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Covid-19: deux vagues épidémiques, deux constats différents
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Covid-19: deux vagues épidémiques, deux constats différents
Graphiquement parlant, les 24 premiers jours des deux vagues de l’épidémie du nouveau coronavirus se ressemblent dans la forme, comme des frères jumeaux, presque des siamois. Or, dans le fond, la réalité est tout autre. À commencer par la stratégie de couvre-feu du gouvernement.
Le 11 avril 2020, le pays avait enregistré 319 cas en 24 jours. Le pic de l’épidémie avait déjà été franchi. Cette année, les autorités ont dépisté 327 cas en 24 jours depuis le début de la seconde vague le 5 mars 2021. Mais le 11 avril 2020, il restait encore un mois et demi à la population pour endiguer le virus. Or, le 1er avril, le gouvernement lance son plan de sortie de confinement, accéléré par une économie en plein déclin, malgré le fait que le virus continue de progresser de façon préoccupante dans la communauté.
Selon Philippe Forget, statisticien de formation, même si l’évolution semble être quasi-similaire en vue des deux graphiques, deux différences sautent aux yeux. «On teste en moyenne six fois plus maintenant, ce qui fait que l’on a plus de chance de détection maintenant qu’en 2020. L’année dernière, on identifiait essentiellement des citoyens avec des symptômes. Maintenant, les asymptomatiques aussi y passent, ce qui devrait être un signe positif pour le pays. Car les asymptomatiques sont des vecteurs aussi. Dans ce sens, nous sommes probablement dans une meilleure situation que l’an dernier. Les spécialistes répondront sans doute bientôt.» Pour lui, l’autre grande différence concerne l’approche des autorités. «Après 24 jours, nous étions gonflés à bloc pour chasser le virus hors du pays et payer le prix pour. Aujourd’hui, nos moyens financiers sont plus limités et le gouvernement signale qu’il faudra vivre avec le Covid-19. La nuance est de taille ! Nous avons appris depuis.»
Soulignons toutefois que le graphique de 2021 ne comptabilise pas les cas importés recensés depuis le 5 mars. Notons que les autorités prennent le soin de ne pas élaborer sur ces cas. Hier, le ministre de la Santé a vaguement déclaré que les patients concernés par les cas importés sont «minimes». Il faut aussi retenir que le 11 avril 2020, Maurice avait déjà enregistré neuf décès sur les dix comptabilisés pour la première vague.
Mais cette année, les autorités refusent de répertorier le cas du Mauricien rapatrié de Madagascar comme un décès lié au Covid-19. Idem pour le décès d’un autre patient venant de l’Inde à l’ENT le 23 janvier. Hier, le Dr Kailesh Jagutpal en a parlé pour la première fois en répondant à une question de l’express. Ledit patient, selon les autorités, n’est pas mort du Covid-19 mais «d’autres pathologies». Le ministre de la Santé a d’ailleurs souligné le fait que la cause des décès soit établie selon les normes internationales. «Nous ne pouvons pas dire qu’une personne est décédée du Covid-19 si tel n’est pas le cas.»
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