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La semaine décryptée
Lundi 22 mars
Quand la débrouillardise mauricienne l’emporte…
Ce lundi 22 mars ont débuté les examens du School Certificate (SC) en plein confinement. Ce qui avait amené les autorités, sous la houlette du ministère de l’Éducation, à monter un plan grandiose de transport des jeunes candidats aux centres d’examens et leur retour chez eux par la suite.
Les Mauriciens ne sont pas dupes et ils n’ont pas fait confiance – avec raison – à la capacité du gouvernement d’assurer le transport de leurs enfants vers les centres d’examens où les horaires doivent être strictement observés. C’est ainsi que la grande majorité des parents ont pris des dispositions pour véhiculer leurs enfants et ne pas se fier aux autobus promis par la ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun.
Aux termes de plusieurs reportages sur place réalisés par des journalistes de l’express ce lundi 22 mars, on apprenait que dans plusieurs régions, les autobus, surtout de la catégorie dite ‘individuels’, n’avaient pas répondu à l’appel. Pour donner une idée de la pagaille dans l’organisation du transport, plusieurs autobus sont arrivés en même temps à un collège après les examens alors que le matin, pour se rendre au centre, il n’y avait point d’autobus.
Mardi 23 mars
Au secours, du yoga ?
Xavier-Luc Duval fait face au plus grand défi de toute sa carrière politique et cela a été mis en évidence le mardi 23 mars au Parlement quand il a fonctionné comme leader de l’opposition. C’est aussi la première fois que le leader du PMSD se retrouve comme principal allié du MMM, qui a donné à ce poste une toute autre dimension. En 1993, Navin Ramgoolam occupa le poste de leader de l’Opposition avec moins de députés que le MMM mais il était le leader majoritaire d’une alliance PTr-MMM en gestation et le Premier ministre éventuel. Mais dans le contexte de 2021, le leader du PMSD est loin d’être présenté comme futur Premier ministre dans une alliance PMSD-MMM.
Xavier Duval fait face actuellement à une crise d’attentes insupportable. D’une part, il est soumis à une supervision intense du leader du MMM qui analyse chaque fait et geste de sa part, réunissant les faits sans doute pour un cinglant désaveu au moment opportun.
D’autre part, après que Duval a supplanté Arvin Boolell au poste de leader de l’opposition, tout manquement d’égards de sa part envers les travaillistes contribuerait à priver les bleus d’une fall-back position si jamais ils chercheraient à s’allier de nouveau à Navin Ramgoolam.
Prisonnier dans un sac de nœuds, le leader du PMSD n’a d’autre solution que de pratiquer du yoga et de la méditation transcendantale chaque mardi matin avant de venir au Parlement. Et éviter des palliatifs américains de série X.
Mercredi 24 mars
Le foyer de La Caverne
Le charmant quartier de La Caverne à Vacoas est devenu populaire dans le pays après l’accession d’Anerood Jugnauth au poste de Premier ministre en 1982. Auparavant, le quartier était associé à quelques grandes familles, dont les Gopaul et les Jeerooburkhan. Le plus grand temple sanataniste de toute la région de Vacoas-Phœnix s’y trouvait aussi.
Mais avec Sir Anerood Jugnauth, La Caverne est devenue un label du pouvoir politique. C’est peut-être pour cette raison que l’allié-devenu-ennemi Harish Boodhoo décida d’organiser une manifestation à La Caverne pour exprimer son opposition à Anerood Jugnauth. Et symbole pour symbole, l’homme fort d’alors de Jugnauth, le Dr Dinesh Ramjuttun, monta une petite armée de jeunes de Triolet et vint interdire l’accès même à la Caverne à l’homme de Belle-Terre.
Depuis le mercredi 24 mars, La Caverne est revenue au devant de l’actualité. On a connu une dizaine de cas de personnes infectées au Covid-19 dans le quartier. Et comme Ramjuttun l’avait fait une fois dans les années 1990, le quartier a été fermé par la police pour empêcher toute nouvelle propagation.
Heureusement que sir Anerood n’est plus d’âge pour aller faire son propre achat de légumes, sinon le marchand contaminé de la Caverne aurait porté de graves responsabilités sur ses épaules.
Jeudi 25 mars
Un gandia-wallah élitiste
Il n’est pas donné à tout le monde dans le Nord de porter un double-barrelled family name comme Tameswar Luchmun Roy. Ce qui fait que l’arrestation à Pereybère de Tameswar Lutchmun Roy le jeudi 25 avec une cargaison de gandia valant plus de Rs 19 millions à émergé du lot. Le double-barrelled family name Luchmun Roy compte déjà une députée en la personne de la clinquante Subhasnee Lutchmun Roy.
Le gandia-man ne manque pas d’allures aristocratiques. Il est officiellement cuisinier mais si on ne sait pas où il met en valeur ses qualités de créateur de fins plats, il s’avérerait qu’il roule de la grosse artillerie allemande. Et qu’il est propriétaire de bungalow à la mer et de villa palatiale au village.
Alors que d’autres parviennent à fabriquer bien vite de la drogue synthétique avec un artisanal mélange apparemment dominé par de la mort-aux-rats, Tameswar Lutchmun Roy, lui, s’est armé de sage patience pour se livrer à la culture du gandia. Ce qui demande beaucoup de soins et d’amour pour les plantes. Et du temps avant de toucher des bénéfices. Et certainement moins de revenu que de la drogue synthétique.
Puisque la culture de gandia se faisait à l’intérieur d’un campement, Tameswar Luchmun Roy a investi dans la technologie pour créer un soleil artificiel sous le toit et un système d’aération pour répliquer la nature. Il avait réussi à faire 88 plants atteindre la hauteur de 35 à 50 centimètres.
Rien ne dit que Tameswar Luchmun Roy, âgé de 36 ans, sera nécessairement condamné s’il parvient à dénicher un brillant avocat. Dans un pays civilisé, le jeune cultivateur aurait déjà reçu des propositions de guest lecturer dans la faculté d’agriculture des universités.
Vendredi 26 mars
Explosion dans la cuisine de Jagut…
Avec toutes les mesures prises par les autorités médicales du pays pour éviter toute propagation du Covid-19, ce qui s’est passé le vendredi 26 mars à l’hôpital de Souillac trahit un manque de vigilance criminelle de la part des responsables de cet établissement du Sud. En effet, on a tout d’abord rapporté ce vendredi qu’une infirmière affectée au service des soins destinés à des patients venant faire leur dialyse à l’hôpital de Souillac a été détectée positive au Covid-19. La première question posée : cette infirmière avait-elle oui ou non été vaccinée contre le virus ? De tous les frontliners à être protégés par un vaccin, les infirmières et infirmiers se placent logiquement avant même les médecins car si ces derniers ne passent que quelques minutes avec un patient, les auxiliaires restent beaucoup plus en interaction avec ce dernier, avec même maints contacts physiques.
Plus tard dans la journée, on apprenait que pas moins de 14 membres du personnel de Souillac ont été contaminés. Ce qui indique clairement que l’infirmière n’était pas le seul élément de l’établissement à avoir échappé à l’exercice de vaccination. Quand on pense que Souillac fait partie de la circonscription où le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, se fit élire en tête de liste en 2019, les habitants de la région potentiellement exposés au Covid-19 sont sans doute engagés actuellement dans d’intenses débats politiques sur l’état de santé de la démocratie parlementaire dans le pays.
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