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Bébé décapité: «J'ai agi pour sauver la mère… », dit le gynécologue Dassaye
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Bébé décapité: «J'ai agi pour sauver la mère… », dit le gynécologue Dassaye
Comment l’accouchement du bébé de Sweta Seeneevassen et de Vicky (Runjeet) Ram a-t-il pu tourner aussi mal et qu’au lieu d’avoir la joie d’accueillir leur petite fille, c’est son cadavre qu’ils recevront entre les mains ? C’est une question que se posent plusieurs personnes. En attendant les résultats de l’autopsie, le Dr Salickram Dassaye, le gynécologue obstétricien, qui a procédé à l’accouchement de Sweta Seeneevassen, réfute qu’il y ait eu négligence de sa part ou de la part du personnel de l’hôpital du Nord.
Il affirme que l’intervention a été faite selon les règles et il se dit confiant en cas d’enquête. Il affirme que quand il est arrivé au chevet de Sweta Seeneevassen, son bébé était déjà mort et que la tête de l’enfant s’était déjà détachée de son corps. «La maman et le papa étaient déjà au courant de ce que j’allais faire et de la situation. Moi, je n’ai fait que sauver la vie de la mère en enlevant la tête du bébé de son ventre.»
Selon le médecin, qui compte 19 ans de service, lorsque la future maman est arrivée à l’hôpital, le travail avait déjà commencé. «C’est donc pour cela qu’il n’y a pas eu d’échographie. Son col était déjà dilaté à plus de 4 cm, ce qui signifie que l’accouchement avait commencé. Et c’est pour cette raison qu’on l’a emmenée en salle de travail.»
Mais comment se fait-il que la tête se soit détachée du corps ? Le Dr Dassaye explique que tel est le cas parce que le bébé était prématuré. «Son corps était plus petit que sa tête et lorsque le bébé arrivait, le col était fermé sur le cou du bébé. C’est ce qui a provoqué sa décapitation.»
Il affirme que selon les informations qu’il a obtenues, la femme était déjà en train de pousser pour extirper son enfant. Et que lui n’a pu que pratiquer une hystérotomie – incision de l’utérus – pour extraire la partie du fœtus, qui était restée dans le corps de la maman. Il ajoute que d’après le rapport médical de la future maman, il avait été noté que le bébé n’était pas stable et courait le risque d’être mal formé ou d’être mort-né. Il précise que le couple savait pertinemment cela.
Or, selon Vicky Ram, le papa du bébé, lui et sa compagne ont reçu des informations contradictoires. À chaque fois qu’on leur disait que le bébé allait mal lors des précédentes échographies, on leur disait ensuite que la situation s’était améliorée et que leur bébé allait bien. «Au début zot ti dir nou éna problem délo. Apré zot inn dir nou ti korek. Deziem fwa zot ti dir so sex pann formé. Mé apré zot dir linn formé. La get kinn arivé», déclare ce dernier, dévasté.
Nous avons tenté de contacter le médecin traitant de la femme pendant ces sept derniers mois mais en vain. Sollicité, un préposé au ministère de la Santé affirme que depuis hier, cette affaire est suivie de près. Selon les dires de cette source, il y aurait une explication médicale à ce qui s’est passé. Toutefois, en raison du fait qu’il y ait une enquête policière, il se refuse à d’autres commentaires. Il a donné l’assurance que le ministère «collaborera pleinement à l’enquête policière.»
«Soit malformation, soit manipulation du bébé»
Selon un gynécologue-obstétricien que nous avons contacté, au cas où l’accouchement avait déjà commencé lorsque la patiente est arrivée à l’hôpital, il aurait fallu la mener immédiatement au Labor ward. «C’est ce que nous appelons un accouchement précipité.» Il affirme que dans de tels cas, une échographie s’avère dangereuse.
