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Dr Satish Boolell: «Une étude de tous les morts s’impose»

1 avril 2021, 16:00

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Dr Satish Boolell: «Une étude de tous les morts s’impose»

Le compteur officiel affichait à hier, 21 heures, 12 décès du Covid-19 depuis mars 2020. Pourtant, en moins d’une semaine, six porteurs du virus sont morts alors qu’ils étaient soignés par les services de santé publique. Les explications du ministre Kailesh Jagutpal et de l’immunologiste Catherine Gaud sur les causes de ces décès ne semblent pas convaincre grand monde. L’ancien médecin légiste en chef de la police exerçant maintenant dans le privé, Satish Boolell, que nous avons sollicité hier, apporte un tout autre regard sur la situation.

Dans quels cas la cause du décès est-elle attribuée au Covid-19 ? 
Celui ou celle qui décède du virus succombe suivant une «acute respiratory distress» et des complications d’une pneumonie virale avec les poumons enflammés et consolidés. Dans d’autres cas, il y a une septicémie généralisée avec une «multisystem failure». La présence de maladies collatérales complique la présentation clinique et accélère le processus vers l’arrêt circulatoire. 

Comment être sûr de la cause si aucun examen post mortem ne peut être effectué sur des porteurs du virus ? 
Une autopsie des antécédents médicaux du défunt s’impose, associée à une revue par les spécialistes appropriés des scanners, IRM et autres radios afin d’établir et de confirmer la cause du décès. Ses bilans sanguins sont également d’un apport pour confirmer le diagnostic. 

Autopsier le corps autrement est un exercice dangereux pour le personnel à tous les niveaux. Sauf force majeure où une négligence est suspectée, on devrait éviter une procédure invasive telle qu’ouvrir le corps. 

Pourquoi cela ? 
J’ai déjà autopsié un corps infecté par le H1N1 et croyez-moi que j’ai eu de la chance de ne pas avoir été infecté par une pneumonie purulente et active. 

Le risque n’était-il pas trop grand à prendre ? 
Le risque est trop grand et personne ne sera là pour vous remercier si un malheur arrive. Dans mon cas, c’est un grand commis du ministère qui avait pris la décision d’avoir une autopsie et quand j’avais refusé, il est passé par le commissaire de police pour m’ordonner de le faire. 

Un médecin légiste peut-il refuser un tel ordre durant une épidémie ou une pandémie ? 
Malheureusement non. De toute façon, l’autorité d’une autopsie repose avec un magistrat. C’est lui qui ordonne après avoir considéré tous les points de vue. 

Même lorsque d’autres causes sont attribuées à des morts de l’hôpital ENT, centre hospitalier dédié au Covid-19, ces personnes sont malgré tout enterrées/ incinérées au cimetière Bigara, le lieu décrété dernière demeure de toute personne qui décède du Covid-19, par les autorités. Une explication ? 
Je n’ai pas les réponses mais si on prend les mesures protectrices, personnellement, je ne trouve aucune objection majeure sauf s’il est question de places, pour aller vers d’autres cimetières. 

Avec vos années d’expérience et de ce que les autorités ont expliqué comme causes des décès à l’hôpital ENT ou en quarantaine, depuis la seconde vague, pensez-vous que le pays a enregistré plus de 12 décès liés au Covid-19 ? 
Disons que je suis perplexe. Ceci dit, il faut apprendre à vivre avec le virus et ne pas devenir paranoïaque non plus. Mais une étude à tête reposée de tous les morts durant la dernière année s’impose. Je n’exclus personne. Je pense à tous les mort dans les maisons de retraite et les dialysés.