enquête, leur a-t-on expliqué, est en cours par l’Independent Commission against Corruption (ICAC). En attendant, le bureau de l’Audit nous livre son verdict sur les dossiers qu’il a pu avoir en main. 

Les principales institutions à l’origine des magouilles 

Le rapport de directeur de l’Audit, Sunil Romooah, pointe du doigt le High-Level Committee, mis en place rappelle-t-il tout au long de ses conclusions, par le Prime Minister’s Office, la National Task Force on Covid-19, les ministères de la Santé, du Commerce et dans une moindre mesure celui du Tourisme, la State Trading Corporation et la Mauritius Tourism Promotion Authority. 

Ils sont accusés notamment d’avoir fermé les yeux sur les prix d’achat, dont certains représentent 67 fois le prix des précédentes commandes. Aussi de ne pas avoir vérifié au préalable si les compagnies privées choisies sont fiables, surtout avant de leur verser généreusement des sommes folles en avance et d’avoir tout simplement abusé des Emergengy Procurement Procedures en violant les règles établies. Et d’avoir laissé le champ libre à des corps paraétatiques, comme la State Trading Corporation (STC). 

La STC ou l’agent payeur à l’aveuglette 

Les auditeurs rappellent qu’un milliard de roupies de produits sanitaires ont été acquis à travers la STC principalement pour le compte du ministère de la Santé. Si l’organisme a réglé rubis sur ongles les fournisseurs, et parfois en avance, le ministère de la Santé, lui aussi, a remboursé la STC très rapidement, le 30 juin 2020. Et cela sans poser de questions. Une stratégie bien calculée pour échapper aux regards des fonctionnaires et au contrôle interne ? 

L’ICAC fait barrage 

Lorsque le bureau de l’Audit a voulu consulter les dossiers d’achats sous le Covid-19, au ministère de la Santé, on lui a répondu que 60 dossiers ont été saisis par l’ICAC. Ce n’est que le 25 janvier 2021, c’est-à-dire après la fin de l’audit, que le ministère a informé les auditeurs qu’il n’avait aucune objection à ce que l’Audit ait accès aux dossiers de l’ICAC. 

Toutefois, on ne sait pas si cette dernière allait remettre ces dossiers à l’Audit et quand. Ce n’est pas fini. Lorsque les auditeurs ont voulu consulter les procédures d’achat au ministère, celui-ci a fait la sourde oreille jusqu’à la fin de l’exercice d’audit. 

Au ministère du Commerce, on a plutôt joué à : «Pa mwa sa, li sa.» On a ainsi fait savoir au bureau de l’Audit que ce ministère a agi uniquement comme facilitateur pour le compte de la Santé dans l’achat de 100 000 kits de tests PCR. Et que le ministère du Commerce était disposé à remettre le dossier aux auditeurs mais malheureusement (ou heureusement), le dossier était entre les mains de l’ICAC. Cependant, un dossier temporaire a été remis. Est-ce un dossier conforme à l’original qui est gardé au chaud à la commission anticorruption ? On ne le saura sans doute pas… 

Les fameux respirateurs Pack and Blister et les médocs 

Le rapport de l’Audit revient aussi sur les 60 respirateurs inutilisables acquis pour Rs 94 millions. Quant aux 50 appareils commandés directement de l’étranger - (tiret) présumément de Pack and Blister - le bureau de l’Audit note que le vendeur ne figure pas sur la liste des fournisseurs du ministère. 37 sur 46 médicaments commandés l’ont été auprès d’un unique distributeur local qui n’est même pas le fournisseur habituel du gouvernement. 

Il est souligné également comment une pharmacie s’est donnée à cœur joie de gonfler les prix entre 15 et 3,300 % ! De plus, la pharmacie en question n’avait pas encore honoré les commandes, bien qu’urgentes, au 31 octobre 2020. Question pour un contribuable : pourquoi être passé par les Emergency Procedures alors ? 

Pour l’Audit, les autorités ont négligé l’intérêt du Trésor en versant des avances et en n’incluant pas de condition en cas de retard de livraison. 

High-Level Committee au PMO : pas de dossier 

Le comité mis sur pied au niveau du ministère de la Santé durant le premier confinement pour suivre le niveau des stocks et – c’est important – recommander les achats, n’a conservé ni agenda ni les comptes-rendus des réunions. Plus important : on a redirigé le bureau de l’Audit vers le High-Level Committee for Covid-19 présidé par Pravind Jugnauth, qui, a-t-on précisé, donnait les instructions au comité du ministère de la Santé. Encore une fois, pas de veine : aucun document n’y est disponible. 

Pas de trace donc n’a été laissée, jusqu’à preuve du contraire. Il est donc difficile, voire impossible, de savoir qui a décidé et autorisé ces achats sous la procédure d’urgence pour, rappelons- le, Rs 1,7 milliard.