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La semaine décryptée
Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du 12 avril 2021 au vendredi 16 avril 2021.
Lundi 12 avril
Le malheur des dialysés
Depuis plusieurs années à Maurice, des dialysés suivent leur traitement d’après un calendrier hebdomadaire arrêté.Cela s’est passé sans grand problème. Surtout quand on réalise qu’à un certain moment, pas moins qu’un ancien N°2 du gouvernement se joignait aux centaines de Mauriciens qui se font régulièrement dialyser.
A en juger par l’état de santé de, l’ex-N°2 en question, il est clair qu’on reste en pleine forme – même en fighting mood – si on se rend à un établissement médical pour des séances de dialyse hebdomadaires. Des méchants ont souvent fait allusion aux séances de roupillon d’Ivan Collendavelloo. Si seulement tout le monde comprenait les techniques de méditation, on aurait réalisé que le petit Ivan ne faisait pas dodo mais mettait son cerveau en mode transcendantal, balayant ainsi toutes les tracasseries du monde matériel.
On pourrait alors bien comprendre pourquoi Ivan Collendavelloo n’a pas apprécié du tout la façon du ministre de la Santé de gérer le cas des dialysés qui se classent possiblement parmi les plus malheureuses victimes du Covid-19 à Maurice. Les dialysés ont été infectés en grand nombre et on compte plusieurs morts parmi eux. Maintenant qu’il est devenu un n’importe dans la structure du pouvoir après avoir été vice-Premier ministre, Ivan Collendavelloo est-il prêt à signer l’un des coups les plus spectaculaires de la politique ? Time will tell.
Mardi 13 avril
Alan et Mao réunis…
Ce mardi 13 avril, Maurice a reçu 100 000 doses du vaccin chinois Sinopharm. Le pays se retrouve ainsi pris dans l’engrenage du business et des controverses autour des vaccins développés et vendus actuellement dans le contexte de l’épidémie de Covid-19.
La situation de Maurice est peut-être exceptionnelle dans le monde. Nous sommes imbattables dans l’art de jouer au mendiant, dépourvu d’une main ou d’une jambe, qui tend désespérément son bol pour une petite obole auprès des grands de ce monde. Mais en l’espace de quelques secondes, le mendiant se transforme en fin businessman transfrontalier, grand connaisseur des paradis fiscaux et négociant des commissions par centaines de millions de dollars.
Fidèle à notre vocation de paser-diber et avec le bol toujours à portée de main, nous avons délégué pas moins que le ministre des Affaires étrangères en personne pour accueillir à l’aéroport le premier don de vaccins chinois. À propos de générosité chinoise, où est passé le don du milliardaire Jack Ma ?
La présence de Ganoo fut doublement symbolique. Ceux qui connaissent l’histoire politique post-indépendance de Maurice connaissent le passé… maoiste d’Alan Ganoo. En effet, il a commencé sa carrière politique dans le parti du dissident Dev Virahsawmy, lequel parti avait pris le nom de MMM-SP. Le SP voulant dire socialiste-progressiste. Ceci pour se démarquer du MMM officiel devenu bourgeois. D’autres disaient que le SP voulait dire Sans Paul.
Ultra-révolutionnaire, le MMM-SP s’inspirait de la lutte de Mao Zedong en Chine. Voilà donc Mao et Alan réunis par Sinopharm.
Mercredi 14 avril
Personnage symbolique aux Casernes centrales
Maurice étant Maurice, ceux convoqués aux Casernes centrales dans le cadre d’une enquête sont dans la plupart des cas de modestes citoyens. Mais quand une grande personnalité comme Jean-Michel Giraud y est convoquée, cela devient un événement fortement médiatisé. Ce serait comme si un baron britannique, un cousin de la reine Elizabeth, soupçonné d’un délit, est convoqué par Scotland Yard. Et qui plus est, ce cousin de la reine est aussi l’administrateur des courses à Ascot.