Toutefois, il affirme que si le bébé se présentait par le siège, c’est-à-dire par les pieds, lors des précédentes échographies, on aurait dû le voir. D’ajouter que la patiente est diabétique. «Lorsqu’une patiente est diabétique et que c’est son premier enfant, on pratique généralement une césarienne parce qu’il est prouvé que, dans de tels cas, le bébé est macrosomique, c’est-à-dire, que son poids est au-dessus de la normale.» Notre interlocuteur ajoute que des patientes diabétiques doivent avoir un suivi de grossesse tous les 15 jours. Selon nos recoupements, Sweta Seeneevassen avait rendez-vous à l’hôpital tous les 18 jours, ce qui selon le gynécologue obstétricien, qui tient à son anonymat, n’est pas un problème.
Cependant par rapport à la décapitation de l’enfant, lui et un autre collègue affirment qu’il y a des zones d’ombre à éclaircir à travers l’enquête. «Pour qu’il y ait ce genre d’incident d’accouchement de mortné ou que la tête se détache du corps sans intervention chirurgicale, il faudrait qu’il y ait eu une malformation quelque part ou une manipulation du bébé lorsque sa tête était coincée dans le bassin.»
Ces précédents drames de parents à l’hôpital
Les allégations de négligence médicale dans les hôpitaux ne sont hélas pas nouvelles. Chaque année, des dizaines de plaintes sont enregistrées au niveau du ministère et à la police. Des fois, la Santé affirme que l’affaire est suivie de près et, dans d’autres cas, aucun commentaire n’est fait car il y a une enquête en cours.Puis, rien… Les conclusions sont rarement rendues publiques. Quant aux familles, accablées par la douleur et le sentiment d’injustice, elles parlent à chaque fois de traumatisme. Retour sur quelques-uns des cas de négligence médicale alléguée :
Reema Murreechparsad, une patiente diabétique, devait accoucher en mai 2019. Mais au cours de sa grossesse, son gynécologue devait l’informer que la date a été repoussée, soit en juin. Cependant, la jeune femme commence à ressentir des douleurs avant la nouvelle date. Elle retourne donc à l’hôpital et son gynécologue lui fait une échographie. Le médecin constate alors que le bébé ne bouge pas. Reema Murreechparsad attend plusieurs heures avant de se faire opérer. Elle a hélas perdu son enfant, mort-né après une césarienne dans la nuit du 23 mai. Dans sa demande d’enquête, la maman soutient que c’était au spécialiste de noter qu’il y avait un problème et elle maintient que son accouchement n’aurait pas dû être repoussé.
En décembre de la même année, Anne Lamvohee, une Rodriguaise, vient à Maurice pour accoucher. Après avoir donné naissance à des triplés, elle est renvoyée chez elle. Quelques jours plus tard, se tordant de douleur, elle est à nouveau transportée à l’hôpital et est renvoyée chez elle avec des médicaments. La situation ne s’améliore pas et Anne Lamvohee retourne à l’hôpital une troisième fois. Lorsque les médecins décident finalement de faire une échographie, ils découvrent que des compresses avaient été «oubliées» dans son corps…
Décembre 2018, Tasmira Durbarree se rend à l’hôpital pour son rendez-vous. Après une échographie, la jeune femme est informée qu’il y a un excès d’eau dans son utérus. Et, sans plus de renseignements, elle est autorisée à rentrer chez elle. Deux jours plus tard, pour avoir le cœur net, elle se rend chez un médecin du privé pour une seconde échographie. Son monde s’écroule lorsqu’elle apprend que son bébé est déjà mort. «Si on m’avait admise à l’hôpital et que j’avais eu les soins nécessaires, mon bébé aurait toujours été en vie. Le médecin (NdlR, de l’hôpital) n’avait même pas écouté les battements de cœur de mon bébé…»
En septembre 2017, Anusha, âgée de 26 ans, décède quelques jours après avoir donné naissance. Le rapport d’autopsie avait révélé qu’une artère sectionnée au niveau de l’utérus pendant l’accouchement avait provoqué une accumulation de sang dans l’abdomen. Le mari de la défunte avait affirmé qu’on avait administré par injection des anti- biotiques à son épouse alors que son fichier médical indiquait qu’elle était allergique.
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