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Décryptage: le rapport de l’Audit sera remis au board de la STC que Callichurn ne veut pas suspendre
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Décryptage: le rapport de l’Audit sera remis au board de la STC que Callichurn ne veut pas suspendre
Le milliard dépensé en 2020 par le gouvernement à travers la STC pour l’achat d’équipements sanitaires sous des procédures d’urgence renferme encore beaucoup de secrets. Et cela, en dépit des révélations fracassantes de l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen.
On comptait beaucoup sur le rapport séparé du National Audit Office (NAO) sur la State Trading Corporation (STC) pour en savoir plus sur des magouilles présumées. Lors de la dernière séance du Parlement du 6 avril, Patrick Assirvaden a demandé au ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, si les membres du board de la STC seraient suspendus à la suite de l’enquête de l’Independent Commission against Corruption (ICAC) sur des maldonnes alléguées, qui ont d’ailleurs provoqué la mise à pied du directeur Jonathan Ramasamy. La réponse du ministre :«It is premature for me at this stage to consider the advisability of suspending the board members of the STC.»
Face à cette réponse tout en finesse de l’ex-magistrat qu’a été le ministre, le député rouge a voulu savoir si le rapport de l’Audit serait donc remis à ce même board qui n’a trouvé rien d’anormal dans les pratiques de Jonathan Ramasamy. Réplique un peu plus précise de Callichurn : «I do not have the intention to suspend the Board for the moment.» Lorsque Assirvaden lui demande pourquoi tout le board du CEB a lui été suspendu sur-le-champ dès le démarrage de l’enquête sur l’affaire St-Louis alors que celui de la STC est épargné dans l’enquête sur les achats sous le Covid-19, le ministre Callichurn feint de ne pas saisir la similitude entre ces deux affaires : «I fail to see how this question has a relation to do with the Board of CEB.» Pourtant, le même ministre Callichurn déclarait, le 11 février, que pour mettre de l’ordre à la STC, il n’hésiterait pas à sanctionner le board «kouma nou pa ti esité pou pran sanksion kont board CEB» dans l’affaire St Louis.
Pour sa part, Ramchandra Bheenick, docteur en médecine et président du conseil d’administration de la STC, nous affirme qu’il n’a pas encore reçu le rapport de l’Audit. Selon nos informations, le document devra être soumis au plus tard la fin du mois. Ainsi, le rapport de l’institution indépendante qu’est le NAO serait a priori soumis au même board que le ministre Callichurn ne veut pas suspendre… pour le moment.
Pourquoi cet intérêt pour la state trading ?
<p>Il faut savoir que l’autre rapport du NAO, celui sur tous les ministères, a signalé le refus des ministères du Commerce et de la Santé ainsi que de la police – oui, tous ont eu le même réflexe – de ne pas remettre aux auditeurs les dossiers d’achats sous le Covid et celui sur Safe City respectivement, soit en raison d’une enquête de l’ICAC ou en invoquant la confidentialité. Ce qui a déclenché la colère de beaucoup, y compris l’opposition et des professionnels tels que juristes et experts-comptables. Le débat continue d’ailleurs de déchaîner les passions. Le rapport spécifique du NAO sur la STC devrait contenir beaucoup plus de détails sur ces fameux achats, dont des morceaux choisis ont émergé dans l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen. On a appris par exemple comment Neeteeselect et Bo Digital de l’hôtesse de l’air Neeta Nuckchhed et l’ex-footballeur Deepak Bonomally respectivement ont décroché de gros contrats de la STC à la suite de curieuses et heureuses coïncidences. À moins que le rapport de l’Audit ne nous réserve une autre surprise comme celle des ministères du Commerce et de la Santé ou de la police. Aucun dossier n’a été remis aux auditeurs,<em> «une enquête par l’ICAC étant en cours</em>...» Il faudra alors attendre et se fier à l’enquête judiciaire en cours au tribunal de Moka.</p>
Reprise de l’enquête en juin
<p>Lorsque Me Ravi Rutnah, conseiller légal de la STC, a informé la cour que les documents avaient déjà été remis à la MCIT la veille – encore une (mal) heureuse coïncidence – la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath ne s’en est pas laissé conter. Elle a exigé que des copies soient soumises au tribunal. Contacté, Ravi Rutnah confirme que des copies de ces documents ont bien été remises au Directeur des poursuites publiques (DPP). On apprend, par ailleurs, qu’après le confinement, les audiences de l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen ne reprendront qu’en juin, le représentant du DPP, Me Azam Neerooa, étant pris durant le mois de mai. Peut-être qu’il a déjà le nez dans ces dossiers de la STC ? L’hiver en juin s’annonce chaud pour certains…</p>
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