On parlait déjà d’arrestation et on pouvait déjà voir des images diffusées par la MBC montrant Giraud assis entre deux policiers en civil sur le siège arrière d’une Toyota Prado. Une toute première expérience d’ailleurs pour le grand patron du Mauritius Turf Club. Conduit devant la Bail and Remand Court, il allait savoir s’il devait passer la nuit dans le confort de sa demeure ou dans une cellule des Line Barracks dévoré par des punaises.
Pas de punaises donc en ce mercredi 14 avril ni le lendemain quand après un nouvel acte de présence aux Casernes centrales, Giraud est autorisé à rentrer chez lui, la police passant la balle au Directeur des poursuites publiques. Finalement on aura assisté au spectacle d’une montagne accouchant d’une souris.
Jeudi 15 avril
Leçons du cas Prishtee Ram ?
Le cas du bébé de Vicky Ranjeet Ram et de Sweta Seeneevassen, mort prématurément dans des circonstances qui font polémique, remet en question la façon dont on gère les services de santé et les difficultés de la bureaucratie à comprendre quelques éléments sociologiques sur la façon de vivre des Mauriciens.
Maurice offre des soins de santé gratuits mais un problème fondamental reste la précarité de communication entre professionnels et patients. C’est un fait connu qu’un médecin passe le moins de temps possible à ausculter un patient. Évidemment pas d’échanges de potins sur Manchester United mais rare est-il le médecin qui prend son temps pour expliquer au patient la nature réelle de son problème et quel genre de traitement on lui propose. Après l’exercice sommaire de tire-la-langue et du stéthoscope, on griffonne l’ordonnance.
Dans le cas de Sweta Seeneevassen, quelqu’un aurait dû lui expliquer quelle était sa vulnérabilité pendant sa grossesse comme diabétique. Clairement, quand elle s’est rendue à l’hôpital pour un accouchement prématuré, la communication a été vraiment défectueuse.
D’autre part, puisque l’enfant mort ne présentait aucun danger de contamination comme le Covid-19, pourquoi avait-on refusé à la maman de get figir son bébé avant qu’on ne parte l’inhumer ? Dans certains milieux, get figir s’avère être un geste fondamental avant les funérailles. Il a fallu l’énergique intervention du député Eshan Juman pour qu’on laisse la malheureuse maman prendre part à ce rituel très répandu dans la société mauricienne.
Si on emploie des milliers de personnes dans le service de santé publique, n’est-il pas possible de déployer une douzaine de psychologues qui pourraient intervenir et soutenir des personnes subitement traumatisées comme Sweta Seeneevassen ?
Vendredi 16 avril
Inondations en série mais pas de solution en vue
Depuis des décennies, le Sud-Est du pays est sérieusement touché à chaque fois qu’il pleut copieusement. Les années se suivent et se ressemblent mais on voit venir aucune solution radicale.
Scènes de désolation inévitables dans les villages du sud est, Petit-Bel-Air, Ferney, Bambous-Virieux, Bois-des-Amourettes, Rivière-des-Créoles. Grand-Sable, Petit-Sable, Deux-Frères, Quatre-Soeurs ; les villages avoisinants, sont tout aussi affectés.
Il est vrai que les caractéristiques topographiques de cette région du pays sont totalement différentes des autres zones côtières. Pourtant, dans différentes régions du monde, les gens ont appris à vivre avec la nature, comprendre ses caprices et prendre les décisions de constructions d’infrastructures qui s’imposent.
Il n’est pas nécessaire pour le décideur politique mauricien de se rendre à San Francisco, sur la côte Ouest des États-Unis, pour comprendre comment vivre sur des terrains escarpés avec des montagnes et des rivières dominant le paysage. Il suffit de visiter la Réunion pour constater de visu comment on a construit des infrastructures appropriées pour qu’on ne crie pas à la catastrophe à chaque bourrasque.
Pourquoi ne cherche-t-on pas l’expertise d’étrangers pour trouver des solutions aux problèmes des villages du Sud-Est ? Mais s’il vous plait, surtout pas un Daniel Raymond expert-ès-inondations.
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