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Négligence médicale alléguée: au moins 37 cas depuis un an

18 avril 2021, 11:30

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Négligence médicale alléguée: au moins 37 cas depuis un an

Une enquête indépendante du Medical Negligence Standing Committee, chargée de faire la lumière sur la mort de la petite Prishtee Ram, dans la soirée du lundi à mardi, à l’hôpital SSRN, sera présidée par Me Raj Nuckcheddy. Du côté de l’opposition, l’on soutient que des questions seront soulevées au Parlement à ce sujet.

Comment est-elle morte ? N’y avait-il aucun moyen de la sauver ? Y a-t-il eu des failles ? C’est ce que tentera de déterminer ce comité sous la charge de Me Raj Nuckcheddy sous peu. Sollicité, ce dernier indique qu’il ne peut pas se prononcer sur ce cas, pour des raisons d’éthique, mais que son équipe fera un «boulot méticuleux», pour découvrir la vérité.

«Pour cela, plusieurs personnes - médecins, infirmiers, experts, etc. tous seront appelées à donner leur version des événements survenus ce soir-là, avant que l’on se prononce. Jusqu’ici, il s’agit toujours d’allégations….» Depuis l’année dernière, précise-t-il, le comité s’est penché sur pas moins de 37 cas de négligence médicale alléguée. Combien de cas résolus ? Pour combien a-t-on conclu à des «allégations» ? Le nombre de plaignants ayant obtenu réparations ? Les chiffres ne peuvent être divulgués... «Il y a des personnes qui n’étaient pas contentes de nos résultats et qui sont parties en cours de route. Nous ne pouvons pas nous prononcer là-dessus.»

Néanmoins, une question demeure. Y avait-il un moyen de sauver la petite de la mort ? Selon le Dr Farhad Aumeer, obstétricien-gynécologue, il est difficile d’y répondre, n’ayant pas le dossier de la patiente sous la main. Mais il tient quand même à faire ressortir deux points importants. Premièrement, le manque de considération et de compassion, voire d’humanité envers cette maman de 25 ans qui a vécu l’horreur. Mais également, situer les responsabilités et voir si les décisions ont été prises en consultation avec le médecin qui aurait dû être de garde. «Qui a donné les instructions ? Le fait que Sweta Seeneevassen a dû accoucher par voie basse, alors que la dilation du col était à seulement quatre centimètres», interpelle aussi le médecin.

Quid du fait que le médecin de garde n’était pas sur place, selon les témoignages recueillis ? Cela démontre qu’il y a un problème déjà. En 2021, avec le nombre de médecins enregistrés au Medical Council, ce genre de souci n’aurait pas dû exister.

Le gynécologue, qui député de la circonscription no 2 (Port-Louis Sud-Port-Louis Centre), estime d’autre part qu’il faudrait des middle grade doctors de garde en permanence dans quatre départements, notamment, la cardiologie, l’anesthésie, la gynécologie et la pédiatrie.

Le secrétaire et porte-parole du comité Amélioration de la santé, Ramesh Puransingh, rejoint le Dr Aumeer dans ses propos. Il est obligatoire qu’il y ait toujours un médecin de garde... «celui qui sera le decision-maker» sur place en cas d’urgence. Concernant le décès de Prishtee, il faudra venir dire si le personnel avait les compétences requises pour gérer une telle situation et surtout savoir de qui venaient les ordres. «C’est pourquoi nous avons aussi toujours demandé qu’un proche puisse assister aux accouchements. Kumsa kapav koné ki arivé...» Pour notre interlocuteur, il est désormais important que l’enquête se fasse dans la transparence, pour éviter d’autres tragédies.

Nous avons également sollicité une sage-femme pour savoir comment se passe un accouchement en temps normal mais également la nuit. Elle soutient que tout est minutieusement fait sous les ordres du spécialiste, au moment de l’accouchement. «Rien n’est laissé au hasard.» Il est aussi question de préparer la future maman à l’accouchement. Avec l’aide des infirmières. «Chaque maman réagit différemment. On ne sait pas si les sages-femmes ont pu la (NdlR, Sweta Ram) préparer ou si le travail avait déjà débuté. Me tou dimounn ki travay koné ki pa kapav ris enn bébé si so latet pa pe sorti…»

Cependant, elle fait ressortir qu’il faudra prendre toutes les versions avant de condamner le personnel soignant. «Bann mama lamem parfwa pa dan zot leta normal dan sa kalité leprev-là. Il faut comprendre la situation…»