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Chaîne de contamination à l'hôpital de Souillac: «J’enrage !»

18 avril 2021, 20:40

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Chaîne de contamination à l'hôpital de Souillac: «J’enrage !»

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les employés de l’hôpital de Souillac ne sont pas contents. Ils ont bon dos, disent-ils, alors que les autorités veulent, selon eux, «blâmer» l’infirmière qui aurait contracté le virus en premier. Cela stigmatise non seulement cette employée mais tout le corps médical de l’établissement. Alors que les autorités devraient s’atteler surtout à situer les vraies responsabilités.

OUT OF NOWHERE…

Neuf patients dialysés ont succombé dont au moins sept directement du Covid-19 à l’hôpital de Souillac... Et l’on parle de la contamination du personnel de l’hôpital de Rose Belle à partir de celui de Souillac. Ce serait probablement le même virus qui se balade dans tout le pays. La question qui se pose dès lors : «Comment cette infirmière aurait-elle été infectée ? From nowhere ?»

Chacun y va de sa réponse. «À cause d’un charge nurse négligent et proche de l’administration et des politiciens, c’est l’infirmière postée au centre de dialyse qui est montrée du doigt», balance une infirmière outrée. Cela arrange tout le monde de tout mettre sur le dos de cette infirmière, ajoute-t-elle, avant de marteler : «Comment cette infirmière a-t-elle été infectée ? Le virus n’est pas tombé du ciel, non ?» Un autre employé s’indigne : «J’enrage quand j’entends le ministre Kailesh Jagutpal dire à la télévision que tout a commencé avec l’infirmière S. Alors que tout le monde sauf Jagutpal sait que cette pauvre femme n’a été qu’un maillon dans la chaîne de transmission du virus.»

VIRUS POUR DIALYSÉS ?

Ces employés qui étaient en quarantaine ont senti le vent du boulet. Ils sont encore traumatisés, la peur se lit sur leur visage, s’entend dans leur voix. «Pour le moment, nous sommes négatifs. Nous avons vécu le cauchemar et un grand stress avant le deuxième test qui s’est révélé négatif», relate une infirmière. Mais ses pensées émues vont surtout aux patients dialysés. «Ces pauvres malades fragiles qui venaient faire leur traitement à l’hôpital y ont attrapé ce virus.» Ce n’est pas fini, nous ditelle, rouge de colère, verte de rage. «On les a placés dans un centre de quarantaine alors que normalement, ces malades restaient avec leur famille et ne passaient que trois à quatre heures par jour à l’hôpital pour leur séance de dialyse. Isolés de leurs proches, leurs habitudes chamboulées, ces personnes déjà fragiles physiquement et psychologiquement sont devenus encore plus vulnérables.»

KISANLA KI’NN FOTÉ ?

Elle nous rappelle aussi les conditions dans lesquelles ces malades ont été transportés quotidiennement de l’hôtel Tamassa à l’hôpital pour leur séance de dialyse. «Et les repas ! Il a fallu qu’un ex-ministre intervienne pour que l’on ne donne plus de mine frite avec plein de sauce de soja à ces patients. Ne savait-on pas ce qu’il faut donner à manger aux dialysés ? À qui la faute pour tous ces dysfonctionnements ? À moi l’infirmière ?» Notre interlocutrice souligne qu’elle a le cœur qui saigne, car elle s’était liée d’amitié avec eux et a assisté, impuissante, à ce malheur. «Les voir partir ainsi, un à un...» Elle est indignée, dit-elle, quand le ministre Jagutpal et la Dr Gaud «vinn donn leson lor television pou dir kouma bizin pran prekosion alor ki zot mem inn fane…» Difficile de l’arrêter tant elle est remontée. «Tous les jours, c’est le même refrain. C’est peut-être une technique de communication pour rejeter la faute sur les autres.»

Cette infirmière et ses collègues ne veulent pas jeter le blâme sur le charge nurse négligent. Cependant, dit-elle, «à cause de lui, tout le personnel et les patients ont dû et doivent subir tout ça. Est-ce parce que l’administration a toléré l’indiscipline de ce charge nurse que l’infirmière doit porter le chapeau ? Est-ce parce que ce dernier est proche d’un politicien ? Ou est-ce parce qu’une véritable enquête mettrait au jour toute cette désorganisation ?» Pour rappel, le personnel de cet hôpital a déjà rapporté ces faits : le charge nurse en question surveillait. avec le médecin et l’infirmier, chargé à l’origine, de surveiller le patient Reesaul, testé positif et qui devait rendre l’âme en janvier. Ces trois membres du personnel soignant ont été testés positifs par la suite. Cependant, le charge nurse aurait, selon plusieurs témoins, enfreint le protocole sanitaire en quittant la salle où se trouvait le patient pour aller se balader dans tout l’hôpital et même en dehors du bâtiment. On le soupçonne fortement d’avoir véhiculé par négligence le virus du pré- sumé patient zéro à d’autres.

REPRISE CONTESTÉE

Ils sont remontés contre les directives du ministère. Après avoir été en contact avec des patients positifs à l’hôpital de Souillac pendant 21 jours, des infirmiers des hôpitaux Victoria et Jeetoo devront reprendre du service demain, lundi. «Nou sipoze fer minimum set zour quarantaine avan. La nou pe met à risk nou fami ek bann pasian ek nou bann koleg bann lopital kot nou pou al travay lindi-la.»